Ça a été une longue route, tellement dure pour toi. Conduits par l'esprit d'une compétition que nous pensions saine, nous voilà armés comme des chiens de combats que l'on enfermera dans une cage bientôt. Tu n'es plus le même, Justin. La douleur se lit dans tes mouvements, s'entend dans tes cris pénibles. Tu es à terre, loin du merveilleux, loin de l'attraction que tu as un jour été. La vie ne t'as jamais épargné, et voilà qu'elle revient terminer son oeuvre quand tu pensais en avoir fini.
C'est vrai, après tout. Qui ne rêve pas de mariage ? D'enfants ? De carrière pleine de succès ? Ton mariage à toi part en ruine, l'enfant que tu aimes n'est pas à toi, ta carrière vient de prendre feu. Ce chemin, celui que nous avons empruntés, c'est le premier cercle des enfers pour toi. Darkside pourrait t'achever ensuite, te prendre par la main et t'emmener dans des abysses. A moins que tu ne connaisses déjà le chemin. Je t'avoue que j'ai un peu mal, que je suis un peu amer. Tu étais mon ami. Sincèrement. Tu as perdu ta tête, dans les engrenages de la compétition, dans les chiffres affolant que cette industrie t'as permis de rencontrer. Les kilomètres, les nuits, les hôtels, les entraînements, les frais, les couvertures de magazine. Quand as-tu arrêté de compter ? Ils n'ont jamais arrêtés, eux.
Le système t'as rongé, t'as mis à genoux. Et bien que je pourrais t'écrire que je veux te venger, ce ne sera jamais le cas. Tu as souris, tu t'es vendu, tu portes le poids des mensonges que tu as lâché à tout ceux qui ont voulu te faire confiance.
Lundi dernier, j'ai jubilé quand tu as atteint ton point de non-retour. Les fans, ces pauvres chéris, n'en revenaient pas. Ebetés, ils te regardaient tomber, ils te regardaient perdre le contrôle. Tu dansais si bien pourtant. Flanant avec légéreté et brio, tu as porté une ceinture à laquelle tu as donné ton ADN. Cette fois ce n'est plus ta carrière qui t'inquiète. Ta nonchalance est partie et les cernes que tu portes témoignent de la violence du mur que tu t'es pris. Ta perte de titre, tu t'en remettras. Aucuns doutes là dessus. Un bon champion sait qu'il est la cible à abattre et que tôt ou tard il doit passer le flambeau. J'ai tenu plusieurs titres, je sais ce que c'est de tenir le camp, d'intervenir semaines après semaines en se montrant fort et en essayant de montrer qu'on est pas si effondré, qu'on n'a pas parcouru tant de kilomètres. Ce qui se passe pour toi actuellement, ta décadence, elle n'est pas à ce niveau là.
Tu veux régler tes problèmes dans une cage. Y trouveras-tu Pétale ? Pourras-tu lui parler ? Discuterez-vous avenir ? Ce dont tu as le plus besoin c'est de repos. Conseil d'ex-ami, ne viens pas. Annule. Tu es valeureux et chevalier, j'en conviens. Je parlerai de toi si tu en as besoin. Mais ce vers quoi tu te diriges, ce combat, il est de trop pour toi. Même si tu veux que je n'égratines pas ta fierté... Je suis arrivé en février à la SoW. J'ai destitué en quelques mois ce qu'aucun candidat à ton titre n'est parvenu à t'ôter en un an. Malgré ton avis subjectif et ta haine sur la façon dont je me suis imposé, tu avoueras que je suis la plus grande force de cette fédération actuellement. J'ai brisé les tabous, j'ai cassé des murs, j'ai prouvé à cette fédération que je méritais d'être au sommet. Je me tiens contre tous et je tiens la barre.
Tu es devenu fou. Incontrôlable, triste, malfamé. D'ici quelques temps les fans te haïront à ton tour. Et je ne te le souhaite pas, parce que tu ne pourrais l'endurer. Toi tu as grandi dans l'adoration, dans l'amour perpétuel de chaques actions que tu as posées. Le vent souffle et si tu ne prends pas du repos, l'épouvantail que tu es devenu tombera. En souffrance. Je ne le souhaite pas.
Des conflits moraux s'ouvrent à moi, je te l'avoue. J'en ai détruit, des hommes. J'en ai humilié, des opposants. Sans jamais prendre du plaisir dans cet acte. Je prends du plaisir dans l'accomplissement final, mais pas dans la réalisation. Bomb, je ne veux pas affronter les regards inquiets de Pétale et Sarah quand tu ressortiras de cette cage. Tu penses que je te crains parce qu'on sera enfermés ensemble. Tu penses que les interventions de mes frères sont ma force. Tu te trompes.
Je souhaite t'offrir une part d'humanité, une porte de sortie. Pour protéger nos familles, si tu veux avoir une bonne raison de me comprendre. Je te vois déjà, lisant ces mots et râlant contre eux, contre ma prétention. Ce n'est pas le cas Bomb. Garde ton rematch pour dans quelques mois. Prends du repos, offre toi une fin digne. Affronte moi à armes égales. Ton corps et le mien ne sont pas dans le même état. Nos esprits non plus. J'ai des tracas aussi, mais pas les mêmes.
Tu choisiras surement de ne pas m'écouter. De me répondre avec virulence. Très bien, Justin. Alors, nous réglerons nos problèmes dans une cage. Elle te détruira. Marquera ta peau, brisera tes os, forcera ton repos. C'est surement la fin de la légende que tu as commencée.
Après cet avertissement pourront venir les ricanements, l'ironie, le mépris. Je t'aurais prévenu, j'aurais été bienveillant à ton égard. Tu ne le mérites pas, puisque tu te moques de la bienveillance. Si tu écris ton autobiographie, permets moi de te donner l'ébauche de la quatrième de couverture : "Entrez dans l'esprit d'un égomaniaque sociopathe qui a un jour montré son véritable visage au monde entier face à une douleur qu'il ne pouvait contrôler". Qu'en penses-tu ? Surement rien. Tu ignores ce que c'est de te regarder dans un miroir. Puis que feriez-vous avec ces objets, Pétale et toi ? Elle ne peut pas regarder ce qu'elle est devenue dans le miroir, elle non plus. La vie n'épargne rien, n'est-ce pas ?
J'accepte ton choix de stipulation, Sex Bomb. Tu le sais depuis hier, depuis que j'ai aposé ma signature en bas du contrat que Sarah t'as donné la chance de créer à ses côtés. J'ai lu tous les caractères écrits en minuscules. Les cartes sont dans tes mains et j'avance le coeur léger et sans craintes. A ton niveau, est-ce le cas ?
Nous réglerons nos problèmes dans une cage. Tu en débuteras des nouveaux.
Ton âme sombre à l'horizon.