L'arène est envahie par une armada de fans en surpoids et à la recherche d'action pour assister à un des house show de l'une des plus grandes fédérations : la SOW. Didier vient d'entrer dans les loges accompagné par ses deux comparses Xanax et Al', Didier vient humer le parfum ambiant, mélange de sueur, de sang et de poutine mal digérée. La pression monte au fur et à mesure que le jeune infirmier s'avance dans les lieux, celui-ci s'arrête puis prend une grande inspiration mais celui-ci manque de s'étouffer car ce perfide de Xanax avait pris le soin de le gratifier d'une grosse flatulence. Ce dernier rit grossièrement devant l'incompréhension d'Al’ qui a dû oublier le motif de sa présence dans cette arène. D'un signe de la main, il indique une chaussette d'un lutteur au sol pour attirer l'attention d'Al’ qui la fixe sans broncher, il en profite alors pour lui adresser une claque sur l'arrière de la nuque et n'hésite pas à répéter son action plusieurs fois profitant des faiblesses de mémoire de son partenaire.

Didier semble dans sa bulle, il tremblote, il essaie de cacher sa nervosité avec un sourire forcé. Le jeune homme balaie les lieux du regard et, à la vue des divas de la fédération et des lutteurs bien costauds, Didier décide de bomber le torse dans sa petite tenue moulante de gymnaste pour ne pas se laisser impressionner. Il lève la tête et se crache dans les mains avant de les frotter pour se donner un air viril, maladroit qu'il est, il s'est craché un molard dans la paume, dégoûté et un peu honteux, il cherche un moyen discret de s'essuyer et il lorgne sur une serviette à l'abandon un peu plus loin. Enfin libéré, il esquisse un sourire, mais malchanceux qu'il est, il vient se prendre les pieds dans le sac d'un lutteur islandais mesurant deux mètres de haut et pesant plus de 130 kilos. Le lutteur se relève lentement très remonté après ce manque de respect, il serre le poing prêt à mettre à K.O Didier qui recule tout en suppliant celui-ci de ne pas le frapper, l’islandais lève le bras et...

Low Job de Xanax par derrière qui n'allait pas rater une occasion de montrer ses capacités en castagne, il vient alors passer à tabac l'homme au sol et prendre la serviette remplie de morve pour appliquer un camel clutch avec celle-ci. Didier reprend son souffle toujours choqué par ce qu'il vient de voir, il s'assoit quelques instants toujours aussi anxieux...

Al’ – Alice au pays des merveilles. Alice. Alice. Oui c’est ça. Oui. De plus en plus curieux. Oui. Alice, j’ai trouvé. Suis-je fou ? Bien sûr que non. Oui.

Exaspération. On peut résumer ainsi le regard de Didier sur ses deux partenaires : l’un, les yeux révulsés, s’excitant à fracasser un gaillard, l’autre se cognant la tête contre le mur répétitivement en cherchant son prénom. Qu’est-ce qu’il avait bien fait pour en arriver là… ?

Al’ – Non. C’est pas vrai. Ce n’est pas moi. C’est elle. Pas moi. Pas lui. Il n’existe pas. Ou c’est elle. Je ne sais plus. Enfin si. Je suis moi, je suis elle, enfin non pas ça. Elle est moi. Non, je suis moi. Je ne sais plus, peu importe. Desville ? Que faites-vous dans cette tenue ridicule ? Retournez dans votre service. Toujours à flemmarder ces infirmiers. Ah le bon vieux Docteur Al’, je suis bien trop gentil pour eux. Remettez donc une bonne dose de sédatif pour calmer votre frère. Votre cousin, je veux dire. Non, votre… Qui c’est celui-là ?

Didier Desville – Oui, docteur… Vous avez raison… Aidez-moi à le tenir, s’il vous plait.

D’une démarche complètement désabusée, il se dirige vers une sacoche contre le mur et en sort une seringue. Il prépare une bonne dose de Xanax pour son patient pendant qu’Al’ s’occupe de le maitriser tant bien que mal… De la bave coule de la bouche de Xanax, son corps commence à trembler d’excitation mais une injection rapide vient le calmer dans sa crise.

Didier Desville – Docteur, allez-vous reposer un peu avant le match, ça vous fera le plus grand bien…

Al’ – Pardon ? Pourquoi m’appelez-vous Docteur ? Ca ne veut rien dire votre histoire. Vous êtes complètement cinglé. Et puis, de quel match vous parlez ? Bon allez, moi je vais m’assoir un peu, j’ai l’impression que je vais en avoir besoin…

Sur ces mots, il s’exécute et va s’assoir sur une chaise, son regard se perd au loin et c’est bientôt un être inanimé qui se trouve à sa place, comme si son esprit était ailleurs. Didier Desville profite de ce rare moment de répit où personne ne cherche à se battre ou à lui donner des ordres incompréhensibles.

Didier Desville - Comment me suis-je retrouvé dans cette galère...
Il met ses deux mains sur la tête. S'occuper de ces deux patients à l'hôpital Iban est déjà quelque chose mais devoir maintenant les supporter en tant que partenaires d'équipe de catch en est une autre. Didier ne demandait rien de plus qu'une place en chirurgie plastique afin de pouvoir admirer les poitrines des jeunes demoiselles. Malheureusement pour lui, une terrible erreur dans son service des urgences l'avait freiné dans sa carrière.

Al' - Une tisane cher collègue ? Je l'ai fait moi-même avec un ingrédient spécial, tu m'en diras des nouvelles !

Desville regarde son patient victime d'une nouvelle folie lié à sa pathologie. Après tout, il avait une longue histoire avec Al. Sans lui, sa carrière aurait tout autre. Sans cette terrible nuit de septembre.


14 septembre 2014 : 2h54
Cela fait plusieurs années que je travaille dans cet hôpital dans ce service des urgences. Il ne me reste plus beaucoup de temps à travailler avant que je prenne enfin le poste de mes rêves. Fini le stress des urgences et bonjour la vue des beautés que la chirurgie plastique peut nous offrir. Voir des seins à longueur de journée, le rêve ! Plus qu'une semaine et j'aurai enfin cette mutation. Normalement, je suis de jour mais pour dépanner une collègue, j'ai accepté de changer et de passer de nuit. Celle-ci est plutôt tranquille, je n'ai que quelques dossiers à remplir. Soudainement, un homme en blouse vint vers moi.

??? - Vite ! Une urgence !

J'ignore qui est ce médecin, après tout, je connais très peu l'équipe de nuit mais quand un médecin appelle à l'urgence, il faut se dépêcher. Je le suis et me retrouve maintenant face à une femme qui semble inconsciente sur une chaise. Le médecin me tend une seringue.

??? – Faites-lui rapidement cette injection ! Elle nous fait une crise et seul ce remède peut la sauver !

Je n'aurais jamais agi comme ça normalement. Etait-ce la fatigue de la nuit qui avait fait en sorte que je ne réfléchisse plus trop ? Je m'emparai de la seringue et fis la piqure à la dame. Elle poussa un énorme cri puis s'écroula au sol.

??? - Mais qu'avez-vous fait à ma femme ? Espèce d'ordure ! Vous avez tuez ma femme ! Au tueur !
Je ne compris pas vraiment ce changement de personnalité chez cet énergumène mais avec tout ce boucan, d'autres collègues infirmiers et même médecins arrivèrent.

Médecin - Mais qu'est-ce qu’il se passe ici ? Qu'avez-vous fait ? Et que fait ce patient ici ?

Je regardai alors l'homme qui s'était présenté à moi comme un médecin.

??? - J'aimerais avoir un logement s'il vous plait. Ca fait des heures que j'attends !

Didier s'était remémoré cette terrible nuit. Nuit qui lui valut un blâme et la mutation dans le terrible hôpital Iban et son service de psychiatrie. Tout ça à cause d'un homme qu’il avait suivi dans ce service, et qui était maintenant son partenaire de lutte…

Al' - Alors, vous ne buvez toujours pas collègue ?

Xanax se réveillait e se dirigeait vers les deux pour prendre la tisane. Il le boit d'une traite puis tombe directement.

Al' - Mince, le sédatif a été pris par le mauvais patient.

Al’ – Je ne comprends pas, je ne comprends pas, je ne comprends pas. Pourquoi suis-je ici ? Pourquoi ? Que fais-je avec ces fous ? Pourquoi ai-je l’impression qu’ils me regardent tous bizarrement ? J’étais si riche. Mon trésor était protegé. Un sésame et tout m’était ouvert. Un homme puissant et aux ressources illimitées et me voilà dans cet endroit puant. Pourquoi ?

Tout en se cognant la tête contre le mur répétitivement et inlassablement, l’amnésique se parle, il est seul dans la pièce. Sa voix est profonde, grave, et ses mots très légèrement prononcés. Son regard est vide, s’y plonger effraierait quiconque. L’oubli est la première mort de l’homme. Celui-ci en était à un tel stade d’oubli qu’il se confondait avec d’autres personnages de son histoire. Ce n’est pas sans une certaine souffrance qu’il errait dans la quête de son identité.

Al’ – Je dois me battre pour vivre, c’est ce qu’ils m’ont dit. Oui, eux. Eux. Tout autour de moi. Il ne me connaisse pas. Seul moi sait qui je suis. Qui il est. Qui je suis. Enfin, quoi encore ? Je ne sais plus. Ce fou qui fait équipe avec moi. Quel est son nom ? Je ne sais plus, peu importe. Il est animé par une telle violence qu’il déteint presque sur moi. Tout autour de lui émane une aura belliqueuse, presque attirante. Puis-je me battre ? Peut-être, sans doute. Peut-être. Il savait se battre. Je savais me battre. Enfin lui, oui. Que dis-je…

Il bande ses muscles, les regarde, comme si ça n’était pas les siens. Comme s’il s’était approprié le corps d’un autre. S’il était bien en chair, il était tout de même impressionnant par sa taille et sa largeur. On aurait dit un ours, un vieil ours isolé mais qu’il ne valait mieux pas titiller. Sa barbe longue et grisonnate, son regard bestial et ses cheveux longs délaissés, il n’avait plus beaucoup d’humain en lui.

Al’ – Je les aime bien, ces gaillards. Surtout cet infirmier de malheur. Denis. Derrick. Didier. Il a plus l’air idiot que méchant. J’ai l’impression de le connaitre depuis longtemps pourtant ça ne fait que quelques mois. Ou semaines. Ou jours. Je ne sais plus vraiment. Il me dit que je n’ai plus le choix de me battre et que plus je gagnerai de matchs, plus haut j’irai, plus je serai reconnu. Les jours me connaitront, ils me vénéreront, scanderont mon nom… Lequel ? Peu importe. Je m’en fiche des autres, après tout je ne sais même pas qui ils sont. Et eux non plus.

De plus en plus fort, il se cogne le crane contre le mur puis s’arrête subitement. Il se dirige vers la sortie et marmonne de plus en plus bas, comme s’il intériorisait enfin sa pensée…

Al’ – Quant à ce fou violent, il me plait bien… Un bon combattant… Il ne sait pas s’arrêter mais bon… Enfin… Pourquoi… Demain… Lutter.

La silhouette de l’homme diminue de plus en plus jusqu’à ce qu’il disparaisse du champ de la caméra…

Al' – Un match à quatre équipes ! Mais qu'est ce qu'un match déjà ? Dois-je les battre ? Mais cela veut dire que j'ai une équipe... Ah oui, Fifi mon canari... Mais il ne sait pas se battre... Il va se faire dévorer tout cru si cela continue ! Ah.. Mais... Ah oui, il est déjà mort l'an passé. Ou celui d'avant. Je ne sais plus, peu importe.

On retrouve dans sa loge, le nouvel arrivant à la SOW, notre bon vieil amnésique : Al'. Il vient tout juste d'apprendre qu'il allait avoir un match au prochain show et sa réaction est pour le moins varié. S'il a commencé par être étonné qu'on lui parle d'affrontement, il a vite digéré et assimilé la nouvelle avant de rentrer dans une sorte de transe où il ne fait que se parler à lui-même à voix basse...

Quelqu'un frappe à sa porte...

Al' – N'entre pas ! N'entre pas ! Je suis avec ma femme ! Elle ne peut pas vous répondre ! Partez !

Une voix grommelle derrière la porte et tambourine encore plus.

Al' – Mais vous êtes fou ? Faites venir la securité ! A l'aide, on s'en prend à moi !

Des voix s'élèvent derrière la porte puis un énorme fou rire général, des lutteurs de passage qui souhaitaient se moquer d'Al'.

Al' – Où en étais-je ? Un match... Ah oui, ces combats de mécréant qu'ils nous font faire. L'autre jour, j'étais avec ce jeune là, qu'on appelle Xanax... Un vrai fou furieux, je ne sais pas s'il est avec moi ou pas mais il est vraiment très atteint par la maladie, je devrais le voir dans mon bureau pour lui faire un diagnostic, je pense que c'est un problème de rein ça, avec un raccourcissement des intestins ça se réglera !

L'amnésique se met à rire frénétiquement à ses propres mots sans qu'il y ait quoi que ce soit de drôle, dans une ambiance plutôt effrayante.

Al' – Si je combats c'est pour l'argent, de toute manière. Je suis le grand Ali Mohammed ! Le plus grand des boxeurs. C'est bizarre, je ne me rappelle plus avoir déjà boxé. Peu importe, je vais quand même les rosser, je vous le dis ! Des guignols comme ça, ils se prennent pour des caids avec leur masque, leur maquillage ou je ne sais quoi ! Ah, ils ont l'air malin avec ça. Qui ça ? Bah, ceux là. Ceux là qui ? Peu importe, je ne sais plus ce que je disais, ça arrive à tout le monde, n'est-ce pas ?!

D'un bond plutôt agile pour sa carrure, le lutteur se relève et se dirige vers un punching-ball et le frappe de pleine force, c'est à en oublier la maladie de cet homme.

Al' – Tiens, W-Pex ! Tiens, Kayne Sonthomp ! Tiens, Trash ! Ou encore tiens, Xanax ! Ah non, pas toi. Aillez peur du grand Al'... Al'... Al'... Al' je sais plus, peu importe ! Rendez-vous au prochain show pour vous faire botter les fesses !

Didier – Pourquoi... Pourquoi suis-je ici... Rien ne va... Même quand on gagne ça finit en raclée... Ces deux idiots finissent toujours par se taper dessus...

La caméra s'ouvre sur un plan fixe où on peut voir Didier Desville en position foetale dans le coin d'un vestiaire. Il semble en sanglot et est en slip de lutte. A côté de lui, Al' est assis sur un banc, le regard vide, pensif. De l'autre côté, Xanax frappe le mur frénétiquement en poussant des cris bestiaux sans prendre le temps d'essuyer la bave moussante qui coule sur son torse.

Didier – Vous pouvez pas comprendre qu'on est une équipe ? On est tous les trois ensemble. Moi, Didir, toi Al' et toi Xanax.

A l'écoute de son nom, Al' semble s'être reveillé dans un sursaut, il regarde autour de lui, à droite, à gauche, sous le banc, rien. Comme s'il cherchait quelque chose.

Al' – C'est qui ce Al' ? Toi, Didier, tu me dis quelque chose. Xanax c'est moi. Mais alors lui c'est qui ? Ah mais... Al'... Ala Tac. Oui, c'est moi ça. Et ce fou là bas c'est Xanax. J'en peux plus de soigner tous ses patients qui font n'importe quoi. Monsieur Desville, veuillez vous occuper de... Lui là-bas. Sinon je vous licencie ! Ah, ce que je rêve d'un monde sans fou. Fou... FOU ?!

Le cri d'Al' coupe la routine de Xanax qui se retourne d'un coup et se jette sur le géant de la troupe.

Didier – STOP ! SERINGUE !

A ce mot, Xanax arrête tout mouvement et se laisse tomber sur le côté comme un chien faisant le mort. Il commence à trembler fortement, on pourrait presque croire à des convulsions pourtant ses deux compères ne semblent pas s'inquieter.

Al' – Mais il est fou celui-là !... Hé mais je te connais toi, je t'ai vu l'autre jour dans le ring. C'est toi qu'il faut que je tabasse c'est ça ?!

Avant qu'il ait pu finir sa phrase, Didier Desville vient le couper et s'interposer entre les deux hommes pour empêcher une autre bagarre.

Didier – Al'... Monsieur le directeur ! Cet homme que vous voyiez là est notre coéquipier ! Nous ne devons pas le frapper mais le protéger des autres !

Al' – Comment ? Mais oui, bien sûr, nous sommes une équipe, une équipe, une équipe, une équipe, une équipe...

Al' se rassoit sur son banc et continue de répéter ses deux mots inlassablement.

Didier – Si ça continue, on va retourner à l'asile ! Chez les fous ! C'est ça que vous voulez tous les deux ? Bon sang de bonsoir de baleine à bosse, vous voulez quoi ? Tant qu'on fera pas équipe, ça sera retour chez les FOUS ! LES FOUS !

Comme pour illustrer ses propos, Dider se met à courir en rond en se tapant la tête. Cela dit, la scène semble un peu trop réaliste. Xanax se penche vers Al' et lui chuchote à l'oreille.

Xanax – Il est complètement timbré ce mec, on devrait l'écouter sinon je crains ce qu'il est capable de faire...

Al' – Clairement, ce genre de pathologie entraîne parfois des fortes crises de violence... Faisons équipe, ça vous va, cher collègue ?

Didier Desville – Mais vous ne pouvez pas juste me convoquer comme ça ?! Vous n'avez aucun pouvoir sur moi, et vous pouvez encore moins me dire ce que je dois faire, ça j'en suis bien persuadé. Et que fait-il celui-là à côté de vous ?

Assis sur un fauteuil usé et visiblement inconfortable, Didier Desville s'adresse directement à l'homme qui se tient à face de lui, de l'autre côté du bureau. Dos à lui, on ne voit pas son visage mais on peut distinguer une touffe noire qui s'agite en dessous de sa main droite, il la caresse comme on caresse un animal. Le siège se retourne et on distingue Al', une pipe à la main et un monocle sur l'oeil droit. A sa main, agenouillé au sol, Xanax qui déchiquette des dictionnaires à l'aide de ses dents.

Al' – Parlez-moi avec un meilleur ton, je vous prie. Ou bien avec un meilleur thon. Mais cela ne veut rien dire. Enfin, je crois. Peut-on vraiment parler avec un thon ? Surtout s'il est tond. Peu importe. Je disais qu'il était important que vous compreniez le principe d'équipe. Nous travaillons ensemble Monsieur Emmanuel Iguane. C'est bien votre nom ? Non ? Non, que dis-je du nom...

Xanax – Equipe, équipe, vous parlez que de ça à longueur de temps ! Si je peux frapper, ça me va. Je sais pas qui c'est ce équipe mais admettons qu'il soit en face de moi, je le défoncerai !

Al' se met à rire frénétiquement pour encourager les propos de son camarade tandis que Didier Desville semble plus abattu que jamais.

Didier Desville – Après tout, on ferait mieux de retourner directement à l'asile, j'ai l'impression que ça ne menera à rien...

Sur ces mots, l'homme-mange-dictionnaire se jette sur son partenaire et le domine de toute sa hauteur, laissant légèrement couler la bave qui coule de sa bouche.

Xanax – Ah ça non ! Jamais je ne retournerai là-bas, tu m'entends mon gros ? JAMAIS ! JAMAIS ! JAMAIS ! JAMAIS !

Al' – Voyons, calmez-vous messieurs, mes cieux, que dis-je, écoutez-moi. Mais de quel mois parlons-nous d'abord ? Il serait temps que l'on mette une chose au point. Me prenez-vous pour un idiot ? Je sais très bien que je fais partie du même clan que vous ! Et vous savez pourquoi ? Car je suis votre patron. Et vous devez m'obéir. Quant à lui, il serait temps que vous le mettiez au courant sur le fait que nous soyons une équipe car il n'arrête pas d'en faire qu'à sa tête !

Didier Desville : Mais il ne comprend ce que je dis que quand je parle de ce fichu asile de mes deux... Ce fichu asile... MAIS OUI ! Si je vois que ces deux débiles commencent à divaguer, je n'aurai qu'à leur parler de leur pire crainte : le retour à l'asile... JE SUIS UN GENIE ! MOI DIDIER DESVILLE !

Et pour la première fois depuis son arrivée à la SOW, Didier Desville eut un fou rire...

La caméra s'ouvre sur une grande chambre d'hôpital avec deux grands lits sur lesquels se trouvent Al' et Xanax. A leur chevet, leur fidèle infirmier, Didier Desville. Le temps passe sans que personne ne bouge, ce qui laisse la caméra libre de ses mouvements. Elle s'avance vers le seul homme éveillé de la pièce, Didier. Ce dernier manie le crayon entre ses doigts pour écrire dans son journal de bord.

14 septembre 2015.

Les deux patients sont endormis, ils viennent de sortir du dernier show de la Sanctuary of Wrestling. Leur intervention a été remarquée par beaucoup et ça leur a valu le droit de concourir pour devenir challenger au titre par équipe : enfin une bonne nouvelle. Nos adversaires sont nombreux et coriaces, ma mission devient que plus compliquée alors que je ne sais même pas encore comment faire pour qu'ils travaillent ensemble en tout temps. La menace du retour à l'asile semble fonctionné plutôt bien, pour l'instant en tout cas... Cela fait maintenant plus d'une semaine que l'un n'a pas frappé sur l'autre.

Le patient Al' est toujours confronté à des crises d'amnésie mais cela semble être bénéfique : il se veut être la tête pensante du groupe et dirige les opérations. Cette volonté de responsabilisation le rend plus stable et devient une force pour l'équipe en terme de lutte. Le patient Xanax n'est pas moins virulent qu'avant mais semble obéir à son partenaire, comprenant ainsi qu'il est du même camp. Leur folie commence enfin à devenir une force.

Mes récents exercices me permettent de remplacer l'un des deux lors des combats si cela est nécessaire, je préfère toutefois les laisser suivre la thérapie en binôme, sans compter que la combinaison d'agressivité de Xanax et de force brute d'Al' fonctionne plutôt bien. Je vais désormais les filmer en permanence et tenter de les habituer aux joutes verbales avec les autres équipes. La lutte va être acharné puisque ce sont six adversaires qui nous attendent, sans compter l'équipe championne si on arrive jusqu'à eux.

Je suis plutôt confiant, ils progressent à une vitesse vraiment hallucinante depuis que j'ai réussi à les faire travailler ensemble. Autant physiquement que mentalement. Nous commencerons dès demain les tests de reconnaissance des futures équipes à affronter pour les habituer à ces visages et pour analyser ensemble, ou du moins essayer, leurs personnalités et leurs points faibles.

C'est maintenant à mon tour d'aller me reposer, des longues journées vont arriver pour les préparer au match ultime qui leur donnera, je l'espère, la chance d'aller conquérir le titre par équipe qui serait signe d'une énorme évolution dans leur maladie.

Souriant, Didier referme son carnet avant de se raviser et d'annoter dans la marge une information bien utile pour lui : « Ne pas oubliez de repasser les chaussettes sales, Maman me l'a déjà répété trois fois ». Finalement, il pose son cahier à côté de lui et laisse ses pensées divaguer un peu plus avant de s'assoupir comme ses partenaires.

Didier Desville : Premier cas, Azrael et Drash !

Les trois lutteurs de 3H sont regroupés dans un bureau... Où en tout cas quelque chose qui se veut ressemblant à un bureau mais à la vue de tous les instruments de médecine éparpillés un peu partout dans la pièce, il semblerait que cela soit un subterfuge et que la pièce ne soit rien d'autre qu'un cabinet de médecine déguisé en bureau pour créer l'illusion chez les deux patients qui regardent avec attention leur infirmier. Ce dernier leur tend à chacun un dossier où est inscrit au marqueur noir le nom des deux lutteurs qu'il vient de citer.

Al' – Ca ne me dit rien ce nom, mon cher gentilhomme. Laissez-moi un instant pour regarder ce que me dit le dossier sur le cas de ces deux patients...

Les deux vrais patients s'intéressent au dossier avec une attention toute différente. Si Al' s'interroge, apparemment, réellement sur le dossier. Xanax, lui, lit les pages les unes après les autres et une fois qu'elles sont lues, il les dévore sans leur laisser le temps de s'envoler. Didier est imperturbable, d'un doigt il remonte ses lunettes et attend les réactions de ses partenaires-patients.

Xanax – Des abrutis ! L'un comme l'autre, ils font la paire, vous ne pensez pas ? Regardez-les avec leur costume grotesque et l'autre là avec son maquillage ! Mais pour qui ils se prennent ses deux fous furieux ? Ce sont censés être des lutteurs ou des bêtes de foire ? La question se pose !

Al' – Nous avons là à faire à des graves problèmes de construction de la psychologie, je dois l'avouer. Le cas du patient Azrael semble démontré une tristesse qui cherche à se démontrer par l'apparence physique. Ce maquillage blanc comme la mort marié à des cheveux visiblement teints en noir pour paraître plus ténébreux montre une immaturité flagrante, c'est assez pitoyable enfin cela dépend de son âge. Attendez-voir... Vingt-neuf ans ?! Qui fait encore cela à cet âge là, s'il était adolescent encore, je comprendrais...

Devant l'intérêt de ses partenaires, Didier Desville ne peut empêcher d'esquiver un sourire et regarde lui même son dossier pour ajouter des informations.

Didier Desville – Vous ne vous en rappelez sûrement pas mais vous l'avez déjà croisé à deux reprises. La première fois, il s'en est pris à vous de lui-seul puis nous avons perdu un match contre lui et deux autres de nos adversaires quelques temps après. C'est un adversaire largement à notre portée seulement il est assez imprévisible, ce qui est aussi un avantage car je pense que son équipe avec Drash n'est pas aussi... Unie que la notre, dirons-nous. Vu le nombre de ses défaites, je pense que ce n'est pas notre principal rival.

Son partenaire a l'air bien plus calme mais bien plus réfléchi. Malgré l'intimidation qu'il pourrait exercer sur nous, il n'a pas gagné un match loyalement depuis un long moment, je vous rassure, vous pouvez le battre. Méfiez-vous toutefois de cette combinaison maléfique, ces deux lutteurs sont imprévisibles alors les mettre dans la même équipe, c'est quitte ou double !

Les deux lutteurs malades ingèrent les informations données par leur partenaire et tente de se souvenir des scènes qu'ils ont vécu sans pouvoir y arriver. Ils se regardent, dubitatif avant de se concentrer.

Al' – Infirmier, heureusement que je vous apprécie car je crois savoir que vous me pensez fou ? Incapable de me souvenir de... Ce que vous avez dit là, vous savez... Les matchs ou je ne sais quoi d'autres. Bref, peu importe. Vous nous avez livré une belle analyse de ce qui nous attend, cette équipe a l'air puissante par leur folie, je déteste les personnes atteintes de troubles mentaux, ils n'ont rien à faire dans une fédération ! Je ne comprends pas qu'on les laisse faire ce genre de... De qui je parle déjà ? Pardon. Je disais donc que nous devrons surtout nous méfier de l'alliance entre ces deux êtres, seuls ils sont incapables de gagner le moindre match alors divisons les et cela devrait aller.

Xanax – Tout à fait raison, p'tron ! On les explose, on les détruit et ça devrait le faire ! Comme pour tous, ahahahah. On va leur montrer à ces deux clowns là ce que ça fait de se frotter aux 3H ! Ils risquent de passer un sale quart d'heure ! Si seulement ils nous voyaient, leur principal force est qu'ils effraient les gens mais moi j'ai pas peur ! Ah ça non ! Jamais ! JAMAIS !

Une goutte de sueur perle sur le front de Didier Desville qui déglutit et s'avance vers ses patients, il capte leur attention avant de pointer la caméra du doigt.

Didier Desville – Justement, je dois vous dire que tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui est retransmis sur le site de la Sanctuary of Wrestling donc ils verront sans doute ce que vous avez pu dire sur eux...

Si Didier semble angoissé de cela, ce n'est pas le cas de Xanax qui se met à rire et montre son poing à la caméra, exhibant ses muscles et bombant son torse. Al', lui, semble s'être éclipsé mentalement de la conversation et rumine dans son coin.

Al' – Al... Alphonse Brown ?...

Didier Desville : Deuxième cas, Ken Thompson et Kojiro Ingu...

Avant même qu'il ait pu finir sa phrase, Didier est coupé par une sonnerie de téléphone. Il le cherche un peu partout dans le bureau officieux des 3H et finit par le trouver... Seulement, pour pouvoir répondre, Desville doit retirer tous les pansements accrochés sur l'appareil. Il regarde ses deux patients et soupire.

Xanax – Qu'est ce que t'as encore foutu l'gros ? Pourquoi son portable est rempli de conneries qu'on nous fout sur la gueule quand on saigne ?! T'as merdé, putain, T'AS MERDE !

Al' – Il faisait des petits bruits et bougeait dans tous les sens, je pensais qu'il convulsait moi... Et je sais pas quoi faire quand ce genre de truc se déroule, t'es malin toi ! Je suis un pirate moi, le capitaine Al' Attaque et rien d'autre ! T'as déjà vu un homme de la mer avec ce genre d'appareillage ? Et bien non, nous on doit gérer le soleil et l'eau qui nous entoure, ça nous occupe déjà bien assez !

Pendant que ses deux compères parlent, Didier leur fait signe de se taire et écoute son interlocuteur en répondant « Oui » toutes les cinq secondes. Pour patienter, Xanax se place devant la caméra et fait des grimaces au grand plaisir de l'audience. Après quelques minutes, Didier revient avec ses camarades et leur annonce la nouvelle.

Didier Desville : Changement de programme...

Al' – Ah non pas encore ! Vous savez que je ne supporte pas quand on change les programmes ! L'autre jour, je regardais une émission sur des gens qui recherchent l'amour et au final, j'ai pas trop compris pourquoi mais tout le monde se tuait ! Alors il faut arrêter de mentir aux gens, ça ne me plait pas du tout à moi... Moi... Le capitaine... Le général ?... Al' Attable... Enfin bref, passons.

Didier Desville : Je ne le voulais pas, docteur Al'. A vrai dire, le coup de fil que je viens de recevoir m'indiquait que nous allions nous battre contre la Garde au prochain show alors je pense qu'il va falloir commencer par nous occuper d'eux.

Xanax – Un coup de fil ? Tu nous prends pour des cons ou quoi ?! Comment un fil peut te donner un coup ? Et comment il peut te dire tout ça ? On est pas bête, tu sais ? On a toute notre tête !

Sans même perdre son temps à répondre, l'entraineur et membre des 3H tend à ses coéquipiers des dossiers bleus où se trouvent toutes les informations nécessaires à propos de la Garde, nouvelle équipe de la Sanctuary of Wrestling.

Xanax – On a frappé sur leur gueule la semaine dernière ! Qu'est ce que c'était bon ! Je les adore ! Ils sont biens pour frapper eux, on les revoit lundi ? C'est génial !

Didier Desville : Oui mais là, il faudra bien les analyser car le combat commencera dans le ring et finira par un tombé alors on se méfiera pour ne pas se déconcentrer.

Les deux partenaires de Didier acquiescent d'un signe de tête puis se mettent à lire le compte-rendu. Xanax, comme à son habitude, a du mal à rester concentrer et s'amuse à mettre en boule les feuilles pour les lancer sur la tête de son camarade amnésique qui ne répond pas. A la fin de leur lecture, il regarde Didier, attendant la suite des opérations.

Didier Desville : Comme vous pouvez le constater, Cole Evens est un faiblard. En deux matchs, il n'a pas su montrer quoi que ce soit de positif. Il suit sagement son partenaire et lui obéit comme un petit chien. Quand on l'écoute parler, on constate qu'il n'a aucune expérience et croit que notre monde est celui des bisounours.

A l'entente de ce mot, Xanax se met à pouffer de rire, à tel point qu'il se bloque la mâchoire avec la main pour laisser son partenaire continuer.

Didier Desville : Contre Madrock, il a été écrasé. Je pense pas qu'il nous causera beaucoup de trouble car même contre Ken et Kojiro, il a été plutôt invisible. Toutefois, sa partenaire a plus de caractère que lui, un peu trop d'ailleurs... Elle passe son temps à se plaindre de tout et de rien, elle dit qu'elle ne supporte plus que les gens interrompent les matchs en intervenant mais quand son poulain se fait martyriser, elle n'hésite pas à se battre contre Madrock... Enfin essayez, elle aussi c'est faite briser en deux. C'était assez lamentable, je dois l'admettre.

Quoiqu'il en soit, elle est dotée d'un palmarès plutôt fourni et est imprévisible, réellement. Quand Cole Evens se dit imprévisible, ne l'écoutez pas, il n'a rien montré de tel. Cependant, je suis sûr qu'elle peut l'être. En visionnant d'anciens matchs, j'ai pu m'apercevoir qu'elle ne recule devant rien.

L'analyse de Didier terminée et digérée, c'est Al' le premier qui se lève de son siège pour résumer la marche à suivre pendant que Xanax se place devant la caméra en vue d'adresser un message.

Al' – Pour gagner en équipe, il faut que les deux membres de l'équipe soient bons. Le problème de cette équipe sera Cole Evens, il est bien moins puissant que nous et bien moins dangereux que son partenaire, une fois mis à terre, il ne devrait plus nous causer de souci. Il suffira juste de la maîtriser, je pense que c'est envisageable !

Xanax – Et ouais, ma poule ! Tu nous entends ! Vous ne nous faites pas peur et vous allez passer un mauvais quart d'heure ! Nous allons vous montrer la vraie définition du mot « imprévisible » et plus jamais tu n'oseras l'utiliser pour te décrire toi ou pour parler de ton microbe ! Ahahah, ciao les nuls !

Seul dans le bureau maintenant connu de l'équipe 3H, Didier Desville se tient face à la caméra, quelques dossiers à la main. Ses grosses lunettes épaisses sur le nez, il semble plus confiant que jamais.

Didier Desville : Message vidéo à destination de la jeune lutteuse se faisant appeler Carrie et de son élève, Cole Evens.

Le lutteur ouvre un de ses dossiers et y trouve la retranscription écrite de la dernière vidéo promo de la Garde. Quelques marques de fluo sont reparties tout au long du discours prononcé par l'équipe adverse des 3H.

Didier Desville : Je vous prie, tout d'abord, d'excuser l'absence de mes deux camarades dont la présence n'aurait que rallonger notre échange et je dois avouer que je n'ai pas besoin de tout leur expliquer, ils ont déjà leur propre idée plutôt virulente de vous répondre mais je pense qu'ils auront l'occasion de vous en faire part lors du prochain show. Ainsi, je tiens donc à formuler quelque chose de plus concret pour répondre à chaque point que vous avez pu mentionner. Je vous remercie d'abord de perdre tout votre temps à vous occuper à des « abrutis », « barges », « débiles » ou bien d'autres insultes. Dépenser votre énergie pour parler à des gens que vous considérez comme incapable de vous comprendre, c'est un peu paradoxal. Vous qui êtes si bien, j'ai du mal à comprendre comment vous pouvez tomber aussi facilement dans la grossièreté. Sommes-nous dans une cour de récréation de primaire ou sommes-nous des adultes ?

Vous qui vous décrivez vous-même, avec beaucoup d'humilité, comme un modèle pour les autres. Vous qui « apprenez chaque jour de la nature humaine » et qui jugez les autres « orgueilleux » ou « vaniteux ». Ne pensez-vous pas que vous rentrez aussi dans cette catégorie ? Se croire bien plus forts que les autres, penser avoir une place plus méritée que mes lutteurs ou que sais-je encore, ce n'est pas faire preuve de tous ses vices dont vous me parlez ? Je dois vous confirmer que si. De plus, ne faites pas l’innocente, toute personne qui vient dans une fédération de lutte pour combattre est orgueilleuse sinon pourquoi chercher le feu des projecteurs ? Il est tout à fait possible de combattre dans des arrières cours mais vous avez choisi une des fédérations les plus médiatisées. Pourquoi ? Pour vous montrer, ce qui nous ramène à l'orgueil. Ce que je cherche à vous faire comprendre est que malgré toutes vos belles paroles, vous devez admettre que vous n'êtes pas si différente du reste de la fédération.

Sans lire à aucun moment ses fiches, il se permet à la fin de cette première partie de surligner les quelques extraits qu'il a cité juste avant puis continue son flux de paroles.

Didier Desville : Ce qui est assez triste est la manière dont vous vous emportez pour rien. J'ai simplement fait part de la gêne provoquée par vos plaintes permanentes, gêne éprouvée par d'autres lutteurs de la fédération. Tout de suite après, vous montez sur vos grands chevaux et vous sentez obligé de m'insulter comme seul moyen de réponse. Sommes-nous obligé d'en arriver là ? Cela dit, quand je vois comme vous vous emportez à propos de ce que vous nommez « trolls de blog », j'ai quand même l'impression qu'il ne vous faut pas grand chose pour enfumer. Vous qui semblez si saine d'esprit, je sens quand même des réactions psychologiques extrêmes et vives qui mériteraient un accompagnement par un professionnel de la santé et je ne dis pas ça avec condescendance, je pense réellement qu'un psychologue vous ferait le plus grand bien pour calmer ces crises d’énervement futile.

Et lorsque je parle d'un vrai spécialiste, je parle de quelqu'un diplômé pour exercer la fonction de psychologue et non pas un lutteur de la WWA. Votre appel à l'aide à Chuck Stricker est, je l'avoue, déconcertante. Sa présence dans votre vidéo est incompréhensible, n'êtes vous pas capables de vous défendre à deux ? Devez-vous avoir l'aide d'un champion pour que vos propos soient cohérents ? Vous êtes allés le déranger seulement pour quelques phrases sur mes lutteurs si peu dignes d'intérêt ? J'ai du mal à saisir l'idée originelle mais soit.

Je sens que vous avez besoin de cela pour donner de la valeur à vos propos. L'aval des autres, tout d'abord, comme vous l'avez montré avec l'intervention de Chuck Stricker mais aussi le besoin de se baser sur le passé pour justifier le présent. Quel est l'intérêt d'évoquer les titres que vous avez gagné par le passé ? Est-ce là la seule manière de justifier votre présence ? N'avez-vous pas d'autres buts, d'autres volontés à assurer qui justifieraient que vous luttiez ici ? Montrez ce que vous avez dans le ventre plutôt que vous servir de titres gagnés dans le passé. Surtout que l'argument n'a aucune valeur contre nous qui sommes nouveaux dans le domaine de la lutte. Il est clair que je dois vous féliciter pour tous ses titres, qu'une femme ait raflé tout cela, je le félicite réellement, s'il y a une chose que vous illustrez avec brio, c'est la cause féminine. Et je suis très sérieux et honnête lorsque je vous dis cela. Le monde a besoin de plus de femmes fortes comme vous l'êtes seulement je trouve cela dommage que vous vous serviez de choses aussi futiles que des ceintures pour illustrer vos propos...

Didier s'éclaircit la voix en toussotant légèrement et ferme le dossier qu'il gardait près de lui jusque là. Il le repousse plus loin sur la table et se fait de la place pour ses mains jointes.

Didier Desville : Je tiens aussi à féliciter Cole Evens, non sans un peu d'ironie, quand à sa prestation au début de votre dernière promo. La mise en scène est plutôt brillante. Répondre au fait que moi et mes coéquipiers l'avons décrit comme incapable de s'exprimer convenablement et avec charisme en le rendant, du jour au lendemain, mordant et doté de repartie, je trouve cela plutôt intéressant, dommage que cela soit artificiel. Le problème, c'est qu'au final c'est toujours vous qui parlez des choses consistantes, celles qui méritent d'être entendues. Vous le laissez dégraisser les sujets pour le mettre à la lumière un instant mais vous ne pouvez pas vous empêcher de prendre le micro et de dire toutes vos pensées car vous-même vous savez qu'il n'a pas le niveau pour répondre à des gens ou envoyer des provocations à d'autres lutteurs.

Ce n'est pas tant un reproche que je lui fais, mes coéquipiers, eux-mêmes, seraient difficilement à l'aise face à une interview classique, quoi que bien plus charismatiques. Je note juste l'effet comique indéniable qu'a cette tentative de le responsabiliser en le laissant répondre aux questions pour au final tout faire avorter en vous imposant et en l'empêchant de parler. Toutefois, c'est bien plus intéressant de vous entendre parer car vous avez le mérite de vous exprimer clairement et même si certains de vos propos sont plutôt bancales, vous savez capter l'attention des caméras, quitte à parler de ce que vous ne savez pas.

Sourire arboré sur le visage, Didier Desville ne cache pas sa moquerie pour Cole Evens.

Didier Desville : Encore une fois, vous jouez au docteur comme une enfant et cherchez à établir des diagnostics psychologiques, ce qui est loin d'être dans vos cordes. M'accuser d'être incapable de gérer mes coéquipiers est un propos de mauvaise foi. Tout le monde peut constater qu'ils évoluent de semaines en semaines et j'ai l'impression que c'est cela qui vous effraie. Que des « tarés » comme eux puissent évoluer sans passer par votre « amour de la lutte », « du travail bien fait ». Indéniablement, ils ont progressé et sont bien plus capables de lutter que Monsieur Evens, sans jamais avoir suivi le moindre cours de lutte.

Je tiens à revenir un instant sur les propos de Monsieur Evens, je trouve cela assez étonnant que vous ne l'ayez pas repris d'ailleurs. Qu'il ne veuille pas de nous en tant que champions par équipe, je peux le concevoir, c'est tout à fait normal. Ceci-dit, que pensez-vous de son argument de déglorification du titre par équipe ? Seulement car mes deux coéquipiers sont atteints de maladie mentale, ils feraient perdre la gloire à un titre ? Même s'ils battent tous les challengers et les champions en titre ? Vous qui parlez de mérite, ne pensez-vous pas que c'est le plus important, les victoires dans un ring ? Je trouve ça d'autant plus étonnant car je suis sûr que d'autres personnes ont du penser ou dire cela lorsqu'une femme, vous, avez gagné des titres individuels ? Je sais comment fonctionne la mentalité des gens et je sais que le machisme est encore omniprésent dans la société. Utiliser un argument débile que d'autres ont déjà utilisé de manière similaire contre vous, je trouve ça pas très malin.

Peu importe, passons sur cela et revenons à vos accusations. Si je suis en charge de ces deux lutteurs, c'est que je suis disposé à le faire. Des gens qualifiés m'ont donné cette responsabilité et ce n'est pas sans raison. Vous parlez d'assassinat, de meurtres éventuels ou que sais-je ? Pourquoi ? En sommes-nous là ? Pourquoi craignez-vous mes partenaires à ce point ? Même s'ils vous battront, ils sauront s'arrêter au bon moment, ne vous inquiétez pas. Vous savez autant que moi que mes partenaires sont capables d'obtenir ce titre et vous envisagez complètement l'idée que vous perdiez contre nous. C'est ce que je retiens des propos de Monsieur Evens qui s'imagine déjà le scénario dans lequel nous portons ces ceintures par équipe.

Après ces propos, Didier Desville se lève et récupère la pile de dossiers pour les caler sous son bras. Il passe l'éponge sur la table du bureau où se trouvaient encore quelques miettes de biscuits puis se tourne de nouveau vers la caméra.

Didier Desville : J'ai du respect pour votre équipe contrairement aux deux autres que nous allons affronté. Vous n'êtes pas stupides et avez compris que pour gagner ce titre « Tag Team », il fallait être une équipe. Et vous comme moi savons que les deux autres équipes n'ont d'équipes que le nom car ils sont en tout différents et ne partagent aucune idée commune. Nous nous voyons lundi et j'espère que ce match sera d'une toute beauté car même si vous pensez que mes partenaires sont des « tarés », je sais qu'au fond de vous, vous attendez ce match avec impatience.

Je vous dis à lundi en espérant que ces rumeurs comme quoi vous êtes atteinte de fièvre soient fausses ou en tout cas que vous soyez en pleine santé lundi.

Cordialement.

Après la dernière partie de son message, Didier Desville se dirige pour aller éteindre la caméra mais se permet un petit signe de la main avant de couper le son et l'image pour de bon.

Xanax – Hého, les deux fous ? Azrael et Drash ? C'est à vous qu'on parle ! On a un message à vous faire passer et je suis pas certain qu'il vous fasse bien plaisir !

La caméra s'ouvre sur l'image des deux patients les plus connus de la Sanctuary of Wrestling : Al' et Xanax. Les deux lutteurs sont mal cadrés et on ne voit que leur corps, cela dit, ils essaient comme ils peuvent de montrer leur visage... L'utilisation de la caméra leur semble un peu compliqué et ils finissent par laisser tomber lorsqu'ils voient qu'ils n'arrivent pas à mieux faire.

Al' – Oui, en effet, comme le dit mon patient, Monsieur Xanax, nous venons de visionner votre message vidéo et je crois que vous vous méprenez réellement sur notre cas. A vrai dire, vous nous perturbez réellement tant il est difficile de vous comprendre. Sans parler de vos phrases qui n'ont aucun sens, votre propos n'a aucun ordre logique et il est difficile pour mon collègue de comprendre l'absurdité de vos paroles. Vous pouvez venir dans mon cabinet du mardi au jeudi de dix-huit heures à vingt heures si vous le souhaitez pour essayer de déceler votre pathologie...

Xanax – Ouais, ce que le gros veut dire c'est que vous êtes pathétiques les gars ! Si on met de côté vos accoutrements dignes d'Halloween, vous ressemblez à deux poivrots de bars en fin de soirée : complètement saouls ! Des propos homophobes, des comportements de ringards en imaginant Harper et un plaisir à parler de ce qui n'est pas du tout d'actualité pour vous : les titres par équipe. Vous feriez mieux de vous concentrer sur la baston, les mecs ! Car pour l'instant, personne vous donne le moindre crédit, tout le monde se moque de vous !

Voyant l'excitation de son partenaire, Al' l'écarte du bras pour se mettre en avant. Il prend son temps pour mettre en ordre les idées dans sa tête puis finit par reprendre la parole, non pas sans hésitation.

Al' – Al'... A l'inverse, vous semblez tous accorder beaucoup de valeur à notre équipe puisque vous parlez tous de nous sans cesse. Que ça soit La Garde qui s'en prend à mon employé, monsieur Desville, ou vous qui nous cherchez des noises, je crois avoir oublié ce qui nous a rendu si populaire... Enfin oui, comme je le disais... Je disais que... Peu importe.

Xanax – Et c'est sans compté que vous avez aucune chance en tant qu'équipe ! Vous faites que vous contredire, ça en devient lourd ! Retournez jouer dans la maison des horreurs, ahah ! Ici, on est là pour se fracasser le crane, pour se battre, et vu vos résultats dernièrement, à part vous coucher, ça donne pas grand chose ! Vous êtes dans la course au titre par équipe par dépit, les dirigeants ne savent pas où vous foutre alors ils se sont dits : « quitte à faire un match entre trois équipes, autant le faire avec quatre pour les deux abrutis » !

Les deux fous se mettent à rire en harmonie puis tentent de parler en même temps. Après un moment de discussion pour savoir lequel des deux parlera, c'est l'amnésique qui finit par accepter de commencer.

Al' – Al'avenir, vous feriez mieux de vous entrainer et d'arrêter de boire sans arrêt car votre cerveau semble sérieusement atteint et je ne donne pas cher de votre foie à cette allure là. Si vous êtes si forts que ça, nous verrons le résultat au pay-per-view. En tant que médecin, je vous préconise simplement de vous demander pourquoi personne ne vous voit gagner ce match...

Xanax – ET OUAIS ! Car vous êtes des PERDANTS ! Ahahahah. Allez, nous on doit aller se préparer, on a encore des entraînements ! On veut gagner ce match à quatre équipes car c'est seulement comme cela que l'on aura accès au titre... Mais si vous vous préférez vous attaquer à Darkside et Harper qui en ont rien à foutre de vous, faites comme vous le souhaitez ! Ahahah.

Le patient Xanax s'empare de la caméra et se met à la tourner dans tous les sens jusqu'à ce qu'elle finisse par s'éteindre, terminant la vidéo sur un rire aliéné...

La caméra s'allume et est directement pointée sur le visage de Didier Desville, souriant et le dos bien droit. Ses grosses lunettes reflètent l'intérieur d'une salle de sport où de nombreuses personnes semblent s'entraîner, frappant dans des sacs de sable ou s'affrontant dans un ring. Une fois sûr que la vidéo eut bien démarrée, Didier Desville se met à applaudir bruyamment en riant.

Didier Desville : Cole Evens, je te félicite et t'applaudis de bon cœur, tu m'as bien eu sur ce coup. Si je ne doute pas que c'eut été travaillé un peu en amont, ta dernière vidéo reste toutefois un signe d'une belle progression sur le point de vue de l'expression orale et de la construction des idées. Ne me crois pas ironique, je suis vrai dans mes propos. Vous voyez, La Garde, je vous mets des défis et vous y répondez parce que vous êtes comme ça. Vous ne vous laissez pas abattre et vous savez resté digne et c'est bel et bien pour cela que je me consacre à vous et que je laisse d'autres personnes comme Azrael et Drash à mes deux partenaires. Peu importe ce que je pense de vous, vous savez y répondre et agir.

S'essuyant le front avec la serviette qui pend sur son épaule, Didier Desville finit par la jeter au sol pour être plus libre dans ses mouvements, exprimant plus facilement ses idées.

Didier Desville : S'il devait y avoir un reproche à faire à cette fédération, c'est bien celui là. Ne pas nous avoir laissé tous les cinq sublimer ce match du pay-per-view. A quoi bon y insérer les deux autres « équipes » qui n'iront jamais loin par le simple fait qu'ils ne sont pas faits pour cette division. Ils se battent pour alimenter leur ego et cela n'a pas sa place lorsqu'il faut tout partager en deux. Jamais nous n'aurons ce problème, nous les 3H, car si nous faisons cela ce n'est pas pour la gloire mais seulement pour la réhabilitation ! Pour montrer au monde que tout le monde mérite une deuxième chance et qu'il ne faut pas juger les gens sur ce que l'on croit savoir d'eux.

Bien sûr, Al' et Xanax sont particuliers et ont leur caractère propre, chose qui d'ailleurs ne serait pas un mal pour quelques lutteurs de la fédération qui n'ont pas de personnalité et finissent par toujours répétés les mêmes choses. Toutefois, mes deux patients sont déterminés et malgré eux, ils sont doués et capables de remporter ce match. Les choses vont beaucoup mieux depuis quelques temps, ils sont aptes à se rappeler l'un de l'autre et font désormais réellement parti de la même équipe.

Didier se lève et se dirige vers la porte de sortie de la salle d'entraînement, derrière lui, les autres hommes se battent mais jamais par équipe, ils sont seuls et se regardent dans le blanc des yeux.

Didier Desville : L'équipe, c'est ça l'intérêt du match qui va avoir lieu au prochain payperview. Nous verrons quel binôme aura été le plus cohérent, le plus solide et le plus dominant. Si mon intérêt est entièrement vers vous, Carrie et Cole, c'est parce que vous savez, tout comme moi, que les autres équipes n'existeront plus s'ils perdent ce match. Quoiqu'ils arrivent, nous finiront pas nous retrouver car notre carrière à moyen-terme se consacre à notre équipe. Le soutien et l'encouragement que vous vous donnez l'un à l'autre, peu importe que vous soyez nos adversaires, c'est cela qui détermine une équipe. Vous ne vous lâcherez pas.

Et nous non plus. Cette fédération fait la grave erreur de croire que nous sommes ici par hasard et que nous ne tiendrons pas longtemps tous ensemble tant nos profils sont différents. Il ne faut toutefois pas oublier quelque chose, si l'un de nous trois échoue, on risque gros. Eux comme moi, ils n'ont pas envie que nous nous arrêtions ici. Ils ne veulent pas retourner d'où ils viennent, moi non plus.

Ouvrant la porte avec lenteur, Didier Desville s'assure que la caméra le suit toujours puis sort de la salle. Il se dirige dans un grand couloir blanc et à mesure qu'il parle, il continue son discours.

Didier Desville : Revenons-en à vous, La Garde. Monsieur Evens, vous parlez d'objectif d'équipe en parlant de nous comme si nous n'en avions pas. Cela me semble étrange. Vous venez d'arriver dans le milieu et votre objectif est le titre par équipe, soit, peu importe votre manque d'expérience se mariant mal à votre ambition démesurée. Je me demande juste en quoi l'obtention d'un titre est un objectif ? Ce n'est qu'un objet, que du matériel. Les titres n'ont jamais changé quoi que ce soit. C'est la symbolique qu'il y a derrière qui est importante et je doute que vous puissiez rivaliser contre nous sur ce plan. Si nous nous battons pour le titre, ce n'est pas juste pour les ceintures, mes partenaires n'ont aucune idée de ce que ça peut leur apporter et je n'irai pas leur transmettre la stupide idée que des ceintures feront d'eux des héros...

Pourquoi nous voulons les titres ? Pour qu'enfin on puisse être accepté tels que nous sommes, avec nos défauts. Peu importe ce que nous avons vécu, nous voulons prouver qu'aujourd'hui notre place est celle des champions par équipe. Et toutes les équipes qui s'attaquent à nous, vous y compris, qui ne cessent de nous traiter de fous, de tarés ou débiles, vous ne faites que nous donner de meilleures raisons de nous battre. Parce que nous sommes différents de vous nous sommes inférieurs ? Je serai toujours attristé de voir que cette idée n'évoluera jamais peu importe ce que nous apprend l'histoire. La différence psychologique de mes partenaires est évidente mais ce n'est pas un mal, c'est une force.

Nous voulons faire notre preuve en tant que lutteurs, bien sûr, mais aussi en tant qu'humains qui méritent autant que vous de faire partie de cette fédération.

La voix de Didier Desville s'accentue au fur et à mesure de ses paroles et une vraie foi se lit dans le discours du soignant.

Didier Desville – De plus, vous évoquez Darkside comme capable d'ordonner quoi que ce soit à mes partenaires mais vous vous trompez complètement. Leur cerveau est justement fait pour ne recevoir aucune information unique, il faut que celle-ci soit répétée des centaines et des milliers de fois. S'il faut encore argumenter en leur faveur, Al' et Xanax n'ont aucune conscience des risques qu'ils encourent ou du danger qui les guette, jamais Darkside ne pourra les effrayer comme il le fait avec les lutteurs simplets qu'il rencontre d'habitude.

Vous mettez en doute notre capacité à lutter contre Darkside et Harper mais qu'en est-il de Monsieur Evens ? Tout juste arrivé dans le milieu, n'ayant rien prouvé pour le moment, si ce n'est qu'il sait se servir d'armes, il doit abattre une des grosses pointures ? Je ne suis pas sûr qu'il soit plus approprié que mes partenaires dans ce match. Et c'est sans parler de Carrie qui, si elle connait bien Darkside, n'aura pas les mêmes effets de surprise sur cet adversaire pour qui elle n'est pas inconnue.

De toutes les manières, je vous trouve un peu impétueux de penser déjà à cela. Peu importe quelle équipe est la plus appropriée pour affronter les champions du moment. Vous savez pourquoi ? Car le prochain match n'est pas contre eux mais contre trois autres équipes qui ne vont pas se laisser faire comme cela. On n'en a rien à faire de qui seront les meilleurs pour affronter Darkside et Harper, l'important est d'abord de savoir qui peut avoir l'endurance et la force d'abattre trois équipes ? Et à ce petit jeu, je pense que mes partenaires sont plus coriaces pour tenir tête à plusieurs d'entre vous.

Finalement, Didier arrive devant un vestiaire à son nom, il s'apprête à rentrer mais conclut son message avant cela.

Didier Desville – Quoiqu'il arrive, je ne pense pas me tromper en disant que vous ne nous lâcherez pas si on gagne ce match. Et de la même manière, vous n'aurez pas la paix si vous veniez à gagner. Mes partenaires ne s'adressent pas directement à vous car je préfère le faire moi-même mais je peux vous assurer qu'ils n'en pensent pas moins. Leur cible, c'est vous. Et il me sera difficile de sortir cette idée de leur tête.

De bon cœur, je vous souhaite bon courage pour notre match. L'équipe qui gagnera le match ne remportera sans doute pas la guerre et c'est pour cela que je ne vous dis pas adieu mais au revoir.

Sur ce salut final, l'image se coupe.

La caméra s'ouvre et on retrouve la bande des 3H dans leur fameux bureau. Al' est en slip, assis sur le bureau, et Didier Desville lui ausculte la jambe. Le genou de l'amnésique du groupe ne semble plus être douloureux comme il l'a été depuis une semaine, ce qui semble réjouir les deux partenaires. De son côté, Xannax s'acharne à arracher avec ses dents des figurines à l'effigie de Darkside.

Al' – Monsieur Desville, vous avez fait un travail fabuleux, je ne sens même plus les douleurs dans mon genou. Depuis que je suis tombé de l'escalier, cela me faisait un mal fou. Un peu de rééducation et au final, ce n'était pas si grave !

Didier Desville – Al'...

Voyant le regard de son partenaire, Didier se ravise et joue le jeu imposé par l'amnésique.

Didier Desville – Docteur Al', cette blessure vient en fait de votre combat éprouvant du dernier payperview de la Sanctuary of Wrestling. Vous vous souvenez de ce match ?

Al' – Cela me dit quelque chose, en effet. Mais vous savez, je suis très occupé ces derniers temps, j'ai la tête ailleurs. Je passe mon temps à m'entraîner pour un match qui, je crois, va être important. Je ne sais plus trop pourquoi mais un enjeu de taille m'attend et il faut que je sois à la hauteur !

L'attention de Xanax est captée à l'entente du mot « match ». Il balance la figurine défigurée par la fenêtre et après qu'on ait entendu un cri provenant de l'extérieur du bâtiment, le fou furieux de la bande vient poser sa main sur l'épaule de l'infirmier.

Xanax – Le match ! Le match ! C'est celui pour le titre, hein chef ?! On va le gagner, vous nous l'avez dit ! Je suis prêt à abattre tout ceux qui seront sur mon chemin. Je suis prêt à tout, A TOUT ! J'en ai déjà déchiqueté six la semaine dernière, je peux recommencer des dizaines de fois, dès que vous me le demanderez !

Al' – Le titre... Le titre...

Didier Desville – Et oui, vous avez gagné un match très important et pas des moindres. Vous avez obtenu une chance pour défaire Darkside et Harper de leur titre par équipe ! Vu ce que vous avez montré lors du payperview, je n'ai aucun doute que ce match est à votre portée. Le titre, ça serait le début de la réhabilitation. Plus d'asile, un espoir de stabilité dans vos vies... Et dans la mienne. Vous comprenez ce que ça veut dire ?!

Al' – LE TITRE ! Je me souviens. C'est lui qui a gagné. Panasse. Mélasse. Xanax ! Mon ami, tu nous as fait gagner cet affrontement. Darkside et Harper... Ce sont le nom de nos futurs ennemis. Vous nous l'avez dit, Infirmier. Je l'ai retenu.

Souriant, Didier Desville tend le pantalon d'Al' et l'aide à l'enfiler. Une fois cela fait, il montre la sortie à ses deux partenaires.

Xanax – J'ai pas peur d'eux ! Ils ont l'air débile ! Je comprends pas qu'ils puissent faire peur à qui que ce soit ! Les clowns dans le genre, les fous furieux, on va les battre nous ! Hein, chef ?! Hein !

Didier murmure à l'amnésique de l'équipe quelques phrases.

Didier Desville – Monsieur le directeur, je pense que vous feriez mieux d'aller vous entraîner avec votre partenaire, il a l'air bien énervé et doit se défouler avant le prochain show. J'ai encore à faire ici, je vous rejoins.

Le regard vide mais semblant avoir compris, Al' acquiesce d'un signe de tête et traîne Xanax hors du bureau, refermant la porte derrière lui. Didier Desville s'assoit face à la caméra, regarde par la fenêtre puis se concentre vers l'objectif.

Didier Desville – Message à destination de Carrie et Evens. Ce qui s'est passé au payperview est regrettable pour vous. Je suis navré que nous ayons du faire le tombé sur vous pour gagner ce match mais cela vous montre que nous sommes prêts à tout pour atteindre notre objectif. Si nous ne l'avions pas fait, nous aurions encore été traités de fous, incapables de saisir les opportunités qui étaient sur notre chemin et donc indignes du titre Tag Team que nous convoitons.

La façon dont s'est terminé le match ne me convient pas, vous méritiez mieux et nous aussi. Notre victoire n'en est que plus petite. Encore une fois, j'aurai aimé qu'il n'y ait que vous deux et mes partenaires sur ce ring. C'était là l'intérêt du match. Malheureusement, les choses se sont déroulées autrement.

Je vous souhaite de régler vos problèmes le plus rapidement possible pour que ça ne se reproduise pas. Après cela, j'espère que vous nous confronterez de nouveau pour arracher l'or qui serrera nos tailles.

Nous nous retrouvons dans le bureau de la team 3H, nouvelle équipe championne de la Sanctuary of Wrestling. Les trois hommes discutent entre eux, regroupés en un cercle. L'impression que nous avons est qu'ils répètent quelque chose... Après quelques minutes, les trois lutteurs se tournent face à la caméra. Al' et Xanax vont chercher leur ceinture et l'exhibe face à la caméra.

Didier Desville : Mesdames et messieurs, je vous présente les nouveaux champions de la Sanctuary of Wrestling !

Les deux hommes évoqués soulèvent leur ceinture, tout souriant.

Didier Desville : En une semaine exactement, nous avons fait ce que personne n'attendait de nous.

Xanax et Al' – Nous l'avons fait !

Les deux champions répètent en choeur la fin de phrase de leur infirmier.

Didier Desville : Nous sommes désolés de ne pas avoir communiqué avant à propos de cette grande victoire, car oui, c'en est une. Nous ne l'avons pas volé comme le dirons les mauvaises langues. Les gogoles, les tarés, les barges, ce sont nous les champions, désormais. Nous l'avons fait.

Xanax et Al' – Nous l'avons fait !

Voyant que ses patients agissent comme il leur avait demandé, Didier Desville continue dans sa lancée.

Didier Desville : Rappelez-vous. Carrie et Cole Evans devaient remporter le title shot pour affronter Darkside et Harper. Ils nous ont attaqué sur notre integrité. Comme quoi nous étions des demeurés, des idiots, si ce n'est des usurpateurs. Et pourtant, lors de New Blood Rising, nous les avons battu, ainsi que deux autres équipes redoutables. Personne ne nous a félicité ce jour-là. Un coup de chance, le hasard, des circonstances qui nous arrangeaient. Là encore, personne ne nous voyait aussi forts que nous le sommes. Nous avons grandi. Nous nous sommes améliorés. Nous sommes aujourd'hui une équipe soudée. Une équipe championne. Nous l'avons fait.

Xanax et Al' – Nous l'avons fait !

Didier Desville : Pire encore, nous allions trépasser devant Darkside le maléfique. Oh oui, il est si fort, tout le monde le craint. Nous ne sommes que des abrutis et nous n'avions aucune chance contre lui et sa folle de femme. C'est ce que tout le monde répétait. Lui-même le premier nous faisait son numéro, juste avant le fameux show. Cherchant à nous intimider, il disait qu'il allait profiter de notre défaillance intellectuelle, que l'horreur dans les yeux de mes partenaires lui sera délectable. Une semaine plus tard, j'aimerai t'adresser un message, Darkside. Ca fait quoi d'avoir perdu contre ce que tu considères comme des abrutis ?

Te rends-tu compte que toi, le soi-disant Dieu, tu as perdu contre deux patients admis en service de maladies mentales chroniques ? Ca doit faire mal à ton ego, à ta mégalomanie. Ton si beau titre envolé. Tu parlais de se délecter, imagine juste à quel point je m'amuse de t'imaginer chez toi, sans ton titre, te demandant pourquoi tu as été incapable de nous battre. Te vaincre, nous l'avons fait.

Xanax et Al' – Nous l'avons fait !

Didier Desville : Allez vous enfin comprendre que Xanax et Al' sont deux redoutables lutteurs. Vos préjugés, vos sentiments de supériorité vous ont tous perdu. La cause de vos défaites ? Votre ego. A vous croire tant intelligents par rapport à mes patients, vous avez perdu conscience qu'ils n'étaient pas ici par hasard. Aujourd'hui est un nouveau jour, ce titre Tag Team va rester sur nos hanches un bon moment. Nous n’arrêterons pas de nous battre tant que cette fédération ne craindra pas notre équipe. Vous le comprenez ça ?

L'infirmier marque un temps d'arrêt et ses deux partenaires se regardent.

Xanax et Al' – Nous l'avons...

Xanax – Tu veux nous faire passer pour des cons là ? Tu l'as pas dit alors pourquoi on devrait dire ça ? Je comprends rien à ton plan, ça me saoule. T'es pas capable de te tenir à tes propres consignes, t'es vraiment qu'un cinglé.

Excédé, Xanax sort de la pièce, son titre à la main. Il laisse Didier Desville légèrement étonné et atterré par les difficultés de compréhension de son patient.

Didier Desville : Quoiqu'il en soit, ce titre sera notre objectif permanent. Nous ne laisserons personne le salir. Et nous vous montrerons que nous le méritons, que sa réputation ne sera pas entachée et qu'au contraire, nous redonnerons à la division Tag Team une plus grande exposition ! Nous n'avons pas d'ego surdimensionnés comme les autres lutteurs de cette fédération et c'est ce qui fera notre force pour défendre ce titre !

Depuis sa plus jeune enfance, il savait ce que c'était d'être rabaissé plus bas que terre. Ses grosses lunettes, son physique ingrat, toutes les raisons étaient bonnes pour le décrédibiliser. Jamais il n'était assez bien pour mériter ce qu'il possédait. Aujourd'hui, il était rôdé, qu'on le pense incapable de s'occuper de ses deux partenaires ou qu'il ne méritait pas de gagner, avec son équipe, un titre ? Cela lui importait pas.

La parole des autres n'a de valeur que lorsqu'elle est pure, dénuée de mauvaise foi, de préjugés ou de partialité. En soi, jamais. Le seul moyen de progresser est de se surpasser. Surpasser les autres n'est qu'un trompe l'oeil. Rien ne le prédestinait à la lutte, il faut le dire. Peu performant dans les disciplines sportives jusque là, il s'était plutôt dirigé vers l'intellect et l'aide à la personne. C'est ainsi qu'il s'était retrouvé infirmier, par manque d'ambition d'aller plus loin dans ses études.

Quel parcours étonnant. Aujourd'hui, il faisait parti d'une fédération de lutte. Et pas des moindres. Didier Desville le savait. Et c'est en repensant à tout son parcours qu'il alluma la caméra.

« Décrié, humilié, mis plus bas que terre, c'est comme cela que vous cherchez à atteindre mes partenaires ? Dommage pour vous, il ne se rende même pas compte de votre mépris. Vous passez votre temps à nous chercher des circonstances atténuantes, des raisons mettant à cause de notre titre, pourquoi? Car vous n'êtes pas capable de nous comprendre, vous n'êtes pas capables d'ouvrir les yeux. Dans votre monde doré où tout se passe comme vous le souhaitez, une anomalie est apparue.

Al' et Xanax.

Ces deux hommes ne sont pas parfaits, ni tout roses comme les licornes que vous empruntez pour vous rendre aux portes de la SOW. Ils ont vécu. Leur vie n'a jamais suivi le chemin tout tracé qu'il réserve aux plus chanceux d'entre-nous. On les disait foutus, incapables de faire quoique ce soit et aujourd'hui, où sont-ils ? Au sommet. Leur titre, ils le méritent plus que n'importe quel autre lutteur de cette fédération. Ils ont évolué plus que tous les autres, ils sont partis de plus loin que vous mais vous ont pourtant surpassé.

Et cela vous dégoûte.

Oui, c'est le mot. Je n'ai pas vu un seul d'entre vous être capable de les féliciter de leur travail. Vous êtes aveuglés par votre jalousie, votre haine de la différence. Sans cesse, vous les traitez de demeurés, timbrés, cinglés. A quoi bon ? Que cherchez-vous en les insultant ? La vérité, vous la voulez ? Vous essayez simplement de déverser la frustration qu'il y a en vous. C'est peine perdue. Vous êtes bien trop obtus, omnibulés par votre propre personne. Nulle équipe n'a été plus attaquée que la notre depuis que nous sommes arrivés.

Darkside et Harper.

Chomsky et Grayson.

Drash et Azrael.

Carrie et Cole Evens.

Kojiro et Thompson.

En l'espace de deux mois, nous avons du affronter le courroux de toutes ses personnes. Chacune ayant un profil différent, c'est un fait. Pourtant, tous, ils avaient la même haine, le même mot à la bouge. Le mot qui leur permettait de rabaisser Al' et Xanax à des sous-hommes. Et quand venait le moment de monter dans le ring... Il n'y avait plus rien. Ces sous-hommes que vous aimez voir n'existent pas. Leur différence est une force.

Oh, il est vrai que Chomsky a su trouver des qualités à mes partenaires dans ses derniers propos et je fus un tant soit peu émerveillé de voir enfin une étincelle d'intelligence dans cet homme. Dommage qu'il n'ait pas pu s'empêcher de m'attaquer juste après avec des imbecilités dont il a le secret. Ecoutez-le dire que j'enferme Al' et Xanax alors que grâce à moi ils luttent toutes les semaines, alors qu'ils possèdent désormais des chambres privées loin des autres patients.

Je suis un homme comme tout le monde, j'ai mes défauts. Toutefois, je n'enferme pas ces hommes, au contraire, je fais tout pour les ouvrir au monde. Preuve en est, ils ont progressé depuis qu'ils sont sous ma surveillance, à tel point qu'ils sont champions d'une fédération de lutte. En effet, je dois réellement les brider...

Néanmoins, c'est une attitude que je préfère. Attaquez vous à moi plutôt qu'à nos champions. Eux, vous ne pouvez rien leur reprocher. Et peu importe ce qu'il se passe, vous devrez faire face à ma personne avant de pouvoir les attaquer.

J'espère que le message est passé. »

Quelques secondes après, la caméra était éteinte.

Ah les femmes... Surprenantes, imprévisibles, casse-pieds... En fait, il n'avait jamais vraiment souffert de tout ça. Les femmes, c'était pas son truc. Enfin, non. Lui n'était pas le truc des femmes. Chouchouté par sa mère pendant de longues années, c'était la seule qu'il savait faire fondre avec ses yeux larmoyants masqués par ses grosses lunettes. Didier Desville n'était clairement pas un homme à femmes.

Pourtant, depuis son arrivée à la SOW, il n'arrêtait pas de les attirer. Harper, Meredith, Carrie. Cela le perturbait un peu d'être confronté à quelque chose qu'il connaissait si peu mais il s'y était fait. Il avait d'abord tenté d'être gentleman mais ce n'était visiblement pas la bonne méthode avec ce genre de femmes. Car oui, ces trois énergumènes sont loin de representées la majorité des femmes. Plus folles et battantes que toutes les autres, il l'avait appris de la manière forte. Et pourtant, jusque là, elles étaient toutes tombées à ses pieds. Les 3H avaient vaincu Carrie, d'abord, puis soutiré le titre d'Harper. Il ne restait plus que Meredith.

Et c'est en pensant à cette dernière qu'il fit glisser la clef dans la serrure de son bureau, s'apprêtant à commencer une vidéo à son attention.

« Chère Meredith, je remarque depuis quelques temps que vous êtes tellement peu au centre de l'attention que vous vous incrustez là où vous pouvez. Malheureusement pour moi, vous tombez dans mes pieds et j'en suis très gêné. Vous êtes, certes, très agréable à voir mais je ne comprends pas tellement ce que vous faites dans une fédération de lutte. A part vous plaindre, vous ne faites pas grand chose, vous n'avez pas compris qu'il fallait vous battre pour accompagner vos propos. Je ne sais pour quelle raison vous avez décidé de vous attaquer à moi : j'en suis flatté.

Un tel acharnement ne peut camoufler une certaine attirance que vous avez à mon égard. Rien ne vous forçait à venir m'attaquer mais vous n'avez pas pu vous empêcher de venir toucher ma joue avec votre main. Vous m'avez remarqué et avez tous fait pour attirer mon attention et vous avez réussi ! Malheureusement, je dois vous avouer que je préfère éviter les femmes avec un tel caractère, pour ma santé.

De ce fait, je m'excuse d'ores et déjà de prendre au sérieux le match où nous nous affronterons au prochain payperview. Malgré ma galanterie maladive, je serai bien obligé de river vos épaules au sol pour remporter la victoire dont personne ne me croit capable. J'ai un physique atypique mais il me suffira pour faire taire ce gouffre béant plein d'ignorance et d'insolence qui te sert de bouche, Meredith.

J'ai hâte de pouvoir en découdre avec toi mais ne t'en fais pas, même si tu perds, je serai tout de même là pour te tendre la main pour t'aider à te relever car, moi, j'ai des principes et que même si je me refuse à toi, je reste un homme éduqué capable de rester poli même avec des personnes franchement atteintes par la folie.

Sur ce, je te donne rendez-vous dans le ring lors du prochain payperview. Quant aux autres guignols, Al' et Xanax m'ont dit avoir prévu quelque chose pour vous, je n'en sais pas plus, attendez votre tour ! »

La caméra s'éteint sur le visage lumineux de Didier Desville, plus sûr de lui que jamais.

Depuis leur arrivée à la SOW, ils sont décriés et pourtant, jamais les insultes et les moqueries ne les ont atteints. Il faut dire qu'ils n'en ont jamais vraiment eu conscience...

C'est une journée comme les autres et les deux champions tag team se prélassent au soleil, leur ceinture en guise de miroir. La journée passe et les activités se diversifient. Xanax s'amuse avec un des palmiers entourant la piscine. Enfin, il se fait les dents dessus, tentant de le tronçonner avec ses incisives. Heureusement,  Al' est plus calme, même s'il est légèrement malade. Il faut dire qu'il vient de demander à un serveur sa dixième limonade. Oh non, pas tant qu'il avait soif, il a juste oublié qu'il avait assouvi son envie de boire...

Desville leur avait confié la mission de s'occuper de leurs adversaires à l'aide de la caméra qu'il leur avait prête. Al' avait complètement oublié cela. Ainsi, Xanax profita de l'inattention de son partenaire pour se cacher discrètement derrière un transat pour allumer la caméra.

Xanax : Une guerre se prépare ! Oh oui, moi j'aime ça la guerre ! On se rend compte de toutes les magouilles à la SOW et même si on comprend pas tout, on voit bien que ça tourne au vinaigre cette histoire ! AU VINAIGRE ! AU VINAIGRE ! AU VINAIGRE !

Va y avoir du bordel ! J'adore le bordel ! Mais nous, on s'en fout du bordel ! BORDEL ! Parce que c'est bien assez le chaos dans notre propre vie... Et ouais, vous avez bien vu les fous furieux foutent le bordel ! A tel point que j'sais même plus qui est avec qui... Je taperai sur tout ceux qui se rappellent de leur nom comme ça, y aura pas de chance que ça soit, le gros Al'. Hahahahahahahahahahahahahahahaha...

Se perdant lui-même dans son rire, Xanax en oublie la discrétion de mise pour éviter l'approche de son partenaire qui semble se rendre compte que quelque chose se passe. Sur la pointe de ses énormes pieds, Al' se faufile derrière Xanax. Enfin, se faufiler... Imaginer une baleine se faufiler et vous aurez l'image offerte par Al'... Enfin, en admettant qu'une baleine ait des jambes pour se faufiler... Peu importe, il n'empêche que le géant de l'équipe arrive finalement à constater que son partenaire tourne une vidéo et la demande de Desville lui revient alors ! Il attrape Xanax, le ceinturant fermement pour le balancer dans la piscine et rattrape la caméra au vol.

Al' : Nous voilà tous les deux, ma belle... Enfin, toi et moi, ça fait deux quoi. Moi, un. Toi, deux. Oui c'est ça. Je ne suis pas fou, vous savez.

A l'entente de ce mot, Xanax ressort la tête de l'eau et se bat contre un ennemi invisible, éclaboussant tout autour de lui.

Xanax : FOU! FOU! FOU!

L'amnésique regarde son partenaire du coin de l'oeil et lui-même s'amuse de la virulence de Xanax, comme s'il n'avait pas confiance d'être, lui aussi, fou.

Al' : Depuis le dernier payperview, Bloody Mary. Nous avons beaucoup progressé. Nous avons remporté quelque chose de gros, très gros... C'était quoi déjà...

Xanax,  derrière son partenaire et toujours dans la piscine, lui crie des mots pour l'aider à se souvenir.

Xanax : DES TITRES ! DES TITRES !

Al' entend la parole de son partenaire mais semble la confondre avec sa propre pensée et continue donc son discours sans même remercier le nageur agité.

Al' : Oui, voilà ! Nous sommes champions désormais. Et nous avons une réputation à tenir. Peu importe le nombre d'équipe,  nous les vainquerons. Il y a un mois, nous étions quatre équipes. Aujourd'hui, plus que trois. Suivant cette logique, dans deux mois, nous serons incontestés !

... Que disais-je déjà ? Je ne sais plus... Notre première défense de titre est importante et nous la réaliserons de manière claire et sans confusion. Par tombe ou par soumission, peu importe tant qu'il n'y ait pas de doute sur notre légitimité.

Tous ces chiens galeux viennent après eux deux. Les pauvres Xanax et Al' ce qu'il subissent... Mais c'est moi, Al' ! Ah bah oui, quelle coïncidence.  Figurez-vous que nous sommes lassés de toute cette agitation autour de nous.

Suivez notre affrontement prochain car nous allons marquer un gros coup !

Xanax : OH OUI DES COUPS !

Sur ces dernières paroles, Al' pose la caméra au sol en oubliant de l'éteindre et s'en va commander sa onzième limonade...