La scène démarre par un plan large sur le visage d'Anthony Goodluck. A en juger par ses traits crispés, on devine qu'il est en pleine concentration. Finalement, il semble se détendre peu à peu. Puis il fixe l'objectif, et fronce les sourcils.

Goodluck : Vous pouvez pas attendre que j'ai fini ?

Journaliste : Euh, désolé...

La caméra dézoome, révélant Anthony Goodluck installé sur ses chiottes. Puis on coupe.

*  *  *

Quelques instants plus tard, nous retrouvons Anthony Goodluck, avachi sur un canapé qui semble avoir connu des jours meilleurs, à l'image de son appartement miteux. Ses pieds reposent sur une table basse crasseuse et couverte de poussière ; une bière à moitié entamée y repose également.

Journaliste : Anthony Goodluck, bonjour et merci de nous accorder cette interview.

Goodluck : C'est moi, gamin.

Journaliste : Vous venez de faire vos débuts à SOW lors d'une dernier épisode de Showdown, le 23 novembre. Vous y avez disputé votre premier match, match perdu, face à « Poison Ivy » Meredith... comment vivez-vous cette défaite ?

Anthony Goodluck hausse les épaules.

Goodluck : Comme tu le vois, gamin, je fais la fête. Je m'éclate.

Journaliste : N'êtes-vous pas un peu déçu de ne pas avoir saisi l'opportunité de marquer le coup dès votre arrivée ?

Goodluck : Bah... entre nous, gamin, ça ne change pas grand-chose pour moi. Je suis dans le bas de la carte, donc que je gagne ou que je perde, ça ne change rien, mon contrat stipule que je suis payé pareil.

Journaliste : Hmm, tout de même, vous ne préféreriez pas...

Goodluck : Être en milieu de carte, voire au top ? Eh, si on me le propose, je veux bien, je suis pas débile. Enfin, s'il faut que je m'entraîne tous les jours pour y arriver, non merci. Je suis là pour gagner ma croûte et coller quelques gnons, pas pour me casser le cul et gâcher ma vie sur le ring. Tu sais combien de temps les types comme Philo, Syd Filmore ou Sex Bomb passent à l'entraînement ?

Journaliste : Euh... je n'en ai pas une idée précise, mais...

Goodluck : Moi, j'en ai une, d'idée précise. Beaucoup trop. Je préfère épuiser mon temps libre à vider des bières et zyeuter de jolis minois plutôt que de suer sur un tapis de course pour me maintenir en forme. Rien à battre d'être un bon compétiteur. Maintenant, si la direction de la SOW me propose demain un contrat en or pour me faire participer à ses Main Event, je veux bien, hein. Si la paye est bonne en plus, ça me permettra de quitter cet appart' minable et de me la couler douce dans les strip clubs tous les vendredi soirs. Mais entre nous, si un jour la SOW décide de compter sur moi pour ses Main Event, c'est qu'elle est vraiment dans la merde, ou qu'une épidémie de chiasse morbide a décimé tout le roster.

Journaliste : N'avez-vous aucune ambition ? N'espérez-vous même pas prendre le dessus sur Meredith lors d'un match-retour ?

Goodluck : Entre nous, gamin, je veux bien prendre le dessus sur Meredith, mais plutôt dans un lit que sur le ring. Après, si le public veut mater, ça me gêne pas.

Journaliste : Merci pour ces éclaircissements, monsieur Goodluck, et à très bientôt.

C'est parti pour une nouvelle interview avec Anthony Goodluck, qui a accepté une fois de plus de recevoir nos caméras dans son salon.

Journaliste : Anthony Goodluck, bonjour et merci de nous accorder cette interview.

Goodluck : Tu l'as déjà dit la dernière fois, mais de rien.

Journaliste : Oui, mais puisque c'est une nouvelle interview...

Goodluck : Ca va, mon pote, détends-toi. Tu ne vas pas me remercier à chaque fois, si ? J'ai pas sauvé un dauphin sur la banquise.

Journaliste : Un dauphin sur la... ? Hum ! Bien, Anthony Goodluck, vous étiez absent hier soir lors d'Injection, une semaine après votre défaite à Rage in Cage dans le Royal Cage Match où était en jeu le titre Intercontinental de la SOW. Ma question est simple, comment allez-vous physiquement ?

Goodluck fronce les sourcils.

Goodluck : Quoi, mec, y'a que ma santé physique qui te préoccupe ? Et le moral, on s'en fout, c'est ça ? Je suis juste une bête de foire, un clown qui est là pour amuser la galerie ?

Journaliste : Eh bien, euh...

Goodluck éclate alors de rire.

Goodluck : Hahaha ! Détends-toi de l'anus, gamin ! Evidemment que ça va. Je me suis mal réceptionné quand ces connards de Keibler et Sex Bomb m'ont jeté de cette putain de cage, mais je suis déjà en état de lutter. Ces tarlouzes d'officiels de la SOW ont préféré que je me repose pendant une semaine, parce que c'est plus sûr, selon eux. Pas folles les guêpes, ils voudraient pas se prendre une prune auprès des assurances.

Journaliste : Nous voilà rassurés. Comment envisagez-vous l'avenir, à présent ? Il est vrai que vous en êtes déjà à deux défaites... aucune victoire pour le moment, et vous avez été le premier éliminé du Royal Cage Match...

Goodluck : C'est sûr, ça fait mal au cul, et pas seulement au moment de la chute. Mais je t'avouerais que ce qui me déçoit le plus, c'est que mon seul moment de gloire à Rage in Cage n'a même pas été diffusé à l'écran.

Journaliste : Qu'était-ce donc ?

Goodluck : Mon entrée, juste avant le match !

Journaliste : Ah, oui.

Goodluck : Sinon, mon avenir, ben... peut-être une victoire prochainement, qui sait ? Voire deux. Ou trois. S'ils me font affronter une sexagénaire obèse, j'ai peut-être mes chances de gagner, à moins qu'elle me tombe dessus, hahaha ! Pardon, c'était de mauvais goût. Au fait, avez-vous remarqué que dans "sexagénaire", il y a "sex" ? C'est paradoxal, hein ? Hahaha !

Le journaliste se tourne vers l'objectif.

Journaliste : C'était Pete pour Jobber Wrestling News, en direct du salon d'Anthony Goodluck. A vous les studios !