On se retrouve en backstage, dans un des nombreux couloirs de la SOW où Eve interview avec plaisir Angie. La belle lutteuse est en tenue d’entraînement, et semble sortir d’une séance intensive. En sueur, l’œil pétillant, elle parait plutôt concentrée sur les questions que lui pose Eve. Sans transition, on passe dans le vif du sujet :

Eve : Angie, tu as entendu les promos de deux de tes adversaires lors du prochain show Injection, où tu vas devoir endurer un Fatal Four Way contre Dirnt, Green et une collègue féminine, Cassandra. Que penses-tu de leurs déclarations ?

Angie : je pense que ces bavardages enfantins seront la cause essentielle de leur défaite. Ils se focalisent chacun sur un seul adversaire, alors que nous serons quatre sur le ring. Quatre lutteurs très entraînés, ambitieux, prêts à tout pour montrer qu’ils méritent d’être dans un match aussi grandiose. Toutes leurs paroles ne sont que des mots qui s’enchaînent, on dirait qu’ils jouent à celui qui aura la plus grosse... tête ! Je leur conseille de remballer leur machisme, car Cassandra et moi nous serons bel et bien là, et nous ne faisons pas partie de la décoration ! Encore que pour elle, j’émets de sérieuses réserves, je pense qu’elle souffre d’une pathologie psychologique appelée syndrome du miroir, qui consiste à s’approprier la vie des personnages qu’on idolâtre, en particuliers les personnages dominants. Je pense notamment à Pétale et à d’autres stars de la lutte, mais il n’est pas dit qu’il n’y ait pas un medley de plusieurs individus dans sa tête. Je ne m’en méfierai pas à cause de son talent sur le ring, car si l’apparence et le verbe peuvent se copier, l’expérience elle ne saurait s’inventer, mais plus parce que c’est une hystérique, et comme tous les détraqués, elle nous réserve quelques surprises. Dirnt aussi est pas mal dans son genre de déjantés, mais tout comme Green il a d’ores et déjà choisi son adversaire, en choisissant bien entendu d’aller vers ce qu’il connaît. Ce genre d’adversaire le rassure, il sait sur quel pied danser. Tous les mêmes après tout, imbus de leur personne. Ça se tape sur la gueule sans réfléchir, des bestiaux ni plus ni moins. A comme c’est pratique d’avoir un adversaire qui nous ressemble ! Les hommes aiment le train train quotidien, les mêmes gestes, les mêmes odeurs, ça rassure. Mais dans cette opération simple Wilson a rajouté une équation plus complexe. Deux femmes. Une tarée, et une femme réfléchie, qui pourrait bien vous surprendre. C’est vrai, je conçois que jusqu’ici il ne m’a pas été donné beaucoup d’opportunité de montrer ma valeur, cependant plusieurs choses auraient dues les mettre en garde.

Eve : ah oui ? Lesquelles ?

Angie : mon intégration rapide parmi le roster. Le fait que Wilson me fasse confiance, alors que je ne suis pas de ceux qui s’imposent, que je n’ai pas un égo surdimensionné, à clamer haut et fort que je suis la meilleure et que je vais aller piquer le titre à Verdugo. D’autres parts, mes récentes rencontres avec des personnes que j’admire et que j’affectionne ont changé ma vision de certaines choses. J’ai adapté mon style à leurs conseils avisés. J’ai adapté ma vie en fonction de mes ambitions. Je suis désormais libre et parfaitement avertie. Si un homme averti en vaut deux, la femme quant à elle en vaut quatre, plus maligne, plus sournoise, plus opportuniste. Pourquoi crois tu que Draven croit en moi ? Et pourquoi crois tu que je crois en lui ? D’une façon ou d’une autre, nous avons cet instinct de chasse, si le sien est connu depuis longtemps, le mien a du être aiguisé, et Draven n’a pas son pareil pour le réveiller. Crois moi si tu veux, mais chacun de ses gestes et de ses paroles est gravé dans ma mémoire, et tous ses conseils, ceux de Pétale et de Méthodcobra, les longues heures d’entraînement, d’études des comportements de mes adversaires sur le ring, tout cela je l’ai minutieusement enregistré. Quand arrivera le combat, quand je serais face à mes adversaires, je mettrai en pratique cet enseignement et plus encore, j’agirai selon mon instinct. Anticiper, agir, contrer, attaquer. Je serai là où on ne m’attend pas, je serai celle que l’on a pas vu arriver, celle qui va surprendre par son audace.

Eve : de l’audace ? Oui c’est vrai que cela pourrait bien te convenir comme surnom, Angie l’audacieuse...

Angie l’arrête de la main en riant..

Angie : je trouve ça particulièrement pompeux et narcissique de s’auto nommer... le public saura le faire s’il le veut, mais je n’ai pas besoin d’un surnom, qu’on se souvienne de mon nom est déjà un beau cadeau, et je trouve que tout le monde a été particulièrement réceptif et ne m’a pas forcément homologué avec Draven. Je ne suis pas dans son ombre, et cela me ravit. Nous savons que nous pouvons compter l’un sur l’autre, cela dit cela ne veut pas forcément dire qu’il va intervenir en ma faveur à Injection, je pense au contraire qu’il va observer mon match avec bienveillance, car il n’y a rien de tel que de voir son alliée s’en sortir seule sans aide extérieure.

Eve : et si ça dérape, si tout le monde se mettait direct sur toi pour évincer le plus grand danger du match ?

Angie : tu fais du partie pris là Eve.... Je n’ai pas dit que j’étais le plus grand danger, mais qu’il fallait compter avec moi.

Eve : oui mais si tout le monde s’en prend à toi, ou si l’autre agresseur se manifeste, tu crois que Draven serait là pour te protéger ?

Angie fixe la caméra, le regard dans le vague.

Eve : Angie ?

La lutteuse reporte son attention sur elle.

Angie : je sais qu’il sera là pour moi.

Puis interrompant de façon plutôt brusque la conversation, elle s’en va vers sa loge. Eve reste assez interloquée par ce comportement puis fait signe au caméraman de couper.

Il fait si beau aujourd’hui ! Pourquoi rester enfermé dans les coulisses de la SoW ? On serait pas mieux sur la plage ? Une grande plage de sable fin, imaginons, il fait une trentaine de degrés et le soleil est agressif. Un léger souffle de vent s’engouffre dans les cheveux de la belle Angie, qui fait son jogging sur cette plage. Quelle coïncidence ! Portant simplement le haut d’un bikini noir et un short assorti, la jeune femme sourit en apercevant la caméra, et Eve qui se tient à côté de son collègue. Accélérant le rythme, elle les rejoint en quelques foulées. Ses muscles tressaillent à chaque mouvement, le caméraman zoome sur les longues jambes fuselées, les abdominaux bien dessinés, le piercing étrange qu’elle porte au nombril, puis son torse et ... et rien puisque la jeune femme est déjà devant lui, elle remonte l’appareil d’un geste de la main et le fixe à travers l’écran.

Angie : ça ira pour les gros plans Jeff...

Elle embrasse Eve, le caméraman et prend le temps de recouvrer sa respiration. Eve lui tend une bouteille d’eau et la lutteuse avale le contenu rapidement.

Eve : ça t’embête si on te pose quelques questions sur le match que tu viens de remporter à Injection, ainsi que ce que tu penses de Sylvain Primeau, ton futur adversaire ?

Angie : pas du tout. Vas-y, je t’écoute.

Eve : je vois que tu n’as pas pris la grosse tête alors que tu as gagné le fatal four way en version hardcore. Tu t’y attendais ou c’est juste parce que tu vises plus haut ?

Il y a de la fierté dans le regard qu’Angie lui lance, mais pas de prétention.

Angie : ça va paraître peut être un peu arrogant, mais je m’y attendais oui. Tout s’est passé exactement comme je l’avais imaginé, les deux hommes se sont concentrés l’un sur l’autre, me laissant seule avec Cassandra. Et Cassandra, elle, était le maillon faible du match. Tout le monde le savait. Dirnt et Green ont beau dire ce qu’ils veulent, ils n’ont pas été à la hauteur de l’enjeu. Peu importe sur qui j’ai porté le tombé et dans quelle circonstance je l’ai fait, la victoire est mienne à présent. C’est ce que j’attendais. Mais ce qu’il y a de plus important pour moi, c’est la suite. J’ai de grandes ambitions et je sais que Wilson saura en faire bon usage. Et je dois dire que quand j’ai croisé le regard de Draven en rentrant en backstage après le match, j’étais pas peu fière !

Eve : et donc, tu as entendu Sylvain parler de votre match ?

Angie : Bien sur. Je prends très au sérieux ce combat, peut être encore plus que les précédents. Sylvain est comme moi, il débute, il a des choses à prouver, peut être encore plus que moi, puisque lui doit en plus se battre contre les idées reçues, fils de et compagnie. C’est son premier match, et il va essayer de faire une grosse impression. Je ne doute pas qu’il va tout donner. La différence entre nous commence là. J’ai débuté il y a quelques semaines et je suis déjà imprégné de l’atmosphère différente de la SOW. J’ai pris des repères, je m’y sens comme chez moi. Je suis donc un peu sur mon territoire. Et cela me donnera un avantage certains durant ce match. Bien sur, comme le champion Hardcore l’a rappelé dans une de ses interviews extérieures, une femme restera toujours moins puissante qu’un homme. Mais pas moins efficace. Pas moins déterminée. Et là-dessus, j’avoue que j’ai hâte de montrer que face à un lutteur technique comme Sylvain je peux aussi sortir mon épingle du jeu. Je ne suis pas seulement hardcore, je sais aussi me défendre sans arme. Mieux, je sais attaquer sans arme. Contrôler, manipuler, et frapper sans arme. Pour cela, la leçon la plus utile que m’ait donné mon mentor, l’instinct. Saisir l’opportunité quand elle se présente, faire avec et transformer l’essai en victoire. Sylvain a la détermination, moi la vaillance. Mais il n’y aura qu’un seul vainqueur, et elle est devant toi.

Eve : tu as pris de l’assurance Angie, pour un peu je penserais que tu as changé...

Angie : non, je n’ai pas changé, je me suis adaptée c’est différent. J’ai adapté ma lutte et mon style de vie à cette passion. La Sow est ma raison d’être à présent, et je compte bien être dans ses têtes d’affiche à l’avenir. Tu m’excuses, j’ai encore une dizaine de kilomètres à faire avant de rentrer prendre une douche, ensuite retour dans les murs de la Sow...

Eve : bien sur, à plus tard !

L'image devient noire au moment où la jeune femme repart en courant vers le sable mouillé.

Angie sort de la douche après un long et difficile entraînement. Depuis quelques temps elle est sur un petit nuage, elle accumule les victoires et se targue même d’aider une légende au mieux de sa forme. Elle sourit en repensant à son match lors de Showdown. A nouveau ils ont fait la différence dans un combat qui aurait pu tourner mal, mais la complicité et la confiance mutuelle ont fait d'eux une équipe redoutable. Certes il était un peu tôt pour parler de partenariat, mais il faut avouer que les voir ensemble sur un ring, ça a de la gueule quand même ! Et pour fêter l’événement, rien de tel qu’une émission de télévision très prisée. Chaque soirée des superstars du cinéma et du sport se rencontraient sur le plateau pour parler de culture, de divertissement et de sport. Personne ne savait qui il allait croiser, et son cas ne faisait pas défaut. Pour la peine elle devait repasser chez un couturier pour prendre sa robe et se rendrait directement au lieu de tournage. En une heure elle fut sur place, des accessoiristes s’empressèrent de la délester de sa tenue encore dans sa housse et la conduirent vers sa loge. L’effervescence qui règnait ici lui rappelait son lieu de travail. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu’elle avait débarqué à la SOW, et depuis que de chemin parcouru, d’adversaires et de collègues valeureux et dignes elle avait affronté ! Angie laissa la maquilleuse s’occuper de son visage, puis la coiffeuse s’affairer dans ses longs cheveux. Bientôt sa beauté fut sublimée par le talent des employés et elle sourit à son reflet. Il était rare qu’elle soit ainsi mise en valeur. A dire vrai, cela faisait même un long moment qu’elle ne s’était pas maquillée et coiffée pour sortir, tout simplement ! Soudain elle fut rattrapée par sa solitude. Le travail avait rempli sa vie, comblé le vide laissé par Tristan. Elle se sentit très seule comme souvent, mais aussitôt elle chassa ses idées noires et rendit son sourire à l’assistant son qui venait installer son micro portable. Un vieux poste diffusait le soundtrack du film « Ghost ». Elle se leva et s’approcha de la fenêtre pour observer la nuit qui tombait doucement sur la ville. Elle songea un instant qu’elle aimerait beaucoup danser ... mais avec qui ? Elle fronça les sourcils. Son répertoire était rempli de numéros de fans et de collègues d’autres fédérations qui souhaitaient diner avec elle, mais elle avait tout refusé en bloc jusque là.

Assistant : Madame, il est temps d’y aller.

Avant de partir elle jeta un œil sur son reflet et sourit au miroir. Elle était magnifique dans cette somptueuse robe noire en cuir ! D’une démarche féline elle suivit le jeune homme qui courait presque devant elle et elle accéléra le pas jusqu’à arriver tout près du plateau. Elle entendait le public rire et distinguait le journaliste et l’invité de dos. Le premier n’était autre que Phil Salfino en personne, belle progression pour ce jeune baroudeur que d’avoir son propre talk show en ville, et de recevoir des vedettes en prime time... L’assistant lui fit signe que ce n’était plus qu’une question de secondes. Elle entendait Phil qui la présentait comme l’une des plus grandes étoiles montantes de la lutte.

Phil : Angiiiiiiiiiiiiiiie

Le public applaudit tandis que la jeune femme s’avance d’une démarche assurée jusqu’au centre du plateau et se retrouve face à ... Bruce Willis en personne. Elle sentit immédiatement ses joues se colorer, maudit héritage de sa grand-mère irlandaise ! Le moindre choc émotionnel et hop, elle virait au cramoisi ! L’acteur se leva pour lui baiser la main de manière très courtoise en lui souriant, elle se sentit défaillir – vite il faut que je m’assois – et s’empressa de s’asseoir sur un des fauteuils confortables à sa disposition.

Phil : Angie ! Quel plaisir de vous retrouver ce soir, mais cette fois-ci dans un lieu un peu plus amical et léger que la Sanctuary Of Wrestling. Comment allez vous ?

Angie : bien, merci.

Phil : nous venons de regarder un reportage sur vos débuts fracassants à la SOW, que pensez vous de votre parcours jusqu’ici ?

Angie : que j’ai encore beaucoup de choses à découvrir, beaucoup de combats à vivre et à remporter, j’espère !

Elle rit sur cette note d’optimisme et croisa fébrilement le regard de Bruce qui semblait vouloir la dévorer des yeux.

Phil : Une chose intrigue toutefois vos fans et beaucoup de vos confrères. Cette alliance avec Draven, qui semble presque « contre nature » tant vous êtes si différents tous les deux. Vous êtes une personne respectée, adulée, d’où sans doute votre surnom de Babygirl, et votre gentillesse est décrite par tout votre entourage, cependant vous vous êtes liée d’amitié avec l’homme le plus détesté de l’histoire de la lutte, quasiment le diable en personne. J’ai déjà bien du mal à ne pas me sauver en courant en le voyant, alors ça nous intrigue, comment vous faites pour le supporter ?

Angie : Draven n’est pas celui que tout le monde pense. Enfin pas avec tout le monde. Pas avec moi. Il faut savoir de temps en temps gratter un peu sous le vernis pour trouver de l’or, son amitié n’a pas de prix à mes yeux. Il a été là quand j’ai eu besoin de lui, je serai toujours là pour lui.

Bruce : mais vous n’avez pas peur qu’il vous « croque » ? (en riant)

Angie rit aussi et le regarda dans les yeux.

Angie : non, je ne suis pas sa proie. S’il veut chasser il y a des milliers de filles qui n’attendent que ça dehors, j’ai l’impression que j’ai gagné son respect et son affection. Je n’ai pas peur de lui. Du moins plus maintenant.

Phil : Angie, on dit que vous avez soupçonné Darkside d’être l’auteur de votre attaque, cependant il nie avoir participé à cela.

Angie : et vous le croyez ? Vous croyez un homme qui semble porter d’avantage d’intérêt à la mise en scène et à la manipulation qu’à son entraînement ou ses coéquipiers ? Non, sérieusement, Darkside sait très bien comment leurrer l’audimat et même passer pour un bon samaritain. Je ne crois pas un mot de ce qu’il prononce, tout est à prendre avec un maximum de recul. Ça peut très bien être lui, mais cela peut aussi être quelqu’un qui voulait profiter de son arrivée pour frapper et faire porter le chapeau à un autre. Regardez bien ce qui va se passer dans les semaines à venir. Si Darkside n’est pas l’auteur, alors dès lundi à Injection nous aurons droit à d’autres méfaits. Ce n’est pas en menaçant de représailles que la direction mettra la main sur celui qui nous a fait ça. Il faut agir en profondeur, provoquer l’erreur qui le fera se trahir. Pourquoi pas en offrant une récompense à celui qui détiendra des informations sur lui ? Mais le meilleur allié de la vérité est le temps, à un moment ou un autre, mon agresseur va tomber dans le piège tout seul, avouer ses attaques, et se prendra ma vengeance quand il s’y attendra le moins. Pas besoin de courir, le temps joue en ma faveur. Plus il attend, plus je progresse et devient forte. Plus j’absorbe la force que Draven me transmet, j’enregistre et corrige mes propres défaillances pour les transformer en richesse. Je ne commets jamais la même erreur deux fois. Croyez moi quand je vous dis que je ne laisserais plus jamais quelqu’un me frapper dans le dos. Il regrettera sa lâcheté.

Phil : Bruce ! Je vous sens subjugué par la demoiselle ! Vous n’avez jamais assisté à un match hardcore ?

Bruce : j’ai eu ce privilège, mais je regrette sincèrement de ne pas avoir assisté à un de vos combats ! Le reportage diffusé tout à l’heure semble suggéré un énorme investissement, vous vous entrainez combien d’heures par semaine ?

Angie : environ six heures par jour, six jours sur sept, et le temps que je ne passe pas sur le ring est dédié aux dédicaces, conférences, interview, visites médicales, coaching, enfin bref, quand on rentre à la SOW, on respire SOW, on vit pour la SOW. C’est un véritable sacerdoce ! Mais je ne me plains pas, je voyage beaucoup, je gagne bien ma vie, et surtout, surtout, je fais le métier que j’aime. Je n’ai pas de regret.

Phil : peut être en aurez vous un jour, quand vous voudrez avoir des enfants par exemple ! Marvel a sans doute raison de lutter contre la banalisation du hardcore, qu’en sera-t-il si vous apprenez un jour que vous ne pouvez pas avoir d’enfants à cause de vos combats extrêmement violents ?

Angie se met à rire puis redevient un peu sérieuse : il faut être deux pour avoir un enfant, du moins selon moi !

Phil : qui se propose dans la salle ???

Il lève la main vivement, accompagné par Bruce et par quasiment tous les hommes de la salle.

Phil rit de sa petite plaisanterie avec eux puis revient à la charge.

Phil : non sérieusement, Angie, pourquoi vous obstinez vous à faire ce type de match, c’est vraiment dangereux.

Angie : pas plus que ce que nous faisons tous chaque jour. Et nous sommes extrêmement bien encadrés. J’ai parcouru un peu les coulisses d’autres fédérations et je vous assure que j’ai vu peu d’entreprises où on mettait autant de moyens pour assurer la sécurité et le soin des lutteurs. Au moindre danger, tout est revérifié mille fois, méthodiquement. Je me sens en parfaite sécurité, même dans les actes les plus extrêmes que j’accomplis sur et en dehors du ring. J’ai été entraîné pour cela, n’oublions pas que nous avons tous un cerveau et que nous serons les premiers à choisir d’infliger ou pas un coup violent ou pas. Ce n’est pas comme si nous frappions dans le tas sans savoir, nos actes sont réfléchis, optimisés. Et si un accident se produit, chacun d’entre nous en assumera les conséquences. Ce sera le destin, et pas la faute au Hardcore. Cessons de cacher la forêt derrière l’arbuste, Le danger ne vient pas des armes mais des hommes qui les utilisent, on peut d’ailleurs remercier Darkside pour sa promo qui en est l’exemple même. Dans les mêmes circonstances, une autre personne aurait agi différemment. Lui est le mal absolu, il diffuse le mal. Si je suis le bien absolu, je diffuserai le bien et répandrai une autre vision du hardcore. Parfois il ne faut pas s’arrêter aux conséquences, mais chercher les causes. Donnez du hardcore à Sylvain, 303 ou moi-même, et nous en ferons bon usage. Mais pour voir le bien, il faut que le mal existe, hélas. Aussi nous avons tous notre utilité dans cette charmante fédération d’extrémistes de la lutte, et j’en suis fière.

Phil : c’est vrai que nous avons des athlètes de haut niveau. Bruce, intéressé pour venir voir le prochain match d’Angie ? Ce sera Injection en plus !

Bruce : très intéressé !

Phil : alors le rendez vous est pris, je m’occupe de vous trouver une place de choix pour ne rien manquer ! Angie, merci pour votre visite sur ce plateau, on se revoit très bientôt dans les couloirs de la Sanctuary Of Wrestling ! Bruce, merci d’avoir pris le temps de nous tenir compagnie, bonne chance pour le tournage de votre prochain film ! Quant à nous, cher public adoré, j’vous dis à très bientôt et sortez couvert !

Le tournage se termine et Phil vient discuter un peu avec Angie, sitôt rejoint par Bruce. Ils discutent un moment sport puis Phil doit s’éclipser, laissant la jeune femme seule avec le comédien. Un ange passe pendant une ou deux minutes durant lesquelles ils se regardent sans savoir trop quoi dire, puis chacun se décide, mais en même temps :

Angie/Bruce : vous... tu ...

Puis ils partent d’un grand éclat de rire.

Bruce : et si on se tutoyait ?

Angie : pourquoi pas ...

Bruce : et si on allait dîner ?

Angie est décontenancée par le toupet de l’acteur qui semble peu habitué aux refus... Bien que réticente à sortir avec des inconnus, elle se laisse vite emporter par l’opportunité : dîner avec Bruce Willis, ça ne se refuse pas ! Et son mentor serait le premier à lui rappeler qu’il faut laisser son instinct guider ses pas !

Angie : d’accord !

Il la raccompagne jusqu’à sa loge pour qu’elle puisse enfiler une tenue plus décontractée puis ils se glissent dans un taxi à la sortie du studio.

A suivre !

Vêtue d’un jogging noir, casque stéréo sur les oreilles et cheveux attachés en un chignon très serré planqué derrière un bonnet gris foncé, Angie parcourt les rues de Montréal dans une petite foulée, sa concentration est focalisée sur son souffle régulier, son pouls rapide et ses muscles endure l’effort sans ciller. Elle arrive au pied d’un interminable escalier qu’elle grimpe sans montrer le moindre signe d’affaiblissement jusqu’au milieu, puis arrive enfin tout en haut. Elle s’arrête pour reprendre son souffle et se retourne pour admirer le panorama. La vue est magnifique à cette heure matinale. Le soleil se lève et dévoile la ville endormie. Enfin pas totalement. Quelques badauds se trainent sur les bancs et les employés de la ville nettoient le grand parc qui accueillera d’autres joggers d’ici peu. Soudain un véhicule de la compagnie s’arrête à sa hauteur. Phil Salfino est installé au volant d’un élégant 4x4 et l’accoste avec familiarité.

Phil : Angie ! Quelle coïncidence ! Juste au moment où je rentre d’une boite de nuit branchée, seul pour une fois... (il ignore d’un geste de la main les protestations du caméraman qui se tient côté passager et lui fait signe de se taire). Je vous raccompagne ?

Angie sourit et se redresse : non merci, Phil. Une autre fois ... peut être. Je débute juste l’échauffement et les prochaines semaines s’annoncent particulièrement chargées.

Phil : aww dommage ! Une petite interview alors ?

Angie : j’espère que vous savez courir !

Sans attendre elle reprend sa course et le caméraman a tout juste le temps d’attraper son matériel et de le mettre en route, Phil Salfino est déjà à la poursuite de la jeune femme. L’homme semble entretenir son corps puisqu’il ne peine pas à la rattraper, malgré ses élégantes chaussures de ville et son costume taillé sur mesure. Les passants se retournent sur eux. Certains saluent la jeune lutteuse et la félicite pour sa qualification.

Phil : au fait, je ne vous ai pas demandé comment s’est passé votre soirée avec Bruce Willis... vous avez conclu ? Simple curiosité bien sur !

Angie : Phil, vous savez bien que je n’aime pas votre côté sensationnaliste. N’y a-t-il rien de plus intéressant comme sujet ?

Phil : si, mais le problème c’est que Bruce est un ami personnel.

Angie : tiens donc !

Phil : tout à fait ! Et depuis ce soir là, il me harcèle pour avoir votre numéro de portable, que je n’ai pas d’ailleurs - grave lacune que je me dois de réparer ! – et je me demande si c’est parce que vous vous êtes séparés au beau matin ou bien parce que vous n’avez pris qu’un diner ensemble !

Angie : vous mentez mal Phil. Posez la question à Bruce si vous voulez des réponses.

Elle lui fait un clin d’œil et accélère la cadence. Le journaliste ne se laisse pas distancer, tandis que le caméraman lui n’en peut plus.

Phil : écoutez, c’est un peu normal qu’on se pose la question, vous êtes la seule femme de la SOW !

Angie : faux... il y a aussi Cassandra...

Phil balaye cette hypothèse de la main.

Angie : et Rayne...

Phil fronce les sourcils.

Phil : c’est vrai. Mais Rayne ne lutte pas.

Angie : encore une fois vous avez tord. Rayne lutte dans l’ombre d’Alastor. Sans elle, il n’est rien. Elle est sa voix, sa marionnettiste, sa parolière et sa compagne. Tout pour ainsi dire. L’écouter parler est un supplice mais cela a le mérite de les rendre un peu plus... vivants. Enfin moins morts. Enfin, normaux quoi ! En dehors de ces brèves apparitions, j’imagine qu’ils sont plus habitués des studios de cinéma que des salles d’entraînement. Pour moi ils n’incarnent pas vraiment le rôle de lutteurs mais bien celui d’acteurs. Les voir avec une ceinture serait une supercherie. Il faut à tout prix éviter cela.

Phil : Rayne a pourtant l’air d’insinuer qu’ils sont les seuls dignes d’un titre principal.

Angie : bien sur, tout comme Darkside. Il faut croire que le gothisme rend les gens narcissiques et surtout aveugles. Qu’elle repose ses yeux vides sur la carte du prochain show et elle y verra les noms des plus grands lutteurs, pas seulement à la SOW mais dans d’autres illustres fédérations, tous ces personnages méritent leurs titres et leurs places ici. Quant à la sienne, j’aimerais qu’elle choisisse entre le ring et les coulisses. Qu’elle laisse un peu son petit protégé se débrouiller comme un homme et pas comme un pantin. Ça changera. Tout le monde sera d’accord sur le fait qu’en sa présence les données sont faussées. Alastor va se sentir bien seul face à nous tous.

Phil : surtout qu’il va retrouver Raphael avec qui il est en rivalité depuis un moment...

Angie : j’en suis la première étonnée. Raphael semble avoir du mal à s’en débarrasser. A chaque étape qu’il franchit ici il se retrouve face à lui, je doute qu’il fasse plus de miracle dans un match de ce type, alors que nous serons tous réunis avec ce même but, être le meilleur, et gagner. Raphael est un bon lutteur, mais ce n’est pas le meilleur. Pas en ce moment en tout cas.

Phil : et vous pensez être la meilleure ?

Angie ne répond pas et continue à souffler de façon régulière. La course est soutenue et le caméraman souffle comme un bœuf derrière eux.

Phil : il y aura beaucoup de monde sur le ring, et vous êtes la seule femme. Vous savez qu’on va penser à vous éliminer en premier. Vous écraser dés le début, parce que vous avez montré depuis votre arrivée que vous êtes l’une des plus prometteuses. Mais il reste encore trois autres athlétes à déterminer. Quel est votre pronostic ?

Le sourire d’Angie s’étend sur son visage. Apparemment elle y pense depuis un moment.

Angie : Fred est un bon lutteur, mais il est trop... impulsif, pas assez réfléchi. The Crow est un fantôme et n’a pas encore fait sa place. Des deux je pense que Fred va l’emporter, mais je peux me tromper. Ces deux hommes ont du potentiel même s’ils ne brillent pas comme les autres. Ils sont un peu marginaux dans le système. Et cette manie de chercher des emmerdes à tout le monde de Fred, ça m’énerve au plus haut point. Ça lui passera peut être. Enfin j’espère. Pour Jyrki et Yoo Jin, je n’ai aucune idée du vainqueur, ce sont de très bons athlètes et ils ont tous les deux leurs chances. Notre match a été un des meilleurs de ma carrière, il n’y a pas de grands combats sans grands adversaires. Je pense avoir réussi à le surprendre, j’espère agréablement.

Phil : et pour Sylvain et Edward ?

Angie : j’aime beaucoup Sylvain, j’espère sincèrement que nous allons devenir de bons amis car j’ai beaucoup de respect pour son talent et sa détermination. Il va se donner à fond. Mais il part avec une difficulté, personne n’a jamais vu Edward en action à la SOW, et si on s’en tient à son palmarès extérieur, il est expérimenté et ses paroles me font penser à quelqu’un d’instinctif, d’intelligent. Il a attisé ma curiosité... et j’ai très envie de le retrouver sur un ring, histoire de voir si son charisme et son talent sont à la hauteur de mes espérances...

Phil : mais alors qui des deux va gagner selon vous ?

C’est le moment que choisit Angie pour remettre ses écouteurs sur ses oreilles et piquer un sprint qui plante les deux hommes devant un panneau sur lequel une affiche énorme aux couleurs de la SOW présente sa nouvelle recrue : Edward Blackbuerry . Angie léve la main en passant à côté et le montre du doigt avec un petit sourire coquin.

Phil : et votre numéro alors??? ...

Angie est installée tranquillement dans un petit bistrot concert. Malheureusement pour elle, ce soir, c’est jazz et pas soirée métal comme elle l’avait imaginé. Par le fait, la jeune demoiselle est vraiment déçue, et son humeur s’en ressent. Alors qu’elle termine sa troisième bière, un jeune homme, grand, blond, le regard vitreux s’approche d’elle, l’air confiant et la bouche en cœur. Bref, tout indique qu’il a déjà sa dose d’alcool et que ce breuvage lui a donné l’impression d’être irrésistible. Sauf que ça n’est qu’une impression… Il s’approche, la démarche aussi assurée qu’un soir de tempête, et arrive à sa hauteur. S’accoudant au bar, il relève sa casquette de rappeur et engage la conversation…

Mec bourré : Hey, salut poupée ! On s’est pas déjà vu quelque part ? J’suis sur d’avoir déjà vu ta tête quelque part…. ah mais oui attends, t’es la meuf là… merde j’sais plus ton nom comment qu’s’est déjà… merde ça me revient pas ! Si celle qui dérouille des mecs sur le ring ! Angie !

Angie : …

Mec bourré : hey tu vas avoir un sacré match contre Freddy Energizer, et pis contre Alastor et Rayne… ah Rayne, putain elle est bonnasse celle là… si j’pouvais la pécho… (il mime un mouvement du bassin très explicite)…

Angie : casse toi.

La jeune femme a parlé tout haut avant de finir d’un trait sa bière et de faire signe au serveur d’en remettre une. Puis comme elle voit qu’il ne décampe pas, elle le regarde droit dans les yeux et poursuit d’un ton cinglant.

Angie : t’as pas compris ? Faut que je te remette les idées en place ? J’t’ai dit de me foutre la paix, casse toi.

Mec bourré indigné : ohhhhh hey faut pas le prendre comme ça hein ! c’est pas parce que t’es une gonzesse que j’vais pas t’en foutre une ! Tu t’crois forte parce que tu bosses à la SOW, mais tu vas t’prendre une branlée par les deux autres, c’est des mecs des vrais !

Angie rigole.

Angie : c’est clair, Alastor, c’est un vrai mec, un qui en a ! Tellement qu’il peut pas les emmener partout, et encore moins sur le ring, c’est sa copine qui les porte à sa place. Arrête ton cirque tu veux. J’vais me répéter, mais ce mec a même pas les couilles de parler tout seul, alors franchement …

Mec bourré toujours indigné : tu peux dire toi, ton p’tit copain il s’est pris une belle branlée la dernière fois ! Alors qui c’est le plus fort ?

Angie évite de justesse un énorme postillon et prend une moue écœurée.

Angie : Draven n’est pas mon… petit copain. C’est mon ami. Et pour ta gouverne cette défaite ne signifie rien, ce n’est pas parce qu’il a perdu que je ne pourrais pas vaincre Alastor moi-même. Il y a plusieurs ingrédients à ajouter à notre prochain match, et ça va tout changer.

Mec bourré hautain : parce que tu crois que Freddy va s’allier à toi pour taper sur Alastor ? J’crois plutôt qu’il va s’allier à l’autre moi, y a pas de place pour les gonzesses dans la lutte professionnelle, c’est plutôt à toi de dégager !

Angie serre les poings et se retient de lui écraser sa canette sur la tronche avant de la lui racler sur le visage. ..

Angie : Freddy est un garçon intelligent. Il saura vite s’allier avec quelqu’un qui peut l’aider à atteindre la personne qu’il jalouse le plus ici bas. Draven l’ignore et ça l’énerve au plus haut point, il m’a envoyé plusieurs messages pour lui dire qu’il voulait l’affronter sur le ring et l’écraser dans un match Hardcore. Mais Draven préfère l’ignorer.

Mec bourré : j’étais sur que Draven était une lopette !

Angie : tu sais que j’vais te casser la gueule, sérieux ?

Le mec éclate d’un rire faux et sonore.

Mec : ah ouais ? Fais moi voir ça un peu ? Prouve moi que c’en est pas une alors ? Qu’est ce qu’il a fait d’extraordinaire dans sa carrière ?

Angie, méprisante : rien que le fait de demander prouve que tu es aussi con que bourré. Tu ne vaux pas la peine que je te rafraichisse la mémoire. Je ne sais même pas pourquoi j’te parle.

Mec : parce que j’suis super sexy et que tu meurs d’envie de coucher avec moi ?

Angie termine sa bière d’un trait et s’apprête à la lui casser sur la tête quand une silhouette familière entre dans le bar et s’approche d’eux… Et fracasse une bouteille sur la tête de l'ivrogne, il sort ensuite de l'ombre, il s'agit de Blackbuerry ! Angie en fout une au poivreau avant qu'Ed en fasse de même puis la BabyGirl le termine avec un Twist Of Fate bien mérité.

Edward: Putain, on peut même plus faire un som' sur le parquet sans que des connards te réveillent, j'y crois pas.... Barman, comme d'habitude !

Barman: Ok, 4 Blacks Russian, et pour la p'tite dame?

Angie(vent le plus épic qui soit au Barman): Hum... Merci mais j'aurais pu le faire tout seule, mais pourquoi t'a frappé l'autre mec?

Edward: Je sais pas, ça gueule me revenait pas... Sinon, ça va?

à suivre...

L’image se met en marche dans les couloirs de la SOW, il fait sombre et une équipe de caméramans suit Angie alors qu’elle regagne sa loge. L’allure est très rapide et on ne la voit que de dos. Eve arrive à sa hauteur mais son amie ne semble pas disposée à lui répondre. Elle a l’air contrariée, et Eve commence à la connaître, elle hésite mais doit faire son job...

Eve : Angie, je sais que tu es déçue, mais j’ai besoin que tu répondes à certaines questions...

Angie : ça ne peut pas attendre demain ? ou une petite heure ?

Eve : non, Wilson pense que c’est mieux d’avoir des impressions à chaud, c’est plus réaliste.

Angie : sans doute...

Elle continue à marcher sans rien dire. Eve décide de commencer..

Eve : Tu as fait un beau match ce soir, dans les premiers temps tu as même dominé tes deux adversaires. Si Rayne n’était pas là tu aurais...

Angie la coupe en la fixant briévement, le regard est froid, implacable.

Angie : mais elle est là. Elle est tout le temps là d’ailleurs. J’aimerais bien que Wilson se décide à mettre de l’ordre dans les rôles des managers et de leurs petits protégés! Est-ce que tu vois Draven intervenir à tout bout de champ pour m’éviter une défaite ? Non! Il pourrait le faire, il pourrait même le faire sans que ça me déserve, car nous ne sommes pas officiellement une équipe. Mais il ne le fait pas, il respecte mon travail et il sait que se mêler de ma carrière ne me rendrait pas service. La seule raison qui pousse Rayne à agir ainsi c’est qu’elle n’a pas confiance en lui, elle sait qu’il est incapable de travailler seul et qu’il mettrait à néant toute sa petite entreprise. Au moins je ne dois mes victoires qu’à moi-même, il n’a vraiment pas de quoi se vanter. Ce type est un lâche, je le range dans le même sac que celui qui m’a attaqué il y a quelques semaines.

Eve sent la colère dans la voix de la jeune lutteuse. Une colère contenue, mais vraiment intense. Ses yeux ont pris une couleur qu’elle n’a pratiquement jamais vu, un mélange de gris et de mauve. A mesure qu’elle défait ses bandages autour de ses mains on peut voir les marques dessinées sur sa peau.

Eve : à Blood of Champion tu vas avoir un combat bien plus intense, avec un match de championnat à la clef. Penses tu vraiment pouvoir t’imposer alors que tu viens d’essuyer une défaite ? Est-ce que cela va jouer sur ta détermination, ton moral ?

Angie : à aucun moment. Une défaite n’est pas insurmontable, ce n’est pas la fin du monde. Au contraire, ça permet de relativiser les choses, d’apprendre de ses défaillances. J’aurais surement du être plus méfiante envers Rayne mais tant que je n’ai pas vu les images je ne pourrais pas dire à quel moment j’ai failli, je visualiserai cela plus tard. Dans le feu de l’action on fait parfois de mauvais choix, c’est surement ce qui s’est passé.

Eve : tu as quelque chose à dire sur tes autres adversaires ?

Angie :je me suis déjà exprimée à ce sujet, et je n’aime pas me rabâcher. Ils savent à quoi s’en tenir avec moi, je suis quelqu’un de très tenace, et se prendre une défaite avant un PPV a quelque chose d’encore plus stimulant, c’est comme un heureux présage.

Eve, dubitative : je ne te comprends pas là... tu veux dire qu’une défaite avant un PPV annonce une victoire ?

Angie : pas forcément, je dis simplement que c’est de bon augure. C’est comme une bonne gifle, ça remet les idées en place. Et moi les coups, j’aime bien plus les donner encore que les recevoir. Aussi je vais te laisser, je dois prendre une douche et rejoindre un ami.

Eve, étonnée : tu fréquentes quelqu’un ?

Angie : on fait parfois de drôles de rencontres dans les bars Eve. Tu devrais sortir plus souvent...

Elle décoche un sourire illuminé à son amie avant de refermer la porte de sa loge au nez du caméraman...

La caméra suit Eve qui s’avance timidement dans un grand parking sombre. Le lieu est désert, il n’y a aucune voiture et un silence quasi religieux règne. Il fait terriblement froid et de grandes rafales de vents s’engouffrent dans ses cheveux. Les deux individus se sentent observés, mais ne distinguent aucun mouvement, aucun bruit. La jeune femme regarde sa montre et demande à son acolyte:

Eve: tu es certain que c’est le bon endroit?

Brice: bah, appelle moi con tant qu’t’y es! J’ai relu le sms dix fois. C’est bien là, et nous sommes à l’heure… Angie est en retard!

Eve: ce n’est pas son genre…

Une nouvelle bourrasque de vent lui fait refermer son manteau. Elle hait les parkings à étages, et Angie avait choisi le building le plus élevé de la ville. Instinctivement la journaliste avait eu un mauvais pressentiment. Comme une mauvaise blague. Depuis quelques semaines elle ne reconnaissait plus son amie. Instable, énigmatique, elle ne répondait plus au téléphone sauf pour confirmer un rendez vous. Eve se demandait si ce changement avait un rapport avec la fréquentation du jeune Edward Blackbuerry, dont son amie semblait particulièrement éprise. Mais elle ne lui avait rien confié à ce sujet. D’ailleurs à bien y réfléchir, elle ne savait pas grand-chose d’elle. A part un passé lisse et des études couronnées de succès, son entrée dans cette fédération et les quelques interviews qu’elle lui avait donné, elle ne savait rien d’elle. Mais elle avait toujours été là pour elle, pour essuyer ses larmes et rassurer ses angoisses.

Eve: Angie? Tu es là?

L’écho de sa voix lui répondit. Puis un étrange silence. Le sifflement du vent. Le claquement d’une porte les fit sursauter et ils se tournèrent vers cette direction. Mais il n’y avait toujours personne.

Eve: Angie?

Cette fois pas d’écho. Et à nouveau cette sensation d’être observés…. Eve se retourna vers le bord du toit et vit une silhouette blanche accroupie qui regarde dans leur direction. Elle se lève et saute sur le sol avant de venir les rejoindre. Il s’agit bien d’Angie, vêtue d’un long pantalon blanc, un petit haut légèrement échancré et d’une longue veste en cuir, blanche également. Il émane d’elle une grande force et une sérénité rare. Ses yeux sont d’un gris très clair et son sourire éclaire son beau visage. Pour un peu on dirait… un ange.

Angie: merci d’être venus, suivez moi.

Et sans dire un mot, elle les entraîne derrière elle vers l'ascenseur. Les deux journalistes restent incrédules en sentant la cage grimper plus haut, alors qu’ils devraient se trouver sur le toit du plus haut building de la ville. En sortant, ils découvrent une grande fontaine, entourée par de magnifiques palmiers. Sur le sol, du sable fin et cette impression que la lumière qui brille au dessus d’eux est si naturelle! Au loin on entend les rires des enfants qui jouent, des personnes qui parlent doucement et le bruit des vagues qui s’échouent sur le rivage. Un léger souffle de vent qui leur chatouille les narines, la douceur de l’air qui les détend aussitôt. Sans poser de questions, ils continuent à suivre Angie vers les habitations. Il s’agit plutôt de chalets de tailles moyennes, dont les terrasses sont toutes tournées vers un grand lagon bleu azur. Derrière se trouve une forêt dense et quelques bateaux de pêche glissent sur l’eau. Un paysage de carte postale, et pourtant, ils se trouvent en plein centre ville! Eve chuchote à Brice de la pincer fort, ce qu’il fait sans se faire prier. Mais ils sont toujours là!

Eve: Angie….

La jeune femme pose son index sur ses lèvres et ouvre la porte de ce qui semble être sa maison. L’instant d’après, ils se retrouvent dans un palace immaculé de blanc, sur le sol un carrelage brillant les incite à ôter leurs chaussures, à ce moment ils s’aperçoivent qu’Angie n’en porte pas, et cela depuis un bon moment. Elle enlève sa grande veste et dévoile un dos nu légèrement hâlé, sur lequel on distingue un immense tatouage. Il s’agit d’un livre très ancien, comportant des écritures inconnues. Pour Eve et Brice en tout cas.

Eve: Angie, pourrais tu m’expliquer ce qui se passe? Où sommes nous? Comment est il possible qu’un lieu comme celui-ci existe en plein centre ville? Est-ce que nous sommes en train de rêver???

Angie sourit à ces dernières paroles.

Angie: si cela te rassure alors pense que c’est un rêve. Mais tu ne risques rien ici, Eve. Je veille sur toi. Où que tu sois. Nous sommes là pour veiller sur vous.

Eve: nous?

Angie: oui. Nous. Les anges. Nous sommes à vos côtés quand la vie devient trop dure, quand la souffrance envahit vos cœurs. Quand vous hésitez entre la haine et le pardon. Nous sommes là.

Eve: je ne comprends pas… tu es un ange?

Ange: j’ai cet honneur oui. Je vis parmi vous depuis un bon moment, ma mission est de transmettre l’amour, la compassion, le don de soi… Autrefois je pouvais passer des heures à écouter le chant des dieux, à accompagner les mourants vers la paix de l’âme, à calmer vos craintes et vous redonner la foi. J‘ai ensuite pris conscience que de nombreuses âmes erraient dans les murs de la Sanctuary Of Wrestling. Le très haut m’a chargé d’apaiser leurs souffrances et de les empêcher de nuire à l’extérieur.

Eve: mais comment est-ce possible? Je veux dire, toi tu es une femme certes adorable à la ville mais sur un ring, tu es une adepte du hardcore, tu fais couler le sang, tu brises des os et fais souffrir tes adversaires. Quel est le message de paix dans tout cela?

Angie: oh je suis déçue Eve! Tu sais, les anges ne sont pas tous des êtres doux et compatissants. Pour certains, la mission est plutôt répressive. Quand il n’y a plus que la violence qui peut empêcher un être malfaisant de nuire, alors les anges deviennent guerriers, et rétablissent l’ordre. Pour d’autres, il faut faire preuve de patience et de compassion.

Ève: comme Draven? Il fait partie de ta mission?

Angie fronce les sourcils et se poste devant une immense baie vitrée face à la mer.

Angie: Draven est quelqu’un de particulier. Il y a chez lui une grande force et je ne sais pas si je pourrais faire quelque chose pour lui. Néanmoins on ne peut pas sélectionner seulement les individus que l’on juge « sauvable ». Et je ne sais pas pourquoi, j’ai besoin de lui, comme il a besoin de moi.

Eve: les contraires s’attirent…

Angie: je n’en sais rien. Je dirais simplement qu’il a fait des choses pour moi que personne ici n’aurait eu le cran de faire. Mais je n’oublie pas qu’il reste un être dangereux.

Eve: dangereux et décidé à nuire! Alors comment gérer ta mission?

Angie: écoute, ses adversaires sont souvent les premiers à attaquer, et ils emploient des moyens tout aussi illégaux que lui. Aussi je ne trouve pas qu’il soit injuste de leur montrer à quel point on peut devenir sombre quand on laisse le mal nous envahir. Draven est le reflet de ce qu’ils pourraient devenir s’ils laissaient leurs pires instincts diriger leurs vies. Ils doivent comprendre qu’ils ont encore le choix.

Eve: tu estimes que Draven ne l’a plus?

Angie: je n’en sais rien Eve. J'espère toujours qu'il n'est pas trop tard. Et je serais à ses côtés aussi longtemps qu’il le faudra pour l’aider à reprendre le contrôle et devenir meilleur…

Eve: que penses tu de la victoire de Sylvain?

Angie: Sylvain a mérité cette victoire, il est loyal et passionné par son métier. Je suis fière de lui. J’espère qu’il pourra remporter le titre car il est selon moi un très bon challenger. Justicar est un personnage complexe qui a besoin d’aide par contre, mais je suis trop impliquée pour pouvoir faire quelque chose. Un de mes collègue s’en chargera sûrement bientôt. Freddy doit faire preuve de plus d’altruisme, il est clair que parfois, son besoin de reconnaissance l’incite à marcher sur les autres et je n’apprécie pas cela. Il n’est pas nécessaire de battre Draven ou Verdugo pour paraître meilleur, ces choses là s’affirment avec le temps. Quant à Alastor, son âme est sous l’emprise de Rayne, et cela ne prendra fin que quand cette créature sombrera dans les abîmes. Il faut la repousser et l’empêcher de revenir. Je me suis déjà proposée mais il semble que ma demande n’ait pas été prise en considération.

Eve: et le renvoi de certains lutteurs? Qu’en penses tu ?

Angie: je suis triste pour eux. En tout cas pour Jyrki et son manager je trouve cela injuste. Il a fait de son mieux mais après plusieurs revers, il a craqué. Parfois les actes trahissent un réel sentiment de frustration. Il fallait que cela se termine ainsi, j’espère qu’il aura d’autres opportunités dans d’autres fédérations. En tout cas que sa carrière ne s’arrête pas là.

Eve: et Belzebuth?

Angie: ah Belz… pour lui aucun doute, ce n’est pas un adieu. Je suis sure qu'un jour, on se retrouvera. Il me doit un combat.

Eve: et tous ces nouveaux qui envahissent la SOW?

Angie balaye la question d’un geste de la main en souriant.

Angie: allons Eve! Tu ne veux pas essayer de me faire dire des choses sur des gens que je ne connais que de noms! Enfin certains… Laisse les venir à moi…

Elle garde le silence un moment puis se tourne vers la fenêtre.

Angie: laisse les venir… à nous.

Puis elle vient se positionner entre les deux journalistes et posent ses mains sur leurs épaules, ses yeux gris se ferment…

Quand ils les ouvrent à nouveau, ils sont dans le parking, les lumières sont claires et le vent les saisit de nouveau. Ils se regardent sans rien dire, stupéfaits, et grimpent à nouveau dans l’ascenseur, pour rejoindre l’étage où est stationné leur véhicule. Sur le miroir de la cage, de nombreux graffitis, mais un seul attira leur attention. Un tag d’un blanc immaculé, reproduisant le mot « HOPE ». A côté, un ange qui s’envole… les deux jeunes gens restent un long moment à observer ce magnifique tableau, avant de sortir pour rejoindre leur voiture.

Devant un écran TV gigantesque, Angie écoute le discours de The N., les sourcils froncés et les bras croisés. Surgit alors Brice le caméraman et son amie Eve, qui souhaite avoir ses impressions sur cette déclarations.

Eve : tu as l’air contrariée, c’est lui qui te met dans cet état ?

Angie : quelques petites choses m’irritent au plus haut point…

Entendre que la SOW se meurent car elle engage de nouvelles recrues incapables de battre les anciens, que désormais il n’y a plus aucun suspens à suivre les matchs qu’elle propose… c’est tout simplement aberrant !

Alors que dire de cet élitisme regretté par Monsieur the best of the World, qui ne compte qu’une poignée de légendes, et dont les matchs ont été visionnés déjà tellement de fois qu’ils ne surprennent plus personne ? N’est ce pas là au contraire que se situe cette utopique fin de la SOW en ne diffusant que des matchs attendus, des cartes prévues juste pour faire du chiffre, Verdugo vs Méthodcobra, The N. contre lui-même puisqu’il n’y a personne à ses yeux qui méritent l’immense honneur de fouler le tablier face à lui, Draven vs Pétale, Darkside vs Marvel, j’en oublie mais je ne suis pas loin de la réalité, et oui, soyons honnête, je cite les matchs qui feraient l’affiche et rempliraient des stades à ras bord… Mais même en « shakant » tout ce beau monde, combien de temps avant de lasser le public ?

J’aimerais m’adresser directement à The N. et lui dire à quel point son raisonnement ne tient pas debout : ce qui fait la survie d’une fédération quelle qu’elle soit, c’est l’intelligence des dirigeants à recruter celles et ceux qui seront les futures stars, mélanger les styles et les stipulations pour montrer le meilleur de chacun, anciens comme nouveaux, et non de favoriser les alliances consanguines entre anciens lutteurs. Il n’y a pas de grands matchs sans grands adversaires, et si ton match a paru intéressant au public, c’est bien parce que Liones a su se montrer à la hauteur. Bien sur tous les lutteurs qui viennent de signer ne seront pas de futures légendes, mais tous ont la même rage au ventre, la même passion, certains d’entre eux crèvent déjà l’écran, mais tu ne le vois pas.

Pas la peine de nous jouer toi aussi le coup du sauveur, toi et tous ceux qui pensent être les rédempteurs, si vous aviez réellement le pouvoir de changer les choses qui vous dérangent, ce serait déjà fait depuis longtemps. Peu importe vos méthodes, peu importe votre mépris envers la nouvelle génération, nous parviendrons à vous convaincre que c’est votre pessimisme, votre noirceur qui vous empêchent d’accepter la réalité. Nous sommes en 2012, la SOW vit, elle est à l’aube d’une gigantesque expansion, et c’est la peur de la nouveauté qui régit vos paroles. C’est la peur de l’inconnu, et seulement cela. Vous êtes enfermés dans le passé et refusez de voir que la SOW est une terra nova pour tout le monde, vous pensez être les seuls dignes de fouler ces couloirs, mais il fut un temps où vous étiez à notre place, où vous avez du faire vos preuves et démontrer votre efficacité, votre talent.

Aujourd’hui c’est notre tour, et si Sylvain a été le premier à remporter un combat de cette ampleur, crois moi il n’est pas le dernier, il est un pionnier et beaucoup d’autres viendront démentir tes propos. Et je te souhaite bonne chance, car il t’en faudra pour l’avenir, bien plus qu’à nous.

Elle fait un clin d’œil à la caméra et s’éloigne d’un bon pas.

La caméra croise par hasard Angie, la babygirl, dans un des nombreux couloirs de la SOW. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle a l’air particulièrement remontée. La main sur la matraque accrochée à sa ceinture, longeant ses longues jambes fuselées à peine couverte d’un mini short en jeans, elle porte également un débardeur mettant en valeur sa poitrine généreuse et son ventre musclé. MAIS ! Car il y a un mais, elle est en colère. Le caméraman ne sait pas trop s’il doit l’aborder, en plus il n’y a aucun journaliste officiel dans le coin.... Finalement il se lance, allume sa caméra et s’approche de la jeune femme. Malgré sa mine des mauvais jours, ses yeux gris fixe l’objectif et elle prend le micro qu’il lui tend :


Angie : le temps de la rigolade est terminé. Il fut un temps où j’avais du respect pour mes idoles, où je pensais qu’ils étaient indétrônables, inégalables. Que quoiqu’ils fassent, on pouvait tout leur pardonner, les pires dérives, les pires actes. Cependant je n’imaginais pas que j’aurais un jour à dire le contraire. Aujourd’hui une personne a changé ma vision des choses. Une personne que j’admirais, qui m’a reçu chez elle et qui m’a donné de précieux conseils. Cette personne n’est en fait qu’une hypocrite. Une star tellement imbue de sa personne qu’elle en a totalement oublié d’où elle vient. Et ne croyez pas un instant qu’elle assumera ses actes. Toutes ses agressions n’étaient qu’une façon d’attirer l’attention de Draven, selon elle. J’affirme qu’il s’agit simplement d’un petit jeu pour elle, qu’elle a agi en connaissance de cause, qu’elle ne regrette pas ses actes et y a même pris du plaisir. Comment je peux l’affirmer ? Parce que j’ai senti une présence pendant un long moment après avoir été attaqué ! Elle a admiré son œuvre, comme tout psychopathe admire ses crimes ! Pourquoi ne s’est elle pas dévoilée ensuite ? Pour qu’on parle d’elle pendant un long, très long, trop long moment. Pétale est encore plus égocentrique que n’importe quel lutteur de la SOW, et vous en aurez la preuve vous aussi dans peu de temps. Ce jour, je n’ai plus de respect pour elle, rien. Rien qu’un immense mépris, et je vais m’employer à réduire l’admiration que ses fans lui portent.

Elle allait partir mais elle revient sur la caméra.

Angie : ah et juste pour info, tout ce qui atteint Draven m’atteint également, en s’attaquant à lui Sarah et Filmore se sont mis deux lutteurs made in SOW à dos, et croyez moi ça va les changer de la cour d’école de la RLF. Finies les vacances, maintenant vous allez affronter de vrais athlétes, entrainés aux pires stipulations. Passer à travers de nombreuses tables embrasées une fois dans sa vie ne fait pas de lui un lutteur hardcore, quand je vois qu’il lui a fallu de nombreuses semaines de convalescence, je me dis qu’il ne tiendra pas un mois ici. Quant à sa compagne... suffit de la regarder pour se rendre compte qu’elle n’a pas sa place dans un match d’injection, on pourrait bien abimer sa pretty face de miss néant !

Elle se tait et regarde un moment dans le vague, comme prise d’une vision.

Angie : Bientôt, très bientôt, Draven et moi nous allons régler nos comptes. J’entends déjà les cris et les plaintes, mais rien ne nous arrêtera !

Elle repousse le caméraman et s’en va d’un bon pas.