Cette interview est diffusée sur le canal PPV de Ground Zero, quelques minutes avant le début du PPV.
La caméra s'ouvre sur Phil Salfino.
Phil Salfino : Bonjour à tous ! Nous sommes maintenant à quelques dizaines de minutes du PPV Ground Zero, avec de nombreux matchs à l'affiche. Plus de 10 matchs sont annoncés ! Une carte très chargée qui ne laisse pas de place à certains lutteurs, notamment les derniers arrivés dans notre fédération. Nous recevons aujourd'hui une des toutes dernières recrues, en provenance de San Francisco : "Hi-Fi" All-Dry. Bonsoir All-Dry.
All-Dry : Bonsoir Phil.
Phil Salfino : Alors puisque vous n'aurez probablement aucun droit de parole lors du PPV, vous avez maintenant l'occasion de mettre en place un premier contact avec la fédération. Vos premières impressions sur celle-ci et vos collègues de vestiaires ?
All-Dry : Il est toujours difficile de parler le premier à propos de notre environnement sans que celui-ci ait déjà commencé à nous juger. Je viens d'arriver hier et mes premières impressions sont mitigées. Si j'apprécie le fait d'être dans une aussi grande structure, je reste néanmoins très déçu de ce que j'ai pu observer jusqu'à maintenant, notamment au cours du House-Show d'avant-hier, en Ontario. J'ai pu apercevoir de nombreux lutteurs totalement hors de propos, n'arrivant pas à se trouver une réelle place sur le ring. Et la longueur des matchs ... Mais quel purge Phil ! Regarder un mauvais lutteur se dépatouiller dans un ring pendant 5 min comme pendant le match du triste Energizer, va encore ...
Mais devoir se trainer 30 minutes d'un lutteur en fin de carrière comme Methodcobra ... C'est inhumain, même pour les plus patients d'entre-nous.
Phil Salfino : Vous avez l'air patient vous ... A cracher sur le monde dès votre première interview. La déception de ne pas être au PPV ?
All-Dry tourne les yeux vers Salfino, le toisant.
All-Dry : Tu plaisantes ? Je viens d'arriver hier ici. Je viens de signer mon contrat. Et malgré ce que tu peux penser je dois encore faire mes preuves. Soyons réalistes ...
... Je n'apparaitrai qu'au prochain PPV. Dans un match pour un titre. Assurément. Il suffit que je fasse mes preuves dans un premier match. Pour le prochain Injection ou Showdown. Il me suffira de quelques instants pour ridiculiser mon adversaire de façon flamboyante.
Et là, seulement, tu verras que l'on me propulse directement vers des étapes bien supérieures à toutes celles dont n'importe qui ici pourrait rêver.
Ce n'est pas de l'impatience, c'est de la célérité. De la vitesse. Comme la cavalcade qui précède un bassdrop sur le dancefloor, je suis cette petite éclaircie qui nous fait attendre le gros moment qui viendra plus rapidement que personne ne peut même l'espérer.
Je me suis toujours construit seul, en musique comme en lutte. J'ai déjà touché à des titres, j'ai déjà de la notoriété à l'échelle nationale pour mes faits d'armes musicaux. Après vous en avoir mis plein vos esgourdes je vais vous en mettre plein les mirettes. Tu vois, un homme construit par lui-même. Un self-made man, qui n'hésite pas à saisir les opportunités qui s'offrent à lui !
Nous sommes en Amérique non ? Le pays des opportunités !
Eh bien, je suis bien décidé à en amasser le plus possible d'opportunités ...
... Et de les transformer en réussites étincelantes !
Phil Salfino : Merci bien, nous allons maintenant devoir nous quitter, je ...
All-Dry : Encore, une petite minute, Phil.
All-Dry s'approche lentement de Salfino et le regarde de haut.
All-Dry : Je connais ta réputation de petit fouineur arrogant qui croit que son job consiste à dérouter ses interlocuteurs. Je te préviens. Essaie encore de me faire du tort par tes propos déplacés ... Essaie encore de me faire passer pour ce que je ne suis pas, et je m'occuperai personnellement de ton cas. Garde tes méthodes pour les autres lutteurs.
All-Dry recule puis sort deux tickets de sa poche, il les glisse dans la poche avant de la veste de Phil Salfino.
All-Dry : Tiens ... Tu viendras avec ta copine à la soirée que j'organise ce soir à Atlanta. Au Drive-In Custer Club ... Tu apprécieras et tu n'hésiteras pas à vanter mes mérites. J'y mixe.
Vois cela comme un avant-goût de mon talent à multiples facettes.
Il se tourne alors vers la caméra.
All-Dry : Et je vous promet que bientôt, le mot d'ordre sera partagé par tous ici ... (Il baisse la tête, fronce les sourcils tout en regardant la caméra ouvre ses mains et se mord le coin de la lèvre) DROP THE BASS !
All-Dry jette un dernier coût d'oeil méprisant à Salfino et quitte la salle. Salfino reste muet.
La caméra s'ouvre sur Livia Orientale, adossée à un mur, l'air assez désespéré. Comme si quelqu'un était en train de lui raconter des choses inintéressantes. Elle lève les yeux au plafond.
Livia Orientale : Sérieusement, vous êtes tous les-mêmes. C'est gentil tout ça, les jolis mots, les parades ... Mais j'ai un job à faire ici, je ne suis pas venu à un atelier de rencontres pour célibataires endurcis !
La caméra dézoome et laisse apparaitre un All-Dry pas désarçonné pour un sou qui continue à adresser des mots doux et sirupeux à la jeune intervieweuse.
All-Dry : Attends, un aussi joli brin de fille qui n'aime pas se faire draguer ? C'est hallucinant. Ta timidité me rend encore plus attiré. Un si joli minois ne peut que s'accorder avec un lutteur aussi talentueux que moi. J'ai tout ce que tu peux désirer chez un homme. La discussion, le charisme, le talent, la situation professionnelle, la célébrité, l'humour.
Livia (sarcastique) : La modestie ...
All-Dry (à l'ouest) : Exactement ! Tu commences à reconnaitre mes mérites. Tu vas donc me laisser une chance ... Enfin, je vais plus t'offrir la chance de diner avec moi ce soir (Il attrape Livia par l'épaule) Toi, moi, Montréal au soleil couchant. Au Splendide, 33 avenue des Caribous ... Une table chère, onéreuse, hors de prix ... Mais rien n'est trop beau pour une femme comme toi. ET rien n'est inaccessible à ton futur nouveau petit ami ... Alors qu'en dis-tu ? C'est une offre que l'on peut difficilement refuser, hein ?
Livia : Tu sais ... Tu me fais penser à quelqu'un ...
Elle recule
All-Dry (fronçant les sourcils, le sourire s'efface de son visage) : Ah oui ... Je serais bien curieux de savoir à QUI, MOI, je te fais penser ...
Livia (pause, puis reprise) : A une belle merde bien prétentieuse pour ce qu'elle est réellement ... Y'en a eu des tonnes ici, de petites saloperies péteuses qui n'arrivait pas à mettre un pied de vant l'autre et se sont blessés bien avant d'avoir pu voir leur carrière décoller. En quoi serais-tu différent ?
All-Dry (enlevant ses lunettes, et se penchant vers elle) : Je sais tirer les leçons des erreurs de mes prédécesseurs et crois moi, ma belle, que toutes les petites frappes que tu as pues croiser sont bien éloignées de ceux que je représente. Je suis à la fois le passé, le présent et le futur de cette industrie, et ce n'est qu'une question de temps avant que je fasse mon trou ici-même. Le temps ne sera pas long, il ne peut pas l'être ...
Il ne doit plus l'être !
Livia : C'est vrai que tu commences bien ...
All-Dry : T'as du répondant, hein ? J'aime ça. Ca change des intervieweurs idiots qui récitent leurs questions comme si tout mouvement déplacé allait faire s'abattre sur eux mille feux rougeoyants.
Tu as vu le match, n'est-ce pas ? Tu as vu ce qu'il s'est passé. Tu as compris que je n'étais pas là pour rire et que sans ces stipulations stupides où n'importe quel blaireau peut venir briser mon Bass Drop, j'aurais fait abandonner Greed ... Tu crois qu'un révolutionnaire qui a désigné son logo sur Paint et un militaire stupide et hargneux auraient pu venir à bout de moi s'il n'y avait ce petit évènement perturbateur appelé ... le Coup de Chance.
The Fluke, comme on dit. All-Dry vs Fluke 1 vs Fluke 2 ... Deux coups de chance qui permettent à Greed d'obtenir une victoire venue de nulle part, sans mérite, malgré mon avantage certain, ma prestance et mon talent. A cause d'un putain de Bicycle Kick ? A cause d'un Swanton Bomb contré ? ET c'est sur ça que tu comptes me juger ... Tu me fais peine, j'espère que tu te donnes mieux au lit que pour tes analyses de lutte, sinon ce doit être d'un ennui mortel.
A partir de la semaine prochaine, un nouveau tournoi fondé sur un système de point entre en place.
Je sortirai vainqueur de ce tournoi ... Je remporterai tous mes matchs, je vaincrai n'importe lequel des guignols que vous mettrez face à moi, à commencer par Greed et Omega. Puis j'écraserai tous les autres petits salopards qui voudront se mesurer à moi, qui essaierons de glaner quelques points par-ci par-là et qui au final se feront botter le cul un par un.
Même celui qui est accompagné par Benjamin Marshall. Quantité négligeable.
Livia : Tss, un clubber comme toi qui ferait un grand sportif ...
All-Dry : Je ne suis pas un clubber comme un autre. Je vis pas la nuit aidé par l'alcool, et je ne vis par l'alcool aidé par l'ennui. Je ne vis que la nuit aidé par l'envie.
Et ça, ça fera la différence quand j'aurai mon Title Shot à l'issue de ce petit tournoi. Une bonne idée de la part de la direction, un petit tour de chauffe pas très challengeant mais de quoi me mettre en jambe avant le champion Intercontinental ...
Livia : Loudmouth ...
Elle quitte la salle, laissant All-Dry seul.
All-Dry : Encore une que je suis obligé de repousser. En mode Goss-Bo.
La scène se déroule au cours d'un House Show, le 13 juin 2012. La salle vient d'assister à quelques matchs et celle-ci est en ébulition. La soirée s'annonce radieuse pour la plupart des spectateurs. Quand tout à coup ...
Le thème de la nouvelle recrue de la SOW, All-Dry, résonne dans toute l'arène tandis que des huées s'élèvent des travées de la salle. Le lutteur n'apparait cependant pas sous son titantron. Il fait attendre la salle. La foule hue de plus en plus.
La musique se coupe alors soudainement. Les huées reprennent de plus belle. La foule n'aime pas que l'on se moque d'elle. Tous sont exaspérés de ne pas voir le lutteur arriver.
Tout à coup, une voix s'élève des gradins.
All-Dry : Oui, je sais ... Vous n'aimez pas forcément le coup du titantron qui marche à vide, de la musique qui se lance sans véritable arrivée ... Et je vous comprends !
All-Dry est dans les tribunes hautes, il commence à descendre les escaliers pour se poster en bas de la tribune haute. Il s'accoude aux rembardes.
All-Dry : Personne n'aime être pris pour un idiot, vous savez. Ni vous, ni le gros lard du premier rang qui gâche la vue à l'anorexique derrière lui (huée), ni le garçon qui essaie ridiculement de conclure avec la jeune fille qu'il a amené ici (rires), ni les tristes joueurs de la triste équipe locale de Football ... Pardon, Soccer, comme vous dites ici ... Je sais que vous n'aimez pas vraiment faire comme le reste du monde, saloperies de rednecks consanguins.
Il marque une pause.
All-Dry : Mais je vais m'arrêter ici de vous dire vos quatre vérités. Je sais que cela vous plait mais j'ai un autre sujet à aborder. Car contrairement à beaucoup de guignols qui pensent s'être déjà forgé une légende ici-même, qui s'autoproclament meilleur lutteur du monde, maitre du hardcore, pute de luxe, motard de l'enfer, vampire gay ou quoique ce soit d'autre, j'ai des choses intéressantes à dire et des points de vue intelligents à faire valoir. Et pourtant, je ne suis pas apparu un seul instant hier soir, alors que d'autres ont eu leur chance dans le tournoi visant à désigner le meilleur rookie. Je me plie bien sûr à ce jeu absurde de tournoi, car même si je n'apprécie pas la dénomination de rookie, une opportunité pour le titre Intercontinental se profile à l'horizon (Il pose la main au-dessus de ses yeux et fait mine de regarder au loin). Oui ... Au-delà de la houle et des tréfonds glaciaux, j'aperçois la lumière. J'aperçois des trésors voluptueux prêts à se faire dépouiller par le plus grand écumeur des flots catchesques : All-Dry ...
Mais ... Que vois-je ?
J'aperçois ... J'aperçois des écueils ... Des récifs noyés sous les vents dévastateurs et des navires qui se sont échoués, brisés contre le roc et la les plages de sable aussi fin que de la poussière d'ange. Tyson Greed, tel est le nom de ce navire.
All-Dry enlève la main d'au-dessus de ses yeux et fait mine de reprendre ses esprits.
All-Dry : Excusez moi, je me suis laissé embarquer dans le pompeux et le surjoué ... Il faut croire que les comportements théâtraux de lutteurs comme Junior ou Tyson Greed ont déteint sur moi ... Pas facile facile de côtoyer la misère du monde au quotidien. Encore hier, j'ai vu Greed s'entrainer devant un miroir pour corriger ses défauts de langage (imitant un homme avec un cheveu sur la langue) Ze Zuis la Révolussssion Sssssenssssassssionnelle ! Ah ah ah ... Sérieusement, un homme dont les lacunes comportementales sont si profondes ... Me vaincre ... En un contre un. A la loyale ! J'en doute mes amis ! J'en doute énormément ! Et c'est bien le sujet que j'ai envie d'aborder ... Tyson Greed.
All-Dry commence à descendre dans les travées. Il arrive aux abords du ring et se poste à côté de la table des commentateurs. Il demande qu'on lui apporte un casque avec un micro. Il prend le micro en main, le casque sur les oreilles.
All-Dry : Bonjour Mesdames et Messieurs, le petit Tyson Greed, victime de disparition et réapparitions ponctuelles est priée de se rendre à l'accueil. Sa mère est actuellement à sa recherche. Elle ne l'a vu apparaitre qu'au goûter les quatre derniers mois. Ce qui expliquerait sa légère surcharge pondérale selon elle ... Si le petit Tyson Greed est vu aujourd'hui dans les travées de cette arène, prière de l'accompagner à l'accueil. Signe distinctif : banalité hors-norme, regard bovin, bedaine tombante, cheveux gras et tendance à divaguer légèrement sur son réel statut. S'il vous parle de Révolution, parlez lui de Nicolas Besancenot et celui-ci se calmera immédiatement !
All-Dry repose le casque et le micro, hilare. Il rentre dans le ring avec un micro.
All-Dry : Voilà ce qui m'embête légèrement ces derniers jours. Pour tout vous dire, j'ai du mal à m'imaginer lutter contre Tyson Greed. Je suis effrayé à l'idée de lutter contre un enfant ... Sérieusement, vous savez à quel point les violences sur mineur sont répréhensibles ? Poser mes mains sur Greed équivaudrait à signer mon arrêt de mort ! L'Unicef me tombera dessus au premier Suplex ... Il parait qu'elle est déjà à la poursuite de l'Asiat' et d'Omega qui l'ont battu hier soir ...
Plus sérieusement, je n'ai pas envie de jouer à cache-cache pendant des mois avec Greed. J'entends bien ce que disent les observateurs. A l'issue de mon premier match à la SOW, il y a une semaine, ceux-ci disaient que Greed sortant victorieux de notre Triple Threat n'était pas une surprise. Ces mêmes observateurs attendent aujourd'hui un bon match entre le dit Greed et moi-même. Les observateurs se trompent ...
Je vais leur prouver qu'il se trompe sur la valeur de Greed en le balayant littéralement lundi prochain. Je vais le briser jusqu'à ce qu'il hurle en implorant ma clémence. Je n'ai ni le temps, ni l'envie de perdre mon temps avec lui. J'ai une course au titre à rejoindre. Alors ceci n'est qu'une première étape. Des lutteurs qui se proclamait révolution, nouvelle génération, tout ce que vous voulez ... il y en a eu des masses ! Bien plus que de véritables lutteurs transformant un premier espoir fou. Et je suis de cette engeance. Vous me connaitrez, apprendrez à me connaitre, m'adulerez et serez heureux de m'aduler. Et les observateurs seront bien obligés de reconnaitre qu'ils se sont gourés une nouvelle fois quand j'aurai rapidement disposé de Greed.
Celui-ci n'apparait qu'épisodiquement. Les veilles de show en vérité. Eh bien, je vais lui donner une occasion de se montrer encore moins souvent en lui faisant vivre le goût amer de la défaite. Je vous donne rendez-vous dans une semaine pour ce qu'on appelle communément un squash. J'espère que Greed daignera montrer son sale faciès lors de cette soirée qui s'avèrera certainement très amusante.
All-Dry jette le micro au sol et rentre dans les coulisses sous les huées.
