303

Messages : 68 Date d'inscription : 07/02/2012

La caméra s'allume sur une salle noire. Un tabouret est au centre, éclairé. 303 est assis sur ce dernier. Il porte une longue veste noire qui lui tombe jusqu'aux genoux, un bermuda aux motifs écossais rouge et noir ainsi qu'un chandail noir. Oui, ce type n’a aucun goût. Il garde la tête baissé, perdu dans ses pensées.

La porte s’ouvre sur un Phil Salfino jubilant devant son premier lutteur à interviewer.

Phil Salfino : Eh bien. Autant se faire d’abord la main avec un nobody. Alors Monsieur (regarde sa fiche) 303.

303 lève la tête. A travers son masque blanc, ses yeux posent un regard plein d’interrogations.

Phil Salfino : Alors vous débutez dans la lutte. Malgré que vous n’ayez aucune référence d’une quelconque école de renom, on vous a tout de suite embauché après les tests. Vous leur avez vraiment tapé dans l’œil. Alors, qu’est-ce qui vous amène à la lutte et particulièrement à la SOW.

303 : La vérité. Et s’il y a bien un endroit où on peut trouver des gens qui ont des réponses à imposer aux autres, c’est bien la lutte. Comme la WWA ferme ses portes, il n’y a plus beaucoup de possibilités d’importance. La FGB attire les romantiques alors que la SOW va attirer les types les plus arrogants, égocentriques et pétris d’importance du pays. J’espère obtenir des réponses, par la force s’il le faut. Et comme il le faudra…

Phil Salfino : Oh ! Vraiment ? Je suppose que votre identité, ce surnom ridicule, 303, a un lien avec votre quête.

303 : Nous sommes tous des numéros. Celui-ci en vaut bien un autre.

Phil Salfino : Moi je ne suis pas un numéro. C’est vrai que je ne me suis pas présenté mais vous m’avez bien sûr reconnu. Enfin je suppose, à moins de venir depuis la plus lointaine cambrousse.

303 : …

Phil Salfino : (vexé) Enfin… Phil Salfino, l’interviewer n° 1 de la SOW !

303 : vous êtes le numéro 1 ?

Phil Salfino : Je ne suis pas un numéro !

303 : Dans la société, nous sommes tous des numéros. Personne n’y échappe. Vous avez bien un numéro de sécurité sociale ou un numéro de permis de conduire ?

Phil Salfino : Vous n’avez pas compris le principe. C’est moi qui pose les questions.

303 : Vous êtes le numéro 6 ?

Phil Salfino : Nooooonnnn ! Je ne suis pas un numéro !!! Je suis un homme libre !

La caméra fade out sur la première interview éprouvante pour les nerfs de Salfino.

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Après avoir interviewé Angie, Eve Jennsen se met en quête du future adversaire de la belle, l’étrange 303. Elle le trouve enfin, longeant les murs en coulisses, regardant souvent derrière lui, l’air fébrile et inquiet. Eve soupire, pressentant que cela va être moins plaisant que d’interroger Angie. Elle le salue en lui serrant rapidement et mollement la main.

Eve : Avant de commencer l’interview proprement dite, je souhaite mettre les choses au point. Il n’est pas question que vous jouiez le même petit jeu psychologique avec moi qu’avec Phil Salfino. Je ne me laisserai pas prendre !

303 : Vous avez rencontré Angie et vous l’appréciez. Inconsciemment vous me détestez déjà avant même de m’avoir parlé. Sur de telles bases agressives, l’interview ne peut que mal se passer ou transmettre un malaise. Il en découle que je vais être mal perçu du public. Est-ce la perception des autres qui nous façonnent ? Suis-je appelé à devenir ce que vous appelez un heel juste parce que vous m’abordez de manière négative ? Oui, vraiment, l’enfer c’est les autres. Espérons qu’il n’en découle pas des actes terribles de ma part dans l’avenir, parce qu’alors, vous saurez que vous en portez une lourde responsabilité.

Eve reste un long moment sans voix, complètement déstabilisée.

303 : Eh bien. Je crois que je dois prendre les devants. Je ne vous parlerai pas de mon enfance, de ma famille, de ma couleur ou de mon animal préféré, ni de mes goûts en matière de décoration intérieur. Je vais vous parlez du plus important : Angie.

Eve (d’une voix acide) : Parce que ce sont les hommes qui en parlent le mieux, j’imagine.

303 (imperturbable) : J’ai tout de suite été attiré par son aura de lumière. Je veux être son ami.

Eve fait une moue dégoûtée.

303 : Ne vous méprenez pas sur mes intentions. Il ne s’agit pas de séduction. Il s’agit de pureté, de plénitude, de sérénité. Je suis constamment d’humeur sombre, tant de questions se bousculent dans ma tête. C’est le chaos. Je suis mal dans ma peau. Elle c’est tout le contraire.
Je suis sûr que l’on peut s’aider mutuellement.

Eve : Qu’est-ce qui vous fait croire qu’elle a besoin de vous ? Si vous êtes son contraire, vous êtes son ennemi : un démon !

303 : Nous sommes en train de parler d’une jeune femme qui est pleine d’entrain pour aller latter des gens sur le ring. Alors est-ce vraiment une question de bien et de mal ?
Vous savez les contraires s’attirent car ils sont complémentaires. Ces semblables ne peuvent rien lui apporter qu’elle ne connait déjà.

Eve : Que pouvez-vous lui apporter ?

303 : Cela ne vous saute pas aux yeux ? Une vie normale entourée d’une famille aimante. Une grande réussite dans tout ce qu’elle entreprend. Une sportive, une gagnante. Toujours entourée, des meilleurs comme son entraineur. Bref tout lui a toujours réussi dans la vie.

Cela donne une jeune femme bien dans sa peau. Qui se connait. Qui sait ce qu’elle veut. Qui a une confiance en soi énorme.

Je l’envie Angie. Je la jalouse même. Je n’ai rien de tout ça. Que des questions qui restent sans réponses.

Elle a connu jusqu'ici une vie vierge de toutes taches, à l’instar de son lieu de vie. Visiblement, elle n’a jamais connu aucune déception, aucun revers, aucun échec qui lui permettrait de vraiment se jauger.

Elle est dans l’action, pas dans la réflexion. Elle ne se pose aucune question.
Et si tout ce en quoi elle croit était factice ?

Que se passerait-il si elle connaissait pour la première fois l’échec ? Si ces désirs, auxquels il a toujours été répondu, sont contrariés ?
Que ferait-elle en cas d’une véritable et terrible défaite ? Que deviendrais toutes ces certitudes amassées au fil du temps à défaut d’avoir affronté de vrais problèmes ?

Serait-elle toujours la même, révèlerait-elle une autre personnalité, la vraie Angie ?

Soudain, un petit garçon fait irruption en courant et vient se réfugier derrière 303.

Le petit garçon : Monsieur, s’il vous plait aidez-moi, le monsieur là il veut m’attraper !

L’agent de la sécurité Stenson s’approche et soupire.

L’agent : Ah non ! On va encore m’accuser de délit de sale gueule.

303 : Sale gueule ? Mais il est mignon ce petit.

Le petit garçon : je te connais, tu es 303. Le fantastique luchador !

303 (le fusille du regard) : C’est ce que l’on croit à première vue, à cause du masque. Mais ceux qui me connaissent vraiment savent que je ne suis pas un luchador.

L’agent : Ça va j’ai compris. Fais signer tes autographes, petit. Et ensuite, je te raccompagne dehors.

303 : Un instant…

303 se baisse vers le petit garçon et lui fouille les poches, retirant une grosse liasse de billets.

303 : Est-ce que tu ne serais pas allé fouiner dans certains bureaux interdits au public… Je ne vous félicite pas Agent Stenson. Vous devez être plus vigilant et ne pas vous fier aux visages angéliques.

L’agent Stenson, le visage rouge, embarque le petit.

303 (se tournant vers Eve) : Où en étions-nous ? Ah oui on parlait de ce qui est apparent et… de la vérité qui se cache derrière la façade. Je voudrais profiter de la présence de la caméra pour adresser un message à Angie.

Angie, je ne suis pas ton ennemi, je te propose même mon amitié.

A l’aube de ta carrière de lutteuse, je t’offre une véritable opportunité.
Je te promets une lutte âpre et sans merci !
Ainsi, tu sauras d’entrée de jeu si tu as vraiment fait le bon choix en choisissant cette carrière. Il vaut mieux le savoir dès le début tu ne crois pas ?

Et surtout, en te poussant dans tes ultimes retranchements, je vais te permettre de mieux te connaître, savoir ce que tu as vraiment dans tes tripes et dans ton cœur… véritablement… au-delà des mots.

Je suis là pour t’aider à répondre à toutes ces questions.
Pour cela, c’est simple, il suffit de perdre.
Je sais, ce n’est pas facile, mais ne t’en fais pas ! Je t’y aiderai du mieux que je peux.
Après tout, tu l’as dit toi-même, peu importe le vainqueur, l’important est de se faire plaisir.
Et je peux te le dire, il n’y a pas plus plaisant que de savoir qui on est réellement.
Bien sûr cette quête demande des sacrifices, il faudra pousser tes retranchements loin, très loin. Mais après tout, la vérité n'a pas de prix, n'est-ce pas?

L’interview se termine ainsi, laissant Eve blanche comme un linge.

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La caméra cadre 303 et Eve, à l’étroit dans une petite pièce dont les murs semblent faits d’une matière composées de polymères. Seule une petite ouverture permet d’éclairer la scène. A l’extérieur, on peut entendre des clameurs d’enfants.

303 : Un petit match et puis s’en va. J’ai offert mon aide à Angie : du sang et des larmes pour aller au bout d’elle-même. Et elle n’y a pas répondu. Mais c’est tellement plus confortable de fermer les yeux et de s’interdire de penser. Et je constate que les officiels s’évertuent à nous séparer dans le cadre du tournoi.

Eve : Vous leur avez fait peur, je crois. Oubliez-là ! D’ailleurs, j’espère que vous ne m’avez pas invitée dans cet endroit inattendu, si confiné, qui oblige nos corps à se toucher, pour parler d’Angie…

303 : Effectivement. Savez-vous pourquoi je vous ai amené ici ?

Eve : Eh bien… Heureusement qu’il fait suffisamment sombre ici pour ne pas me voir rougir. Je devine que vous voulez rattraper votre comportement de goujat.

303 : Pour parler de The N.

Eve : Hein ?! The N. ? Mais qu’est-ce qu’il à avoir avec nous ? Il va venir ici ?

303 : Vous vous méprenez Eve, je n’ai pas invité The N. à un gang bang. Quoique cela lui aurait bien plu. Vous me confondez avec ces arrivistes d’Energyzer et Pudhas qui font ce qu’il faut pour obtenir les nombreuses interviews les présentant sous un beau jour.

Eve : Ce ne sont pas des arrivistes ! Ce sont de gentils garçons.

303 : Bien sûr, et c’est parce qu’ils sont bien gentils qu’ils viennent ici pour tabasser des gars et même des filles sur le ring. Vu comme ils vous tournent autour, ils sont fameusement en manque d’affection. Il est effectivement connu que la libido est plus importante en cas de dopage par apport de testostérone. Comme quoi le Hardcore et le Wildside, c’est la même chose en terme d’hypocrisie.

Eve sort furieuse de la petite pièce, suivi de 303. La caméra dézoome et révèle qu’ils viennent de sortir d’une maisonnette en plastique, situé au milieu d’un jardin d’enfant.

Eve (d’un ton furieux) : Bon et il est où le rapport entre un jardin d’enfant et The N. ?

303 : On veut m’opposer à mon contraire Eve, à un quelqu’un qui ne se pose aucune question. Il ne peut rien me révéler et je ne peux rien lui apporter. Contrairement à Angie, il n’y a aucune personnalité à découvrir avec ses faces cachées et ses blessures inavouées. Parce que ce n’est pas un homme, mais un phallus monolithique qui pulse...

Eve : Mais arrêtez de dire des horreurs !

303 : Allons, vous n’allez pas me dire que la SOW est PG avec toutes les créatures de la nuit qui la hante. The N n’est mû que par l’envie de titres, de toujours plus de pouvoir ! Et sans aucun interdit. La réalité ne se résume qu’à lui. Dans sa tête, il a toujours 3 ans comme les enfants qui sont ici.

Le regard de 303 est attiré par une dispute entre deux enfants. Un gamin costaud pour son âge s’en prend violemment à une fillette pour lui prendre la voiture rose qu’elle sert contre elle. Il a déjà réuni une belle collection de voiture mais il lui manque encore celle-là. 303 se dirige vers les enfants mais Eve l’intercepte.

Eve : Hé vous n’allez pas vous en prendre à un gamin de 3 ans quand même !

303 : Que proposez-vous ? Regarder sans rien faire ?

Eve se dirige vers les enfants, se place près du gamin et lui parle doucereusement.

Eve : Allons mon petit ! Tu as déjà une dizaine de voitures, tu peux bien lui en laisser au moins une quand même. Allons sois gentil.

Le sale gosse n’en a cure et tord un bras de la fillette qui crie.

Eve : Attends ! Regarde ! Je te propose un marché, je t’offre ces deux bonbons et en échange tu lui laisses la voiture.

Le gamin pousse un grognement, lâche la fillette, prend prestement les bonbons et les fourrent illico dans la bouche, manquant de s’étouffer avec.
Eve se tourne vers 303 triomphante.

Eve : Vous voyez ! La violence ne résout pas tout.

Mais le gamin s’en prend à nouveau à la fillette.

Eve : Hé là ! Attention ! Si tu continues, je vais te punir. Mais arrête… tu… tu vas avoir une fessée. Tu écoutes ce que je dis ?!

Mais c’est plutôt la fillette qui trinque. Eve saisi le gamin par les épaules, il se débat. Elle doit user de toute sa force pour l’immobiliser.

303 : Et après, qu’allez-vous faire ? Vous allez bien devoir finir par le lâcher. Voilà résumé toute la problématique de l’incarcération des individus nuisibles.

Eve le relâche et le gamin repart donner un coup de poing à la fillette. Eve le gifle violemment. Il recule, interloqué, prend peur, s’écarte et va pleurer dans son coin. Eve est choquée par son geste.

303 : L’éducation commence par là. Il faut asseoir son autorité par la violence physique et amener l’enfant à écouter et intégrer les valeurs que l’on veut lui inculquer. Finalement, je peux apporter quelque chose à The N. Mais comme il grand et costaud, il faudra que je frappe fort, durement et très longtemps. Il lui faudra une bonne dose d’éducation pour l’amener à comprendre que tout ne tourne pas autour de lui et certainement pas à la SOW. Et pour sa punition, à Showdown, je vais le priver de ceinture intercontinentale !

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Livia se prépare mentalement à frapper la porte du Locker Room de 303 lorsque celle-ci s’ouvre brusquement.

303 : Gagnons du temps. Vous êtes ici car les deux autres interviewers ne veulent plus avoir à faire avec moi. Et vous alliez encore attendre quelques minutes avant de vous décider.

Livia : Je les comprends. C’est énervant de faire face à quelqu’un qui fait les questions et les réponses.

303 : Venez la journée va être longue.

L’équipe de Livia et 303 embarquent dans une camionnette qui les emmène dans une zone d’entreposage. 303 sort et discute avec quelques personnes qui désignent un camion.

Livia : Qu’est-ce qui se passe ?

303 : Nous sommes chez Random Food, un géant de l’agro-alimentaire. Chaque semaine, ils jettent une grande quantité de nourritures proches de la date de péremption. Ils pourraient les distribuer aux plus nécessiteux, mais ils estiment que cela pourrait nuire à leurs bénéfices, en partant dans des circuits parallèle qui feraient casser les prix. Ah que je hais ces types en costumes et en cols blancs. Je les ai menacés de venir avec une équipe de télévision s’il ne me procurait pas un camion rempli de nourriture. Ils vont nous suivre.

Livia : Mon équipe vous a donc servi de rabatteur.

303 : Pour la bonne cause Livia. J’aurai pu obtenir plus, mais on ne sait pas traiter plus de de nourritures.

Livia : C’est qui « On » ?

303 monte dans le camion à côté du chauffeur. L’équipe de Livia les suit. Ils s’arrêtent devant un grand bâtiment défraichi et un peu délabré.

303 : Voici le cœur de notre association « Le grand restaurant ». C’est ici que l’on prépare les repas et les colis alimentaires pour les nécessiteux. J’ai parfois l’impression que dans nos belles démocraties, ce ne sont malheureusement que de petites initiatives comme les nôtres qui peuvent rendre le monde un peu meilleur.

303 emmène l’équipe en cuisine. Il enfile un tablier, met en route une radio qui crachote des messages et commence à peler les patates.

303 : Aujourd’hui je m’occupe de la soupe. Notre soupe est consistante : viande, légumes, pommes de terre. Selon ce que l’on a. Cela doit tenir au corps pour la journée. D’autres fois, je participe à la distribution en rue ou je prépare le repas du soir. Ce n’est pas énorme. Il y a tant d’autres choses à faire pour les plus démunis en matière de logement de soins de santé, d’habillement.

Livia : Eh bien. Je ne m’attendais pas à ça. Je voyais en vous un homme torturé qui se regarde le nombril dans sa chambre. Mais qu’est-ce que c’est que cette radio ?

303 : Une CB pour écouter les messages de la police. On ne sait jamais. Les forces de l’ordre ne sont pas suffisantes pour intervenir rapidement partout. Ah mais…. Justement… écoutez… cela ne se passe pas loin d’ici.

303 laisse tomber son tablier et ses topinambours, sort rapidement et court à travers les ruelles. L’équipe de tournage a de la peine à le suivre. L’image est saccadée. Lorsqu’ils arrivent dans une impasse, 303 est déjà rentré en action. Il s’en prend d’abord à deux hommes par surprise, ensuite à deux autres qui s’efforcent de remonter leur pantalon abaissé sur leurs chevilles. Mauvais réflexe, 303 les allonge. Une adolescente est étendue à même le sol, jupe troussée. Il essaye de la rassurer, elle se recroqueville sur elle-même. Des sirènes se font entendre.

303 : Il vaut mieux laisser des professionnels prendre le relai.

Livia : Vous avez fait une bonne action 303.

303 : Pas assez. Je ne peux rien faire pour le traumatisme qu’elle a subi. Je ne sais faire que jouer avec mes poings. Mais pas atténuer sa douleur, l’aider à revivre, à surmonter la culpabilité, la honte, le mépris, le désespoir.

Livia : Il faudra du temps 303.

303 : A propos de temps. J’ai un rendez-vous. Venez, ce n’est pas loin d’ici.

Alors que les secours et les services de sécurité arrivent sur place. L’équipe de Livia suit 303 jusqu’à un home pour personnes âgées. Ils accompagnent 303 jusqu’à la chambre de Rosie, une dame de 87 ans. Là ils prennent un café. 303 s’entretient avec la dame. Celle-ci vit dans le passé et l’équipe de Livia finit par en avoir marre d’entendre au bout d’une heure raconter pour la quatrième fois la même histoire. Tout du long, 303 est resté calme, attentif, à l’écoute. Ils finissent à ressortir au grand plaisir de l’équipe.

Livia : Je suppose que nous venons de faire connaissance avec votre maman. C’est triste Alzheimer, elle avait l’air de ne pas vous reconnaître.

303 : Pas du tout Livia. Je n’ai aucun souvenir de mes parents. J’essaie de rendre visiter fréquemment aux personnes âgées seules qui ne sont plus visitées par leur famille. La solitude est un des maux les plus terribles de notre société de consommation. Mais on n’en parle jamais.

303 les entraîne ensuite vers un temple bouddhiste tibétain où ils font la connaissance du lama qui initie 303 à la spiritualité. Le groupe se retrouve en position de lotus à méditer, hormis le caméraman qui filme la scène. Ensuite, 303 invite Livia à faire une ballade dans la nature à l’extérieur du temple.

Livia : C’est ici que vous venez vous ressourcer ?

303 : Je cherche l’éveil intérieur. Savoir quel est ma place dans l’univers tout en respectant celle des autres. C’est une voie qui vise à libérer les êtres sensibles de la souffrance et à les conduire à la plus haute perfection de l’esprit.

Livia : Est-ce compatible avec la SOW ?

303 : Je ne suis pas parfait Livia. J’éprouve du plaisir à combattre durement les hommes emplis de noirceurs. Par contre, face aux adversaires respectables, la lutte redevient un sport sain.

Soudain il bloque le caméraman.

303 : Attention où vous marchez !

Le cameraman regarde au sol et ne voit rien.

303 : Vous avez failli écraser cette fourmi !

Livia : 303, cette journée a été pleine d’enseignements. Même Mask Marvel va paraître être un médiocre héros en comparaison de vous. Dire que mes collègues vous ont décrit comme un manipulateur. Moi je vois un homme sain avec ses jardins secrets.

303 : Personne ne sait qui je suis vraiment. J’ai hésité à montrer ces facettes de ma vie. Je ne crois pas être bien compris des autres lutteurs frustes qui n’éprouvent pas de compassion pour les autres. Mon prochain adversaire risque de n’avoir que du mépris pour moi en me prenant pour un faible.

Livia (sortant son smartphone) : Le nom de votre prochain adversaire vient juste de tomber. A injection, vous allez affronter The crow !

303 : The crow ? Je ne le connais pas bien.

Livia : C’est ce lutteur qui n’est motivé que par la vengeance, la lutte contre l’injustice et les méchancetés. C’est dans ces cas-là qu’il se montre particulièrement dangereux.

Soudain, un éclair passe dans les yeux de Livia qui fusillent désormais 303 avec colère.

Livia : Vous étiez informé du nom de votre prochain adversaire en avance !

303 : Mais qu’est-ce qui vous fait croire ça ?

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Phil Salfino repère 303 en coulisse et le rejoint avec un sourire de requin.

303 : Hello numéro 6. Qu’est-ce qui se passe ? Vous ne m’évite plus ?

Phil Salfino : Je viens recueillir vos impressions avant votre défaite à No Survivor.

303 : Ma défaite ? Vous n’êtes pas censé être neutre ?

Phil Salfino : Tous les connaisseurs savent que Charlie Green va l’emporter. La SOW croit en lui. Pour ne pas trop vite brûler les étapes, l’opposer à deux clowns est une bonne idée.

303 : Tout peut arriver dans un triple threat.

Phil Salfino : Cela permet de garder un suspens pour le spectateur lambda. Mais soyons sérieux tout de même : 325 lbs et 7'2. Tout est dit.

303 : Il manque la taille de son stick sur sa fiche. Et si The crow devient mon allié objectif et que l’on s’en prend d’abord à lui ?

Phil Salfino : Vous n’êtes rien pour lui. En prison, il a appris la vie à la dure!

303 (souffle sur ses ongles) : Bof, je n’ai pas eu besoin d’apprendre la vie. C’était inné chez moi.

Phil Salfino : Il a appris avec les plus grands de ce monde.

303 : Quoi ?! il y a des gars plus grands que lui ?

Phil Salfino : il a appris le Jiu Jitsu Brésilien notamment, il a intégré des aspects MMA dans sa lutte. Il a appris tous les styles d’arts martiaux en fait.

303 : Et le yoga, il connaît ?

Phil Salfino : Riez donc. Qu’est-ce que vous savez faire vous ?

303 : J’ai des vieilles K7 d’aérobic et puis j’ai ma wii motion plus. Je fais le programme de fitness avec la balance board ! Je parie qu’il n’a pas ça Charlie Green ! Je ne manque pas une émission Dance with the stars. Grâce à ça j’ai le rythme, la souplesse, la coordination.
Je connais toutes les techniques de danse, valse, tango, claquettes… J’ai appris avec les meilleurs professeurs et je sais innover avec des danses en free style.

Phil Salfino : C’est un vrai lutteur extrême lui ! Au Japon, on l’appelait « The King Of Extreme »

303 : C’est vrai que moi, on ne m’appelle pas du japon. A cause du prix des communications longue distance.

Phil Salfino : Il est capable de faire un Corkscrew 450° Splash à partir de la 3ième corde !

303 : Pratique en société quand il y en a beaucoup à ouvrir. Sauf le splash sur les bouteilles.
Et pour les bières, il est capable de faire un bottle-opener 450° splash ?

Phil Salfino : Sa spécialité sont les gimmicks matchs de toutes sortes.

303 : Pas de bol pour lui alors. C’est un match sans stipulation particulière.

Phil Salfino : Sa spécialité, c’est de savoir TOUT faire.

303 : Bref il n’a pas de spécialité. Mais dites donc c’est superman sans la kryptonite.

Phil Salfino : Certains le surnomment déjà Terminator

303 : c’est un peu exagéré comme comparaison, Schwarzenegger avait l’air un peu humain lui.

Phil Salfino : Et au Mexique, on l’a surnommé « El Rey De Extreme » !

303 : C’est dingue cette manie de lui donner tous ces surnoms. C’est si difficile à retenir Charlie Green ?

Phil Salfino : Vous ne comprenez pas 303. Charlie Green est une machine à lutter. Il est Extrêmement bon, Extrêmement difficile à combattre, Extrêmement difficile à soumettre et Extrêmement grand champion.

303 : Bref c’est un extrémiste. Vous savez je ne prétend pas être un EX-truc, je veux juste être un lutteur actuel.

Phil Salfino : Vous êtes risibles 303. Songez que même les vampires ne lui font pas peur.

303 : et les araignées ?

Phil Salfino : Mais sa plus grande qualité…

303 : …c’est son côté humble. N’oublions pas qu’il est « la personne désigné pour gagner tous les titres ici » !

Phil Salfino : Malgré tous ses accomplissements, il sait qu’il faut commencer dans le bas de l’échelle.

303 : Il a besoin d’une échelle pour monter sur le ring ? Non mais ce gars avec tout ce qu’il a vécu, son expérience riche. Je m’attends à ce qu’il nous gratifie dans le futur d’autres réflexions très avisées tels que « l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt », « quand on veut on peut », « il faut rester soi-même », Tout peut encore changer!", « "trop de quelque chose tue le quelque chose". Je suis admiratif devant tant de sagesse.

Phil Salfino : Ne raillez pas sa formidable expérience. Avant de venir ici, il a fait le tour du monde !

303 : Oh c’est con ! Il n’avait pas le plan d’accès à l’aréna ?

Phil Salfino : Non mais vous ne comprenez rien. Il a gagné plein de titres dans des fédérations partout dans le monde, dans des pays comme le Mexique, la France, l’Italie, la Chine.

303 : Autant de titres en autant de fédérations en 5 ans. Il ne doit vraiment pas être fort à les conserver.

Phil Salfino : Arrêtez de vous moquer. Charlie Green est sérieux lui. Et il a raison de dire que votre crise d’identité est ridicule. Comme il le dit:

Citation :: Déjà, si tu enlevais ton masque et tu te regardais dans le miroir, tu aurais peut-être des chances de connaître ton identité.

303 : Charlie Green vient de trouver une solution pour les personnes souffrant d’Alzheimer et d’amnésie. Les placer devant un miroir. On pourrait aussi leur montrer leur pièce d’identité pour que pouf tout revienne en mémoire. Il est trop fort. Charlie Green, certainement futur prix nobel de médecine. Un titre de plus.

Phil Salfino : Avouez que vous avez peur de l’affronter !

303 : J’ai hâte de l’affronter. Il m’a promis un indice sur mon identité. Alors que je ne m’en rendais pas compte moi-même, il a lu la peur dans mon regard. Fabuleux ! Je parie qu’il lit aussi dans le marc de café, le vol des oiseaux, le tarot et les oscillations du pendule. Sur le ring, il pourra peut-être me donner des indices sur mon identité dans les entrailles du corbeau.

Phil Salfino : Il a une confiance inébranlable. Cette fois-ci vous ne trouverez aucun défaut psychologique. Alors comment comptez vous le vaincre 303 ?

303 : Il ne laisse surtout paraître aucune émotion. Est-ce seulement un émoussement affectif dû à son emprisonnement ; autrement dit, il se serait construit une sorte de "coquille" pour se protéger psychologiquement Ou alors c’est un psychopathe ou un pervers narcissique. J’ai mon idée sur la question mais je ne vous la révèlerai pas.

Et oui, il y a des failles psychologiques à exploiter. Mais d’autres possibilités me sont offertes. N’oubliez pas que c’est un triple threat, le genre de match où tout peut arriver, où celui qui est le plus fort sur le papier a moins de chance de l’emporter. Mais peut-être que je vais profiter des inimitiés qu’il s’est lui-même créé avec sa grande gueule. Il y en a déjà tant qui pourrait intervenir, Billy, Angie, les anti-hardcore… ou un vampire.
Et puis, il a beau être rapide pour son gabarit, c’est long la mise en place d’un Corkscrew 450° Splash. Vraiment risqué comme finisher.

Phil Salfino : … dit celui qui ne maitrise pas les siens. C’est justement ça qui m’a mis la puce à l’oreille. Eh oui, je connais la vérité à votre propos 303. J’ai sous les yeux votre les notes prises lors de votre engagement : vous n’avez aucun passé de lutteur, même pas dans un centre de formation. Lors de votre essai, vous avez déclaré qu’à votre souvenance c’était la première fois que vous vous trouviez sur le ring. Alors dites moi donc pourquoi la SOW engagerait un nobody comme vous ?

303 : …

Phil Salfino : Parce que la SOW a besoin de main-eventer, de midcarder et de… jobber ! Eh oui toute fédération de lutte a besoin de low-carder pour mettre en avant ses stars. Ce sont vos talents de comédien qui ont intéressé la direction.

303 : Mais… mais … et mes victoires précédentes ?

Phil Salfino : Vous avez fait illusion car les autres prenaient trop de précautions, vous prenant pour un vrai lutteur. Contre Cassandra et Billy Dirnt, c’est Pudhas qui a fait tout le travail. Vous avez juste eu un coup de chance en évitant le finisher de Cassandra. The Crow n’est pas dans son assiette en ce moment, il doit être malade. Et puis le but était de vous rendre un peu crédible pour pouvoir mettre en avant Charlie Green à NO SURVIVOR.

303 : Votre connaissance de lutte m’époustoufle. Vous êtes vraiment trop fort. Ne le dites pas aux autres sinon ils ne me prendront plus au sérieux sur le ring.

Phil Salfino : Hum. C’est vrai que je ne suis pas une pipelette comme mes consœurs. Mais d’un autre côté, en vous surestimant, les vrais lutteurs risquent de se blesser en tentant des actions trop dangereuses alors qu’elles ne sont pas nécessaires.

303 : je vous en prie numéro 6.

Phil Salfino (furieux) : Comment vous m’avez appelé ?

Messages : 68 Date d'inscription : 07/02/2012

- Décrivez ce que vous voyez !
- Une grosse tache d’encre symétrique sur fond blanc.
- A quoi vous fait-elle penser ?
- A un gros nuage noir informe.
- Oui bon… et à quoi vous fais pensez ce nuage…
- Que vous êtes particulièrement maladroit avec les encriers.
- Vous ne me facilitez pas la tâche 303!

Le psychiatre assis derrière son bureau perd patience alors que l’homme masqué, les bras liés sur les accoudoirs de sa chaise, penche à nouveau la tête vers la planche du test de Rorschach.

- Je vois une page blanche que l’on peut noircir comme on l’entend. Un anonyme dont on peut réécrire l’histoire à sa convenance, la marionnette parfaite.
Un homme sans valeur, sans conviction qui attend que l’on donne du sens à sa vie, des objectifs à suivre, des cibles à cribler.

- Intéressant. Et sur cette planche que voyez-vous ?
- Une autre grosse tache d’encre symétrique…
- 303 ! Je croyais que vous vouliez sortir… Alors aidez-moi à vous aider !
- Mais je vais sortir. C’est inéluctable. Quelque part, quelqu’un a besoin de mes talents spécifiques. Une proie sur qui me lâcher, un ennemi dont on veut se débarrasser, un porc que l’on veut égorger. C’est si facile à convaincre un amnésique…

303 regarde intensément le miroir qui se trouve derrière le psychiatre. Celui-ci a suivi son regard.

- Il n’y a pas de personne ou de caméra cachée derrière. N’ayez crainte des indiscrétions, la pièce est parfaitement insonorisée. Revenons à cette planche.
- Hmm… c’est confus comme un ring de la SOW. Je vois de la violence. Je vois les débuts fulgurants d’un lutteur masqué sans expérience connue du ring qui pourtant y démontre d’indéniables capacités et réflexes, dignes d’un combattant qui a lutté au plus haut niveau dans une autre vie. Qui est-il ? D’où vient-il ?
- On en revient toujours là. Vous pensez devoir retourner à la SOW pour en apprendre plus sur vous-même. Pourtant la dernière fois, vous avez failli. Vous avez déçu les espoirs placés en vous. Comment vous faire encore confiance ? Vous avez affronté Darkside pour le SOW Championship et vous avez complètement disparu de la circulation. Que s’est-il passé ?

- J’ai fait un rêve. Il faisait sombre… était-ce la nuit ou dans un souterrain… son visage était dissimulé… il portait une cape sombre… Je devais l’affronter, le vaincre… mais il m’a dit de sa voix si étrange, si irréelle, si inhumaine… il m’a dit « Non, je suis ton père ! ».
- (d’un air agacé) C’est alors qu’il vous a abattu d’un faisceau lumineux ?!
- Non. Je me suis réveillé entre quatre murs dans une cellule capitonnée. Je n’étais plus à la SOW.

- Il n’est pas votre père. C’est ridicule.
- Même sur un plan spirituel ? La quête de soi amène forcément à la quête des origines. A un moment dans son développement, on a tous besoin d’un père.
- Pourquoi ne pas prendre un modèle positif ? Par exemple, un homme qui veut du changement, qui refuse de laisser le monde pourrir et qui veut s’en prendre aux profiteurs ? Un rassembleur ! Un homme qui n’a pas perdu son âme !
- C’est beau comme du Mao. Où est-ce que je signe ?

- Ne vous emballez pas 303. Votre évaluation psychiatrique n’est pas terminée.
- J’ai entendu une étrange rumeur dans l’asile. Un psychiatre qui dirige un établissement comme le vôtre donne des bons de sortie à des fous dangereux pour servir d’hommes de mains à des criminels ou pour toute sortes d’individus prêts à monnayer ces sordides services. Brrr
- Ridicule ! De pures sornettes nées de l’imagination de cerveaux débilitants !
- Depuis le début de nos entretiens, vous parlez trop pour un thérapeute qui doit garder une neutralité bienveillante. Mais je vous fais confiance pour la rédaction de mon évaluation. Après tout, les psys s’y entendent mieux que les fous pour travestir la réalité.

- Mais… comment-vous êtes-vous détaché ?
- Gardez-votre calme docteur. Cela ne sert à rien de s’énerver face à un combattant aguerri. Crier est inutile. Comme vous l’avez dit, personne ne peut nous entendre. Allons ne faites pas l’enfant. Là… Allongez-vous sur ce divan et racontez-moi tout. C’est papa qui ne vous donnait pas assez d’argent de poche ? Votre sœur ne partageait pas ses sucettes ? Et qui est ce formidable visionnaire et rassembleur ? Il m’attend à la SOW, n’est-ce pas ?!