Rayne marche lentement dans un long couloir mal éclairé au bout duquel une énorme porte noire l’attend. Sa démarche est sensuelle et sa fine taille est parfaitement mise en valeur par les vêtements de cuire qu’elle porte. Arrivée devant la porte, elle s’arrête et soupire avant d’entrer. La porte se referme derrière elle, toute seule.

Rayne : Vous m’avez demandée?

La pièce est complètement plongée dans la pénombre, excepté l’endroit où la vampire se tient, qui est faiblement éclairé par des bougies. Elle baisse machinalement la tête, sans bouger le reste de son corps. Une voix rauque parvient à ses oreilles. La source se trouve à quelques mètres, juste devant elle.

???: Ça fait plusieurs mois que tu es ici, avec moi. Je crois que tu es prête à retourner de là où tu viens, à présent. Mais à simple titre de vérification, dis-moi ce que tu dois faire.

Rayne : Faire régner la peur, la souffrance. Détruire tous ceux qui se mettent en travers de mon chemin, pour faire respecter votre volonté. Plonger la Sanctuary of Wrestling dans une nouvelle ère de chaos. Venger ce qui vous a été fait par le passé, et massacrer celui que vous m’avez ordonné de massacrer.

???: Bien. Tu démontres bien que tu as parfaitement compris ce que j’attends de toi. Et je me doute bien que ceux qui t’ont laissée traîner dans leur ombre paieront le prix aussi. Tu es maintenant ce que tu devais être depuis le début.

Rayne : Je ferai couler le sang pour vous.

???: Voilà pourquoi je t’ai choisie, Rayne. Tu as pleinement conscience du danger que tu peux représenter. Tu peux retourner à tes sources de vampires, maintenant. Mais avant que tu partes pour la SOW…

Un objet tombe aux pieds de Rayne, qui se penche pour le ramasser. L’homme caché vient de lui lancer un papier, plié en quatre. La vampire le déplie, et lit ce qui se trouve dessus.

???: Rend-toi là-bas. Tu y trouveras mon frère. C’est lui qui t’aidera à dominer. Fais-lui confiance comme s’il s’agissait de moi. Il te sera fidèle autant qu’il est possible de l’être. Mais ne va pas contre sa volonté, ou il t’éliminera si vite que tu n’auras pas le temps de comprendre ce qui s’est passé. Suis-je bien clair?

Rayne : Parfaitement.

Un long rire sonore suit la réponse de la vampire qui esquisse un sourire.

???: Allez! Va!

Rayne : Tout ce que vous voudrez.

Elle range le papier dans sa poche, et tourne les talons, mais s’arrête devant la porte.

Rayne : Je vous promets de tout faire ce qui est en mon pouvoir pour faire valoir votre volonté. La SOW sera entre vos mains sans même que vous ayez à bouger d’ici. J’en fais serment.

???: Je sais. C’est pour ça que tu as été choisie.

Rayne salue l’inconnu d’un signe de tête, avant d’ouvrir la porte pour sortir. Elle doit se rendre à l’adresse indiquée pour récupérer un paquet bien spécial.

Rien n’a été facile pour Rayne, depuis qu’elle est partie. Elle a du faire un long chemin, pour finalement se rendre compte que l’adresse qu’on lui a donnée se situe au beau milieu de nulle part. La neige épaisse n’a pas été bien aidante pour se rendre jusqu’à cette cabane, qu’elle a aperçue à la toute dernière seconde, cachée au milieu des arbres dénudés de leurs feuilles pour l’hiver. Elle est maintenant devant la porte de la cabane, et frappe. Personne ne répond, ce qui fait monter en elle la colère. Elle a fait tout ce chemin, ce n’est certainement pas pour trouver une cabane vide.

Sa main droite se pose sur la poignée, qu’elle tourne lentement. La porte n’est pas verrouillée, et s’ouvre lentement, dans un grincement digne des meilleurs films d’horreur. À peine a-t-elle mis un pied dans la cabane qu’une silhouette s’avance vers elle, la forçant à entrer rapidement. Rayne se retrouve plaquée contre le mur. Une main lui serre la gorge, et elle a beau se débattre, rien à faire. Le peu de lumière qui pénètre dans la cabane lui permet de voir une bouche seulement… et quelques cicatrices. Le reste du visage de l’homme qui la serre contre le mur est caché par une capuche noire.

Rayne : A-Alastor… C’est moi, Rayne.

La main la relâche, mais lui attrape maintenant le poignet. Alastor l’entraîne vers une pièce, où Rayne découvre le corps d’un homme, couché sur le sol.

Rayne : C’est pour moi?

Il lui relâche la main, acquiesçant d’un signe de tête rapide. Rayne jette un regard rempli de gourmandise au corps, mais regarde à nouveau Alastor en souriant.

Rayne : C’est gentil, je suis affamée. Ton frère m’envoie, Alastor. Il m’a dit que tu étais celui dont j’ai besoin pour débarquer à la SOW. J’ai déjà pris la liberté de signer un contrat pour nous deux. Voilà comment ça se passera : Tu lutteras dans le ring, et je t’accompagnerai pour m’assurer que tout se déroule le mieux possible pour nous deux. Mais pour ça, il faut que tu me fasse confiance, d’accord?

Il reste droit, imposant, surtout face à une femme à l’apparence si fragile que Rayne.

Rayne : Bien. Je suis certaine qu’on s’entendra à merveille. Toi et moi, nous serons invincibles. Je brûle déjà d’impatience de te voir détruire ces humains.

Elle perçoit un sourire sur les lèvres d’Alastor. Lui aussi est impatient d’en découdre. Rayne s’en approche lentement, et lui retire la capuche. Derrière, elle trouve un visage étrange. De nombreuses cicatrices, des tatouages… Rien qui ne laisse voir la douceur. Pourtant, elle y trouve aussi des yeux desquels elle n’arrive pas à décrocher son regard.

Rayne : C’est beaucoup mieux comme ça. Ne cache plus jamais ce visage. Je veux que tout le monde à la SOW sache qui vient de leur faire connaître les pires sévices possibles de trouver dans un ring.

Le sourire de Rayne illumine son visage. Alastor la regarde longuement, et finit par lui rendre son sourire. Le courant passe à merveille entre eux. L’image se ferme sur la manager et son protégé, face à face.

Il serait anormal que tout le monde dans les coulisses ne se retourne pas pour regarder ce duo, qui marche en direction de la loge la plus éloignée des autres. Alastor ne sait trop comment réagir, lui qui a l’habitude d’être seul, à l’abri des curieux. Rayne marche d’un pas décidé à ses côtés, semblant ne pas remarquer l’attention des employés autour d’eux. En jetant un œil sur Alastor, elle s’arrête de marcher, et le retient par le bras. Alastor s’arrête lui aussi, la regardant d’un œil suppliant, avant de jeter sur les techniciens un regard mauvais, rempli d’une haine visible au premier coup d’œil.

Rayne : Qu’est-ce que t’as, Alastor?

Elle regarde autour et voit tout le monde les regarder étrangement.

Rayne : Vous avez pas un show à préparer, vous autres? Vous voulez que j’vous motive à vous remettre au travail?!

Il ne leur fallait rien de plus pour se remettre à la tâche, avec un sérieux qu’on ne leur a sûrement jamais connu avant. Rayne se remet en marche, accrochée au bras d’Alastor, jetant derrière eux des regards furtifs pour être certaine qu’ils ne se sont pas retournés vers eux.

Rayne : Tu peux être certain d’une chose, Alastor… Les humains sont des plaies. Ils vont tous te regarder comme si tu étais la pire chose existant sur cette terre. Et dans un sens, ils n’auront pas tort de le faire. Parce que c’est ce que tu deviendras bientôt. Le pire adversaire à avoir devant soi dans un ring si on veut gagner et s’en sortir indemne. Raphaël est privilégié. Il sera le premier à goûter à ta puissance. Je veux l’entendre se briser sous tes coups. Te supplier de le lâcher. Je veux le voir ramper vers les cordes comme si sa vie en dépendait. Si avant il pouvait semer la peur chez les autres, il faut qu’il sache ce qu’elle goûte. Je veux que tu fasses ça pour moi, Alastor. Met lui en bouche ce goût infect de la peur. Détruit ce qu’il est, et ce qu’il représente sans l’être. Donne-lui envie de rejoindre son frère et sa belle-sœur, six pieds sous terre. Peux-tu le faire?

Elle lève les yeux sur Alastor. Des yeux remplis d’excitation devant lesquels il ne peut faire autrement qu’acquiescer.

Rayne : Oh! Alastor! On ne fera pas de toi un monstre… On fera de toi LE monstre. Celui que personne n’ose regarder comme une vulgaire bête de cirque, mais plutôt comme son pire cauchemar. Avec ton talent inné pour la destruction, on fera de grandes choses. Des choses dont l’histoire de la lutte se souviendra pour toujours. Des choses qui resteront gravées à jamais dans la mémoire de ces nuisances. Et tout les deux, nous règneront sur cette fédération.

Ils sont arrivés au bout du couloir. La porte de leur loge est là, devant eux. Rayne regarde Alastor une dernière fois, avant d’ouvrir la porte de ce qui sera maintenant leur chez eux. Alastor reste planté là, à regarder l’intérieur de la pièce, pensif. Rayne croise les bras en observant attentivement ce qui sera la punition de tous ceux qui lui ont nui.

Les trois intervieweurs de la SOW sont réunis dans un couloir, près des loges des lutteurs. Ils ont l’air en plein débat important, auquel on va assister.

Eve: Hors de question! Je ne vais pas mettre un seul orteil dans cette loge!

Phil : Livia, tu devrais y aller… T’as l’habitude avec les vampires il parait.

Eve hoche la tête vivement, démontrant son accord avec l’idée de Phil. Elle réalise ensuite que c’est comme pousser sa collègue dans la fausse aux lions, et rougit de honte. Livia, elle, regarde en direction de la loge, les bras croisés, puis elle regarde Phil avec une certaine irritation sur le visage.

Livia : Qu’est-ce que t’insinues, toi?

Phil : J’insinue rien du tout! Juste que ton entourage compte plus de vampires que d’humains.

Eve : C’est un fait.

Livia s’approche de ses collègues, avec un regard qu’on ne lui connait pas.

Livia : Écoutez-moi bien vous deux. Je vais faire cette entrevue pour ne plus vous entendre. Mais prenez bien note d’une chose : Si vous me cherchez, vous allez me trouver. Et vous verrez que moi aussi je fais honneur au nom « Orientale ». C’est clair?

Eve : On voulait pas te choquer, Livia!

Livia : De toute façon, pauvre cloche, t’as aucune morale à me faire. J’préfère encore être vue comme la fille aux vampires que comme la pute de service de l’équipe.

Phil rigole en retrait pendant que les deux femmes se regardent, prêtes à se sauter à la gorge. Malheur à lui, puisqu’il attire le regard de la doyenne de l’équipe.

Livia : Et toi Casanova… Arrête de faire le beau, t'intéresse personne!

Outré, Phil va pour parler, mais il décide de se taire. Eve, elle, tourne vivement les talons et quitte les lieux. Livia se met en route vers la loge de celui que personne ne voulait interviewer, et frappe à la porte. Elle s’avance prudemment en la voyant s’ouvrir lentement, et passe la tête dans l’ouverture qu’elle a accidentellement créée.

Livia : Rayne? Alastor? Y’a quelqu’un?

N’entendant personne répondre, elle se résigne et recule doucement, pour heurter un obstacle derrière elle. Surprise, elle sursaute, avant de se retourner. Ceux qu’elle cherche sont là, devant elle. Rayne la regarde attentivement, des pieds à la tête, pendant qu’Alastor reste de glace, droit comme un piquet, sans même la regarder. Son attention est plutôt portée sur Rayne.

Livia : Vous m’avez fait peur! J’étais venue vous demander un interview, puisque vous n’avez pas donné signe de vie suite aux propos de Raphaël… pouvez-vous m’accorder quelques minutes de votre temps?

Rayne : Vas-y.

L’intervieweuse jette un coup d’œil à Alastor, qui la regarde maintenant, toujours sans bouger.

Livia : Vous êtes restés dans l’ombre pendant un bon bout de temps, à un point tel que certains se demandaient si vous n’aviez pas pris la fuite…

Rayne : La fuite? Devant quoi, si je peux me permettre? Raphaël? Come on, Livia, je croyais que tu étais la plus brillante des trois intervieweurs, quoi que ta présence ici en ce moment me laisse douter… N’es-tu pas un peu folle? Inconsciente peut-être…

Livia fronce les sourcils, démontrant son agacement. De son côté, Rayne s’amuse, poussant même le bouchon un peu plus loin en lui caressant les cheveux de sa main droite.

Rayne : Je croyais que tu étais l’intelligente des deux… Finalement je me suis trompée, tu es aussi conne que ta sœur.

Ni une ni deux, la main droite de Livia s’écrase sur la joue de la manager. Rayne la regarde, d’abord surprise, puis se frotte la joue, qui commence à rougir, laissant une marque de main. Alastor va pour saisir la rousse, mais Rayne lui attrape le bras, calmant aussitôt la colère de l’homme. Alastor la regarde simplement, en lui passant la main sur la joue, pendant que Rayne continue de regarder Livia.

Rayne : Continuons cet interview comme si n’était rien arrivé.

Livia hésite à continuer, mais elle sait qu’elle ne peut mettre fin comme ça à l’entretient. Sir Wilson ne serait pas content qu’elle ait laissé passé une chance d’en savoir plus sur Alastor.

Livia : Donc, où étiez-vous?

Rayne : En train de s’entraîner, bien sûr. On ne prend pas congé d’entraînement parce qu’on n’a pas de match. Malheureusement, semble qu’on soit les seuls à rester silencieux devant ce genre de situations. Entre l’agent de Puhdas qui ne se peut plus sur internet parce que « son client » n’a pas eu de match à Showdown et tous les autres qui se plaignent de ne pas avoir assez d’exposition… À quoi bon de toute façon? À quoi bon hurler « Je suis là! J’existe ! Regardez-moi! Donnez-moi du temps d’antenne ! Je veux un match ! »? À quoi bon pleurnicher parce que le méchant Sir Wilson ne vous donne pas ce que vous voulez? Vous êtes des lutteurs, ou des fillettes? Je vous le demande! Entraînez-vous, plutôt, ça vaudra mieux le jour où vous croiserez notre chemin. Nous, on est prêts.

Livia : Parlant de croiser votre chemin, Raphaël semble décidé plus que n’importe qui à vous faire face, mais cette fois, il vous veut sur SON terrain, soit Showdown. Qu’en est-il de vous?

Rayne : Comme je viens de dire, on est prêts. Malheureusement pour lui, par contre, Sir Wilson veut qu’il participe à ce tournoi auquel il ne veut pas prendre part. Alastor n’aurait pas dit non à prendre sa place, lui. C’est comme ça les humains. Ça veut toujours tout, et ça finit par ne jamais être content quand ça a finalement quelque chose. Toujours plus, encore, il leur manque toujours un truc. Raphaël a ce que les autres veulent : De l’exposition, et il ne veut même pas en profiter, tout ça pour quoi? Pour Alastor et moi. C’est fou n’est-ce pas!? Le bonhomme a tellement tout perdu qu’il se sent obligé de freiner « le mal » pour se faire pardonner à son frère de ne pas avoir été là au moment où il le fallait. De n’avoir rien fait. Ça doit être terriblement désagréable de vivre avec des remords. Mais alors!? Nous on s’en fiche. Alastor l’écrasera comme le vulgaire moucheron qu’il est, et fera comprendre à Sir Wilson qu’il mise sur le mauvais cheval… ou la mauvaise poule.

Elle sourit en caressant le bras d’Alastor du bout des doigts. Le monstre s’adoucit encore, lui qui n’a aucune patience. Rayne est son remède maison, si on peut dire. Livia semble surprise pendant quelques secondes mais son attention est vite attirée par Rayne qui se remet à parler.

Rayne : Il serait temps qu’il se réveille, le Raphaël. Si je n’ai pas peur de lui, Alastor n’est nullement impressionné. Il nous veut? Qu’il vienne nous chercher! On n’ira pas courir après lui! C’est lui qui veut notre peau pour une simple question de match perdu avec mon aide? Qu’il s’amène. Fin de l’histoire. Fin de l’entrevue, aussi.

Rayne s’avance lentement vers la porte de la loge, bousculant Livia au passage. Alastor reste là, un sourire inquiétant accroché aux lèvres. Livia commence à se sentir mal à l’aise à mesure qu’il la dévisage, et préfère partir, laissant Alastor rentrer rejoindre Rayne dans sa loge. La porte se referme, au bout de ce couloir pas particulièrement accueillant du à son froid, et à son sombre éclairage.

Rayne et Alastor sont dans leur loge, qui est complètement plongée dans l’obscurité. Le lutteur est assis sur une chaise au centre de la pièce, et la manager est debout derrière lui. La caméra se trouve directement devant le couple, offrant une image moyennement claire des deux créatures. Rayne rit doucement, dans un genre de roucoulement, qui fait sourire Alastor. Une télé est allumée près de la caméra, et la dernière promo de Raphaël est en train de passer en boucle. Depuis des heures, ils ne voient que ça sur leur écran.

Rayne : Regarde Alastor. Regarde ce qu’on a fait. Tu te rends compte? L’homme qui te traite de faible depuis des semaines vient de montrer qu’il l’est tellement, qu’il doit changer de personnalité pour nous offrir son bon vieux pote Luther Kay. C’est pas beau tout ça? C’est pas une preuve ultime de la peur qui le parcourt? Il sait qu’il ne pourra avoir le dessus sur toi. C’est pour ça qu’il doit se réfugier derrière un rôle qu’il ne voulait plus camper. C’est un signe de faiblesse. On a atteint la cible, Alastor. Direct en plein cœur. L’animal agonise, et sort ses dernières énergies pour essayer de se remettre sur pieds. Mais ça ne servira à rien. À rien du tout. Puisque les règles n’existent pas, pour nous. Ton frère serait content de voir ce que tu fais, Alastor. Il serait fier de toi. De nous.

Je me doute qu’on continuera d’entendre des connards dire que tu es faible. Mais la destruction que tu forces sur ce ring n’a rien de faible. On se fiche des ceintures. On se fiche des victoires. On se fiche des matchs. Ce qu’on veut, c’est offrir à tout le monde la récolte de tout ce qu’ils ont semé depuis des années. Tous autant qu’ils sont. Draven a bien parlé de nous l’autre jour. Pourtant…

Elle caresse le visage de son protégé, avec douceur. Il se laisse faire, détendu et serein. Les doigts de la jeune femme parcourent doucement les cicatrices qu’elle a apprises par cœur au fil des jours.

Rayne : Pourtant, il n’a jamais eu aussi tort qu’en ce moment. Je suis loin d’être devenue faible. Je suis enfin en plein contrôle de la situation. Après tout ce temps passé avec lui, je suis enfin libre. Parce que je t’ai toi, Alastor. Draven devrait savoir qu’il ne faut pas me sous-estimer. Pendant que lui se torture avec Pétale et s’amuse avec Angie, moi je prépare de grandes choses. Et tout ça, avec toi, grâce à toi, et à ton frère.

Le monstre prend la main de la vampire dans la sienne, et se lève de la chaise, qu’il envoie valser à travers la pièce. Rayne sourit, sadiquement. Elle regarde son protégé dans les yeux, sans broncher, malgré la poigne de fer serrée sur sa main.

Rayne : Que des humains ne soient pas capables de comprendre, je veux bien… C’est au dessus de leurs capacités intellectuelles, mais que Draven fasse l’imbécile et nie qu’il comprend, ça me choque. Nous sommes patients, n’est-ce pas Alastor?

Il hoche la tête en simple réponse. On ne peut pas vraiment s’attendre à plus de sa part, en même temps. Il reste muet comme une tombe, et Rayne continue de monologuer, sans même s’en soucier.

Rayne : Draven finira par comprendre qui tu es. Je n’ai aucun doute là-dessus. On n’a qu’a bien te regarder pour comprendre, quand on a connu ton frère. Et là, il réalisera l’ampleur de la chose que je suis en train de créer. De toute façon, il n’aura pas le choix, puisqu’on remontera tout doucement vers lui. Pour le détruire. Et je me délecterai de le voir souffrir contre toi. Tu montreras qu’être une grande gueule n’aide pas toujours. Mais avant, il faut en finir avec Raphaël/Luther. Mais ça sera chose facile…

Alastor l’interrompt en l’attrapant à la taille, la serrant contre lui, sauvagement. Il la soulève dans un mouvement brusque, la collant dos au mur, pendant que la vampire joint ses pieds derrière le dos de son protégé. Cette accolade violente est la dernière chose qu’on voit avant que l’écran ne s’éteigne.

C’est dans la loge d’Alastor et Rayne que s’ouvre l’image aujourd’hui. Pour une rare fois depuis quelques semaines, le couple se montre à nos yeux. La jeune femme est confortablement assise sur un sofa, avec un petit objet en main. La carte qu’elle a trouvée lors de No Survivor. Si avant de se rendre au ring elle l’avait jetée au sol pensant à la mauvaise blague, quelle n’avait pas été sa surprise de la retrouver dans la loge en revenant après le match. Depuis ce jour, elle passe le plus clair de son temps à regarder cette carte, essayant de comprendre. Alastor entre dans la pièce, calme. Il s’approche de sa manager, et lui arrache la carte des mains. Elle lève les yeux vers lui, et en l’attrapant par le poignet, il la force à se mettre debout, devant lui.

Alastor : Concentre-toi.

D’abord surprise de l’entendre parler, Rayne ne dit absolument rien, se contentant de le fixer sans bouger. Alastor sourit toujours, dominant la femme en lui tenant toujours le poignet bien fermement.

Rayne : Oui… Tu as raison. Les choses sérieuses commencent enfin. Tu as battu Draven, et tu es maintenant qualifié pour le Money in the Bank elimination chamber à Blood of champions. C’est drôle, comment le hasard fait bien les choses, n’est-ce pas? C’est dans le sang que ce match contre lui s’est terminé. Lui, qui était si fier de ses victoires passées, mais qui au final se fait écraser comme je l’avais prévu depuis le tout début par toi. Pauvre Draven, tourmenté à l’idée d’être victime une nouvelle fois de ce D. D’ailleurs, j’aimerais bien savoir qui est ce D. Pas toi Alastor?

Il hoche la tête, son sourire carnassier toujours accroché au visage.

Rayne : La bonne nouvelle, c’est qu’on connait déjà l’identité de deux autres participants du MITBEC. Et il se trouve que notre vieil ami RaphaëLuther a gagné sa place dans le match lui aussi. Tout comme cette petite Angie.

Elle marque une pause, dégageant brutalement son poignet, qu’elle frotte à présent pour faire disparaitre la douleur.

Rayne : Bon, pour RaphaëLuther ça sera facile d’éviter le sujet, vu le nombre de mots perdus qu’on a sur son compte depuis quelques semaines. Après, Angie a été à la hauteur d’El Verdugo sur son match la semaine dernière. Aucune importance, qu’il avait son match contre Puhdas. Faudrait peut-être que quelqu’un fasse remarquer à ces deux idiots que c’est une chance en or de mettre la main sur le SOW Title, qui se trouve à la clé de cet Elimination Chamber. Non parce qu’on s’entend, présentement les champions et leurs titres, on peut pas dire que ça vaille grand-chose. Entre Marvel et El Verdugo qui n’ont jamais gagné leur titre, et pratiquement aucune défense à leur actif et The N qui cherche quelque chose à se mettre sous la dent, ça vole pas haut à la SOW. Remarque, sachant que Wilson est à la barre de tout ça, et que l’autre personne à détenir des parts de la fédération est Draven, l’homme qui pète les plombs en entendant le seul nom de Pétale… Tiens ça me fait penser!

Le visage d’Alastor prend un air interrogateur.

Rayne : Je suis la seule à avoir remarqué que Wilson a reçu un mémo de « la direction »? Parce que je croyais que la direction c’était lui, aux dernières nouvelles en tout cas. C’est assez étrange. Presque aussi étrange que ces cartes que tout le monde préfère ignorer. Ou comme ces messages depuis le premier show. Tu vois Alastor, le problème avec ces sales humains, c’est qu’ils sont toujours précisément là où on s’attend à les voir aller. Dans un sens, Darkside n’a pas totalement tort quand il tente de sauver cette fédération. Au fond, quand on regarde la bande de minables qui la peuple… On a envie de la sauver. Tous dociles, à se conduire comme les moutons qu’on leur demande d’être. Les petits débordements amusants ne sont que routiniers, on s’entend. Personne ne s’occupe des titres, chose qui est assez inhabituelle quand on y pense. Pourquoi luttent-ils tous, si ce n’est pas pour devenir champions?

Il faudrait vraiment qu’ils se décident. La SOW est en train de devenir une pâle copie ratée de ce qu’elle était avant. Et eux, docilement, ils se complaisent dans le confort que ça leur offre. Ils continuent de se taper dessus sans savoir ce qui fait vivre leur envie de le faire. Nous, on a un but. Et on s’en approche avec cette participation au MITBEC.

Alastor hoche la tête, sûr de lui.

Rayne : Ce n’est que le début. Quand tu mettras la main sur ce titre, nous le foutront à la gueule de tout le monde, question qu’ils puissent admirer une bonne fois pour toutes qui est leur nouveau champion. Les choses changeront, et pas pour le mieux, crois-moi. Nous allons plonger tous ces humains dans une nouvelle ère de souffrances. Tu pourras déchaîner ce qui te coule dans les veines, comme bon te semblera, et ils ne pourront faire autre chose qu’encaisser. Parce que tu seras le champion, et donc supérieur à ces misérables bestioles puantes. Ils parlent, ils parlent, mais quand le temps d’agir vient, ils ne sont plus au rendez-vous. Ils laissent couler l’eau sous le pont en la regardant passer du haut du pont. Mais nous seront là pour leur donner le coup qu’il leur manque pour aller sombrer. Tous un par un s’il le faut. Personne ne sera sauf.

Elle regarde la caméra avec un large sourire, comme si elle venait à peine de se rendre compte de sa présence. Alastor fait de même, lui qui ne fait que sourire depuis le début du monologue de sa manager.

Rayne : Vous n’avez encore rien vu.

C’est sur cette dernière phrase que la caméra fade-out, laissant le couple à ses occupations.